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fouffrir, quelque mal qui nous en dût arriver.
Premierement, il prétend que le roi eft son sujet
quant au temporel, & le doit tenir de lui: au lieu que
le roi & tous les François ont toûjours dit,que pour le
temporel, le roïaume ne releve que de Dieu feul. De-
plus il a fait apeller les prélats & les docteurs du roïau-
me pour reformer les abus qu'il lui plaît de dire que le
roi & fes officiers commettent au préjudice du clergé,
de nous & de tout le peuple: quoique ni eux ni nous
ne demandions ni réforme ni correction fur ces ma-
tieres que par l'autorité du roi. Les feigneurs conti-
nuent en faisant contre le pape les mêmes plaintes
que le roi avoit fait propofer dans l'affemblée, puis
ils ajoûtent: Nous difons avec une extrême douleur,
que de tels excés ne peuvent plaire à aucun homme de
bonne volonté, que jamais ils ne font venus en pen-
fée à perfone, & qu'on ne les a pû attendre que pour
temps
de l'Antechrift. Et quoique celui-ci dife qu'il
agit ainfi par votre confeil, nous ne pouvons croire
que vous confentiez à de telles nouveautés, ni à de fi
folles entreprises. C'eft pourquoi nous vous prions d'y
apporter tel remede que l'union entre l'églife & le
roïaume foit maintenue, & que l'on puiffe utilement
s'appliquer au faint voïage d'outre-mer & aux autres
bonnes œuvres. Faites-nous favoir votre intention
par ce porteur que nous vous envoïons exprès; &
foïez perfuadés que ni pour la vie ni
vie ni pour la mort
nous ne nous départirons de cette poursuite, quand
même le roi y confentiroit. La lettre portoit les fceaux
de trente & un feigneurs qui y font nommés, & dont
les premiers font, Louis comte d'Evreux, troifiéme fils
du roiPhilipe leHardi, Robert comte d'Artois, Robert

le

AN. 1302.

p. 61.

P. 62.

AN. 1302.

X.

Hongrie.
Rain. 1301.

พ. 4·

duc de Bourgogne, Jean duc de Bretagne, & Ferri duc de Loraine.

Cependant le pape Boniface continuoit ses pourAffaire de fuites pour établir roi de Hongrie le jeune Charobert c'est-à-dire Charles Robert petit fils de Charles le Boiteux roi de Naples. Dés l'année précedente le pape envoïa legat en Hongrie Nicolas de Trevise cardinal évêque d'Oftie de l'ordre des freres Prêcheurs, étendant fa legation aux pais voifins, la Pologne, la Dalmatie, la Croatie, la Servie. Le fujet de la legation Sup. liv. étoit de pacifier la Hongrie divifée entre le parti de xxxix.n.14. Charles & celui d'André le Venitien, & pour donner

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pa

plus d'autorité au legat, le pape lui permet de porter mais en Hongrie feulement, les mêmes marques qui diftinguoient les legats à lateré qui paffoient la mer & par lesquelles ils répresentoient la personne du pe. La commiffion eft du treiziéme de Mai 1301. & par une lettre à tout le clergé du païs, il leur ordonne Rain. n. 6. de donner au legat & à fa fuite tous les fecours neceffaires, nonn-feulement pour la fûreté des chemins, mais pour les voitures & la fubfiftance.

J. Thuroz. 6.83.84.

Ranzan. p.

240

Le roi André le Venitien mourut peu de temps aprés; & alors les feigneurs Hongrois qui tenoient fon parti envoïerent en Bohême au mois de Juillet 1301. prier le roi Venceslas de prendre poffeffion du roïaunie de Hongrie : de peur, difoient-ils, que nous ne perdions notre liberté en recevant un roi de la main de l'église. Or ils s'adreffoient à Venceflas, parce que par la mere il étoit fils d'Anne fille de Bela IV. roi de Hongrie. Venceslas qui étoit fort avancé en âge ne voulut point quitter fon roïaume, & déclara qu'il cedoit tout fon droit fur la Hongrie à fon fils nommé Venceflas com

me lui. Les Hongrois emmenerent donc ce jeune prin- AN. 1302. ce qu'ils nommerent Ladiflas & le couronnerent roi à Albe roïale. Ce fut Jean archevêque de Colocza qui en fit la ceremonie, parce que le fiége de Strigonie étoit vacant; & il fut affifté de fix évêques, André d'Agria, Emeric de Varadin, Haab de Vacia, Antoine de Chaunad, Nicolas de Bofnic & Jacques de Sepufe.

fon

Rain. 1301.

Le pape Boniface aïant apris ce couronnement le trouva fort mauvais & en écrivit en ces termes à l'é- n. 7. vêque d'Oftie fon légat: Le pontife Romain établi de Dieu fur les rois & les roïaumes, fouverain chef de la hierarchie dans l'églife militante & tenant le premier rang fur tous les mortels, juge tranquillement Prov. xx. 8. de deffus fon trône & diffipe tous les maux par regard. Et enfuite: Aprés votre départ nous avons appris que l'archevêque de Colocza accompagné de quelques évêques, prélats & barons, eft venu à ce point d'audace ou plûtôt de folie, de couronner roi de Hongrie Venceflas fils du roi de Bohême, fans attendre votre arrivée dans le roïaume où vous alliez entrer; & il n'a pas confideré que cette fonction appartenoit à l'archevêque de Strigonie, que Venceslas n'a aucun droit que nous fachions fur ce roïaume, & qu'au moins dans le doute il devoit nous confulter, ou vous qui nous reprefentiés dans le païs. Et enfuite: Vous devés encore favoir que S. Etiene premier roi Chrétien de Hongrie offrit & donna ce roïaume à l'églife Romaine, & ne voulut pas en prendre la couronne de fon autorité, mais la recevoir du vicaire de J. C. fachant que perfone ne doit s'attribuer l'honneur s'il n'eft appellé de Dieu. Le pape conclut en ordonnant Heb. v.

Sup. liv. vili. n. 8.

Thurocz. c.

84.

Rain. 1301.

N. 10.

Hist. Auft. an. 1302.

2. 20.

au legat de citer l'archevêque de Colocza à comparoftre dans quatre mois en cour de Rome, fous peine de privation de fon archevêché. La lettre eft du dix-feptiéme d'Octobre 1301. mais l'archevêque mourut peu aprés le couronnement de Venceslas. En cette lettre le pape abufe de deux paffages de l'écriture, s'attribuant ce qui eft dit dans les proverbes de l'autorité roïale, & appliquant aux rois ce que S. Paul dit de la vocation au facerdoce. En même-temps Boniface écrivoit à Venceflas roi de Bohême une lettre qui finit en disant : Si vous ou votre fils avez quelque droit fur la Hongrie ou fur d'autres provinces, & que vous les pourfuivies devant nous, nous sommes difpofés à vous les conferver en leur entier.

Le cardinal legat évêque d'Oftie étant arrivé en Hongrie, assembla tous les prélats du roïaume, & fit tous les efforts pour y rétablir la paix: mais voyant qu'il n'avançoit rien, il fortit de Hongrie & revint à Vienne en Autriche, d'où il envoïa au pape pour l'informer de fa negociation: c'étoit en 1302. Cependant Rain. 1302. le roi de Bohême Venceflas fit réponse au pape & envoïa fa lettre par un chanoine de Prague docteur en decret. Il foutenoit que fon fils avoit été legitimement élû roi de Hongrie & prioit le pape de lui être favorable. Le pape lui répliqua: Le trône apoftolique est établi de Dieu fur les rois & les roïaumes, pour rendre à chacun ce qui lui apartient. Or Marie reine de Sicile foutient que le roïaume de Hongrie apartient à elle & à Charles fon petit fils : c'cft pourquoi nous ne pouvons vous accorder votre demande fans lui porter préjudice: mais pour rendre juftice à tout le monde, nous nous propofons de vous faire citer devant nous,

M. 21.

vous, cette reine, fon petit fils, & tous les autres qui AN. 1302.

croyent y avoir interêt.

7.22

Venceslas dans fa lettre, outre le titre de roi de Bohême, prenoit auffi celui de roi de Pologne. Le pape Boniface lui en fait de grands reproches, supofant comme notoire que la Pologne apartient au faint fiége; & traitant cette entreprise de crime d'état. C'est pourquoi, ajoûte-t'il, nous vous défendons étroitement fous les peines fpirituelles & temporelles que nous voudrons vous impofer, de prendre davantage le nom & le seau de roi de Pologne, ou d'en faire aucune fonction. Mais nous offrons de vous conferver les droits que vous pouvés avoir fur ce roïaume, en les prouvant legitimement devant nous. La lettre eft du dixiéme de Juin 1302. En execution de l'ordre du pape, les prétendans au roïaume de Hongrie furent cités Hift. Auftr. par le legat Nicolas évêque d'Oftie: mais le pape ne donna fa fentence que l'année suivante.

XI.

Demiffion

6. 27.

L'églife Greque étoit toûjours en trouble & l'empereur Andronic travailloit inutilement à la pacifier. de Jean pa Hilarion évêque de Selivrée dit en fecret à l'empereur triarche de un crime dont on chargeoit le patriarche Jean Cofme: CP. Pachym.l.x. non qu'il l'eût vû commettre, mais il difoit l'avoir apris de celui qui l'avoit vû. Or ce premier délateur êtoit mort & connu d'ailleurs pour un calomniateur : auffi l'évêque témoignoit ne pas croire cette accufation, qui en effet étoit incroyable & hors de la vraifemblance. L'empereur la jugeant importante en fut affligé; & bien qu'il n'y ajoûtât pas de foi, il crut en devoir garder le fecret tant pour l'indecence de la chofe, que pour la fausseté.

Cependant les évêques preffoient le patriarche de

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Sup. liv.

LXXXVIII..

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