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AN. 1310.

76. 4.

n. 7.

XLIII.

Spirituels que le pape avoit apellés craignirent d'être cependant maltraités par les fuperieurs de l'Ordre: c'eft pourquoi le pape dona une bulle provifionelle par laquelle il les exempte au nombre de huit qu'il nomme, de l'obéissance & de la jurisdiction du général & des fupérieurs pendant le cours de l'affaire. Il défend auffi d'inquiéter ceux qui en diverfes provinces adhérent à ces huit: aufquels il ne veut point que la pourfuite de cette affaire nuife en aucune maniere. La bulle eft datée d'Avignon le quatorziéme d'Avril 1310. & l'affaire demeura en cet état pendant deux ans, jufqu'au concile de Viene. Cependant frere Ubertin de Cafal, le plus ardent de tous les Spirituels,

contre la me

niface.

dona aux commiffaires un memoire contenant trentecinq chefs de tranfgreffion, vingt-cinq contre la regle & dix contre la déclaration de Nicolas III. à quoi Les freres de la Comunauté répondirent par un grand écrit. Les Spirituels de la province de Toscane furent les plus emportés : ils fe féparerent du corps de l'Ordre de leur feule autorité & fe donerent un général & des fupérieurs : mais cette révolte fut défaprouvée en cour de Rome, & aliéna des Spirituels ceux qui leur étoient auparavant favorables.

Cependant le roi Philipe le Bel pourfuivoit toûjours Procedures la condamnation de la memoire de Boniface VIII.fur moire de Bo- quoi dés l'année précédente le pape Clement dona une bulle où il dit: Au comencement de notre pontificat, lorfque nous étions à Lion & enfuite à Poitiers, le roi Philipe, les comtes Louis d'Evreux, Gui de S. Paul & Jean de Dreux, avec Guillaume du Pleffis chevalier, nous demanderent inftament de recevoir les preuves qu'ils prétendoient avoir que le pape Boniface VIII.

Dit p. 368.

Rain. 1309,

n. 4.

notre prédéceffeur étoit mort dans l'héréfie. Nous AN. 1310. ne pouvions croire que cette accufation fût bien fondée, fachant qu'il étoit né de parens catholiques & dans un païs qui l'étoit : qu'il a été nourri dans la cour de Rome & y a paffé la plus grande partie de sa vie : qu'il a accompagné le pape Martin & le pape Adrien dans leurs légations de France & d'Angleterre, & a tenu fous eux la chancellerie. Il avoit exercé en cour de Rome les fonctions d'avocat : il y a été fait notaire, puis élevé à la dignité de cardinal,& enfin étant pape il a publié plusieurs conftitutions pour la gloire de Dieu, l'affermiffement de la foi & la deftruction des hérétiques. Toutefois parce que le crime d'hérésie eft le plus détestable & le plus dangereux de tous: nous n'avons pas cru devoir diffimuler cette accufation, ni la laisser fans examen, particulierement dans l'église Romaine mere & maîtreffe de tous les fidéles, qui reçoivent d'elle la doctrine & la regle de la religion.

C'eft pourquoi étant encore à Poitiers, nous avons réfolu, de l'avis de nos freres, de doner audiance aux accufateurs deBoniface,& nous leur avons affigné terme pour comparoître devant nous à Avignon le premier jour plaidoïable aprés la Purification de la Vierge,alors prochaine & maintenant paffée : mais n'aïant pû nous trouver pour lors au lieu marqué,tant à cause des affaires qui nous font furvenues, que de la mauvaife faifon & de la difficulté des chemins: nous citons par ces préfentes les mêmes perfones qui croiront avoir interêt en cette affaire pour accufer ou pour défendre, au premier jour aprés le fecond dimanche de carême. La bulle eft datée du treiziéme de Sep

AN. 1310.

P. 370.

tembre 1309. à Avignon chez les freres Prêcheurs, dans la sale basse où le pape tenoit les confistoires pu

blics.

En éxécution de cette bulle les parties fe rendirent à Avignon, & y comparurent devant le pape en plein Differ.p.367. confiftoire au jour précis qui avoit été marqué favoir le feiziéme de Mars 1310. qui étoit le lundi de la seconde semaine de carême. Les accufateurs étoient quatre chevaliers, Guillaume de Nogaret, Guillaume du Pleffis, Pierre de Gaillard & Pierre de Blanasque, accompagnés d'un clerc nomé maître Alain de Cambale, & tous les cinq fe qualifioient envoïés du roi de France. Les défenfeurs de la memoire de Boniface étoient au nombre de douze, à la tête defquels étoit maître Jaques de Modene, qui parla au nom de tous. Le pape fit premierement lire la bulle du treiziéme de Septembre qui vient d'être raportée : puis Guillaume de Nogaret fit une longue remontrance qu'il offrit de doner par écrit. Jaques de Modene fit des protestations au contraire, foutenant que les parties adverses ne devoient point être reçues à accufer la mémoire de Boniface: fur quoi le pape ordona que depart & d'autre ils doneroient leurs prétenfions par écrit ; & leur affigna les deux vendredis fuivants, pour continuer à proceder devant lui.

Le vendredi vingtiéme de Mars deux cardinaux commis par le pape ordonerent aux quatre notaires qu'il avoit només pour rédiger le procés, de recevoir tout ce que les parties voudroient produire. Les accuSup. liv.xc. fateurs produifirent la requête prefentée au roi le douze de Mars 1303. contenant l'accufation formelle contre Boniface. Puis ils donerent un autre écrit où ils

P. 372.

ข. IX.

Differ. p. 56.

P. 373.

difoient entre autres chofes, que des témoins qui AN. 1310.
pouvoient dépofer contre Boniface, plufieurs pou-
roient manquer étant vieux & valetudinaires. C'est
pourquoi, ajoûtoient-ils,nous fuplions inftament que
ces témoins foient reçus fans délai.De plus nous décla-
rons que plufieurs cardinaux nous font fufpects com-
me étant intereffés à cette affaire, & aïant fait tous
leurs efforts pour en empêcher la pourfuite: c'eft pour-
quoi nous les récufons & nous en donerons les noms
à votre fainteté, fi elle le juge neceffaire.

P. 574.

P.391.

P. 404.

Le vendredi fuivant vingt-feptiéme de Mars 1310. P. 387. 388. en consistoire public, les accufateurs nommerent les cardinaux fufpects au nombre de huit. Le mécredi premier d'Avril ils donerent les noms des témoins qu'ils vouloient produire.Le vendredi dixiéme le pape aprés avoir oui les proteftations refpectives des parties, déclara qu'aïant reçu les noms des témoins, il procederoit en cette affaire felon la juftice, & continua l'affignation au lendemain, auquel jour il la remit aprés Pâque, qui cette année 1310. étoit le dixneuvième d'Avril. Il donna donc pour terme aux parties le premier jour plaidoïable aprés quafimodo: ordonant que cependant on leur doneroit copie de toutes les procedures produites de part & d'autre. Mais P 406. le famedi d'aprés Pâque vingt-cinquiéme d'Avril le pape prorogea ce terme jufqu'à quinze jours; & le huitiéme de Mai il le prorogea encore jusqu'au lundi onzième, puis pour une indifpofition qui lui furvint

il remit au mécredi.

Ce jour qui étoit le treiziéme de Mai le pape en confiftoire public, les parties préfentes, dit: J'ai oui dire autrefois que quelques docteurs étoient d'opinion

A a iij.

P. 408.

P. 409.

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qu'un excomunié étoit réputé abfous par la feule fa

AN. 1310. lutation du pape, ou quand il lui avoit parlé sciem

p. 410.

P. 411.

1. 37.

ment: mais je n'ai jamais crû cette opinion veritable, à moins qu'il ne fût conftant d'ailleurs que l'intention du pape eût été d'abfoudre l'excomunié. C'est pourquoi je déclare qu'en cette affaire ni en aucune autre, je n'ai jamais prétendu abfoudre aucun excomunié en l'écoutant, lui parlant, ou comuniquant avec lui en quelque maniere que ce foit. Il ajoûta que comme l'affaire étoit importante & difficile, que les chaleurs aprochoient, & que lui & les cardinaux avoient befoin de prendre quelques précautions pour leur fanté, il donoit terme aux parties jufques au premier jour plaidoïable du mois d'Août: offrant cependant de recevoir les noms des témoins, qui pouvoient déperir. Alors Guillaume de Nogaret pria le pape de l'abfoudre à cautele des cenfures qu'il pouvoit avoir encouruës, mais le pape dit qu'il en faloit délibe

rer.

Cependant le pape nomma des commiffaires pour entendre les témoins dont l'examen preffoit. Ces comRain. 1310. miffaires furent Ifarn archevêque de Thebes vicaire du pape à Rome, Jaques évêque d'Avignon depuis pape Jean XXII. Altegrude évêque de Vienne, Bertrand abbé de Montauban, Vital Dufour frere Mineur, docteur en théologie & Grimier de Bergame laïque, avocat en cour de Rome. Le pape leur ordone de se transporter à Rome, en Lombardie, en Toscane,en Campanie & aux environs pour examiner les témoins vieux, valetudinaires ou prêts à s'absenter pour long-temps, & tenir leurs dépofitions secrétes. La comiffion eft du vingt-huitiéme de Juin 1310.

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