페이지 이미지
PDF
ePub

executé. On en brûla cinquante-neuf dans les champs AN. 1310. prés l'abbaïe S. Antoine dont aucun n'avoüa les crimes defquels on les accufoit: mais tous foutinrent jufqu'à la fin qu'on les faifoit mourir injustement de quoi le peuple fut extrémement frapé. Un mois aprés l'archevêque de Reims tint à Senlis fon concile vincial, où neuf Templiers furent de même condamnés & brûlés par l'autorité du juge féculier : mais ils fe dédirent à la mort de ce qu'ils avoient confessé auparavant, difant que c'étoit par la crainte des tour

XLI. Suite de l'affaire des

Sap. n. 20.

mens.

pro

Cependant les comiffaires du pape continuoient à Paris leurs procedures touchant les affaires generales Templiers. de l'Ordre Le famedi quatorziéme de Mars 1310. ils Dupui.p.133. firent venir devant eux les Templiers qui avoient dit qu'ils vouloient défendre l'Ordre: puis ils firent lire & expliquer en François leur comiflion & les articles. fur lefquels ils devoient informer : les mêmes en fubftance de l'interrogatoire fait à cent quarante-Templiers en 1307. Enfuite les comiffaires envoïerent au Temple des Notaires, qui fe firent amener les Templiers qui y étoient en prifon au nombre de foixante & quatorze, & leur demanderent s'ils avoient deliberé fur les procureurs qu'ils devoient conftituer. Ils répondirent par la bouche de Pierre de Boulogne prêtre procureur general de l'Ordre, & dirent:

p. 143.

Nous avons un chef fans la permiffion duquel nous ne pouvons faire ce qu'on nous demande, mais nous fommes prêts à comparoître devant les comissaires & à défendre l'ordre comme il sera de raison. Les articles envoïés par le pape qui nous ont été lûs font infâmes, detestables & tres-faux, fabriqués par des im

pofteurs

posteurs nos ennemis. La religion du Temple eft pure AN. 1310. & fans tache, & ceux qui difent le contraire parlent comme des infidéles & des hérétiques. C'est pourquoi nous fomes prêts à la défendre en toutes manieres, & pour cet effet nous demandons la liberté de nos perfones, & que nous puiffions affifter au concile général,ou du moins commettre nos interêts à ceux de nos freres qui iront. Ceux des nôtres qui ont confeffé ces mensonges comme des verités, l'ont fait par la crainte de la mort & des cruels tourmens qu'ils ont foufferts ou vû fouffrir à d'autres : ou ils ont été gagnés par promeffes ou par menaces. C'eft pourquoi leurs dépofitions ne doivent porter aucun préjudice à l'Ordre.

P.

Le même jour qui étoit le mardi feptiéme d'Avril : 145. 1310. huit de ces Templiers comparurent devant les comissaires dans la chapelle de l'évêché, & Pierre de Boulogne au nom de tous, lût un écrit contenant à peu près ce qu'ils avoient dit devant les notaires ; ajoûtant que hors le roïaume de France on ne trouve- p. 148.150. roit aucun Templier qui dît ce dont on les accufoit; & que ces impoftures avoient été forgées par des apoítats chaffés de l'Ordre pour leurs crimes. Un autre des huit Templiers nommé Jean de Montreal lut un écrit en langue vulgaire qui tient plus du Catalan

que du François & contient en fubftance les mêmes défenses. Les commiffaires répondirent: Ce n'eft pas nous qui vous avons fait prendre ni faifir vos biens: vous êtes prifoniers du pape & vos biens font en fa main, c'eft pourquoi nous ne pouvons vous les rendre ni vous mettre en liberté. Ils leur répondirent auffi fur l'allégation de leurs privileges & les autres Tome XIX.

Z

P. 151.

P. 154.

AN. 1310.

P. 155.

nullités propofées contre la procedure.

Le famedi avant le dimanche des Rameaux onziéme d'Avril 1310. les commiffaires affemblés dans la même chapelle de l'évêché, fe firent amener quatre des huit Templiers qui avoient paru devant eux le mardi précédent & en leur préfence prirent le ferment de vingt-quatre-témoins, dont vingt étoient de l'Ordre & quatre féculiers, puis ils reçurent leurs dépofitions. Le premier nomé Raoul de Prelles du diocefe de Laon, avocat en la cour du roi, âgé de quarante ans ou environ dit: Du temps que je demeurois à Laon le prieur du Temple de la même ville nomé frere Gervais de Beauvais avec lequel j'étois fort familier,me dit souvent devant plufieurs perfones, c'està-dire plus de cent fois en cinq ou fix ans avant la prife des Templiers, que dans leur Ordre il y avoit un point fi merveilleux & dont on recomandoit tellement le fecret, qu'il aimeroit autant perdre la tête que le découvrir, fi on pouvoit favoir que ce fût lui. Il me dit auffi que dans leur chapitre général il y avoit un point fi fecret, que fi par malheur je le voïois ou quelqu'autre, fut-ce le roi de France, ils le tuëroient. s'ils pouvoient. Il m'a dit plufieurs fois qu'il avoit un petit livre des statuts de l'Ordre qu'il montroit volontiers: mais qu'il en avoit un autre qu'il ne montreroit pas pour tout l'or du monde. Il me pria de lui procurer l'entrée au chapitre général, ne doutant point qu'enfuite il ne devint bien-tôt grand maître. Je lui procurai en effet cette entrée & je le vis en grande autorité auprés des principaux de l'Ordre, comme il me l'avoit prédit. Il me dit encore qu'il n'avoit jamais oüi parler de prison fi affreuse que celles de l'Ordre;&

que qui refiftoit à quelque commandement des fupe- AN. 1310. rieurs y étoit enfermé jusqu'à la mort.

Le dimanche dixiéme de Mai 1310. les commiffaires aïant apris que les quatre deputés des Templiers vouloient venir en leur prefence, s'affemblerent dans la chapelle & Pierre de Boulogne parlant pour tous dit: Nous avons oui dire & nous avons fujet de craindre qu'il ne foit vrai, que le feigneur archevêque de Sens avec fes fuffragans, dans leur concile provincial, veulent demain proceder contre plufieurs de nos freres, qui se sont offerts pour la défense de l'Ordre: ce. qui les obligeroit neceffairement à s'en defifter. C'est pourquoi nous avons dressé un acte d'apel que nous voulons lire devant vous. L'archevêque de Narbone président de la comiflion lui dit : Votre apel ne nous regarde point, & nous n'avons pas fujet de nous en mêler, puifque ce n'eft pas de nous que vous apellés : mais fi vous aves quelque chofe à dire pour la défenfe de votre Ordre, nous l'écouterons volontiers.

Pierre de Boulogne ne laiffa pas de leur presenter l'acte par lequel ils appelloient au pape de tout ce que pouroit faire contr'eux l'archevêque de Sens & fon concile; & prioient les commiffaires de lui mander qu'il ne fit rien contre les Templiers pendant le cours de leur commiffion. On fit revenir le foir les quatre deputés & les commiffaires leur dirent; L'affaire dont l'archevêque de Sens & fes fuffragans traitent dans leur concile eft entierement feparée de la nôtre, & nous ne favons ce qui s'y paffe. Comme nous fommes commis par le pape pour l'affaire qu'il nous a confiée, les prélats du concile de Sens font auffi lui commis pour les affaires qu'ils traitent, & nous

par

p. 865.

p. 169.

[blocks in formation]

n'avons aucun pouvoir fur cux.

En Caftille le pape Clement commit pour informer contre les Templiers les archevêques de Tolede & de Compoftele avec quelques autres prélats & l'inquifiteur Aimeric de l'ordre des freres Prêcheurs, plus ancien que celui dont nous avons le directoire. En Arragon la commiflion fut adreffée à Raimond évêque de Valence & à Chimene de Saragoce, & de même aux autres provinces d'Efpagne. Les Templiers d'Arragon prirent les armes pour fe défendre dans leurs châteaux. La pluspart se fortifierent à Monçon, où les troupes du roi les attaquerent & les prirent. En Caftille Gonfalve archevêque de Tolede decerna le quinzième d'Avril 1310. fa citation contre le grand commandeur Rodrigue Ibañez & les autres Templiers, & le roi les fit tous prendre & faifir leurs biens en la main des évêques. On assembla un concile à Salamanque où se trouverent Rodrigue archevêque de Compostelle, Jeanévêque de Lisbone, Vafco de la Garde, Gonfalve de Zamora, Pierre d'Avila, Alfonfe de Ciutad-Rodrigue, Dominique de Placentia, Rodrigue de Mondoñedo, Alfonfe d'Aftorga, Jean de Tui & Jean de Lugo: dix évêques en tout. Aprés avoir informé contre les prifoniers & reçu leurs confeflions, ils furent mis en liberté de l'avis de tous les prélats, renvoïant toutefois au pape la décifion de l'affaire.

Durant toutes ces procedures le pape voïant que la caufe des Templiers n'étoit pas encore affés examinée pour être jugée au mois d'Octobre de cette année 1310. où il avoit indiqué le concile de Viene: en prorogea le terme jufqu'au premier d'Octobre de l'année

[ocr errors]
« 이전계속 »