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dans une ville prise, ils affiegerent la porte du con- AN. 1314.

clave en criant: Meurent les cardinaux Italiens. Nous voulons un pape, nous voulons un pape. D'autres Gafcons & d'autres cavaliers armés fe jetterent dans la place du conclave & environerent le palais criant de même. En cette extrêmité nous cardinaux Italiens, craignant une mort fi honteuse & fi cruelle, & ne pouvant fortir publiquement, nous fimes une petite ouverture à la muraille de derriere du palais & fortant féparément de Carpentras nous nous retirames en divers lieux, non fans peril de notre vie; & par la miféricorde de Dieu nous fommes arrivés en terres d'amis.

Confiderés donc qu'il n'a pas tenu aux Gascons de répandre le fang des principaux membres de l'églife Romaine, qui les a nouris, enrichis & comblés d'honeurs ; & de la charger de confufion & l'expofer à la rifée des infideles. Au refte nonobftant tout ce que nous avons foufert, nous ne cherchons que la paix & l'unité de l'églife & nous faifons tous nos efforts pour la procurer. Que fi, ce qu'à Dieu ne plaife, l'affaire venoit à une rupture: nous nous affurons fur votre zele que vous combatriés avec nous pour la justice; & que vous & les autres bons catholiques affifteriés l'églife en ce befoin. La lettre eft datée de Valence le huitiéme de Septembre 1314.

P. 289.

Un de ces cardinaux Italiens favoir Napoleon des Utfins écrivit au roi Philipe le Bei fur le même sujet une lettre où il dit : Nous avions pris les précautions poffibles dans l'élection du pape défunt, croiant avoir Sap. liv. xc. procuré un grand avantage à vous & à votre roïaume: ". 49. mais nous avons été fort trompés, & fi on examine bien fa conduite il a penfé nous jetter dans le précipice.

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AN. 1314..

Sous fon Pontificat la ville de Rome eft tombée en ruine: le patrimoine de S. Pierre a efté pillé & l'est encore par des voleurs, plûtôt que des gouverneurs. Toute l'Italie eft negligée, comme fi elle n'étoit pas du corps de l'églife, & elle eft pleine de féditions. Il n'est prefque pas refté de cathedrale ou de benefice un peu confiderable qui ne foit vendu à prix d'argent ou doné fuivant l'inclination de la chair & du fang. Ce pape nous a traités avec le dernier mépris nous autres Italiens qui l'avions fait pape. Souvent aprés avoir caffé fans forme de droit, des élections unanimes de perfones de merite, il nous apelloit quand il vouloit publier sa sentence, comme pour nous faire dépit. J'aime mieux toutefois qu'il ait fait ces injustices fans notre participation. Quelles mortelles douleurs fouffrionsnous en voyant cette conduite: moi principalement à qui mes amis reprochoient fans ceffe d'avoir été caufe de ce mal? Dieu a eu compaffion de nous : car le pape Clement vouloit réduire l'église à un coin de la Gafcogne, & nous favons certainement qu'il avoit formé des deffeins dont l'exécution l'auroit perdu lui & l'églife.

Ne doutés point, Sire, que tout le monde n'ait les yeux ouverts en cette occafion, & ne soit prêt à témoigner fon mécontentement, s'il arrivoit ce qu'à Dieu ne plaife, que le fucceffeur fût femblable. Certainement ce ne fut jamais mon intention de transférer de Rome le S. fiége, ni de rendre déferts les fanctuaires des apôtres. C'eft pourquoy nous autres cardinaux Italiens souhaitons un pape de fainte vie & qui avec les autres qualitez néceffaires foit affectioné à vous & à votre roïaume: qui s'aplique à l'affaire de la

terre fainte que vous avés entreprise, & s'y aplique,non AN. 1314. par des difcours trompeurs, mais efficacement: qui réforme les abus, baniffe la fimonie, qui a eu cours jusqu'à prefent; & n'enrichiffe pas fes parens des dépouilles de l'églife. Pour cet effet nous avons tourné nos pensées fur le cardinal Guillaume de Mandagot évêque de Palestrine auparavant archevêque d'Aix. Nous l'avons nommé d'abord croiant que les Gafcons l'accepteroient aussi-tôt ; & nous avons été fur-. pris de leur refiftance, dont nous ne pouvons trouver la cause. Il conclut en conjurant le roi de procurer avec eux l'élection d'un bon pape; & lui demande le fecret à l'égard des cardinaux créés par le défunt.

Le roi Philipe de fon côté écrivit à deux des principaux cardinaux François Berenger de Fredole évêque de Tufculun & Arnaud de Pelegrue du titre de fainte Marie au Portique. Nous avons apris depuis peu, leur dit-il, par le bruit public votre fortie du conclave, & nous en avons été fenfiblement affligé, à caufe des perils & des fcandales qui peuvent en être les fuites. Pour y obvier nous vous avons écrit déslors par des couriers exprés, vous priant & vous exhortantà vous assembler avec les autres cardinaux en un autre lieu convenable dans notre roïaume ou ailleurs, où vous puiffiez joüir de la fureté & de la liberté entiere: afin de pourvoir au plûtôt à l'églife d'un pasteur que le demande le befoin qu'elle en a & le pitoïa

tel

ble état de la terre fainte.

Nous avons enfuite reçu vos lettres & celles des cardinaux Italiens, & aprés les avoir lûës & écouté vos envoiés nous avons fait examiner l'affaire par quelques-uns de nos confeillers favans dans l'un & l'autre

P. 293.

AN. 1314.

XIII. Concile de

Sens.

droit & par d'autres habiles gens; & nous avons fait tenir à Paris & ailleurs des conférences fur ce fujet en notre préfence.

Ceux que nous avons confultés ont jugé d'abord que les villes d'Avignon & de Carpentras font juftement fufpectes aux cardinaux Italiens, & que la ville de Lion qu'ils offrent entre plufieurs autres eft un lieu comode & convenable pour l'élection dont il s'agit: qu'il n'y a aucune violence à craindre, qu'on y fera en toute fureté & liberté : enfin qu'on n'a aucune cause de la refuser. Ils ont auffi jugé raisonable l'autre voie que propofent les Italiens que le lieu de l'élection foit choifi par un des vôtres & par un d'entre eux avec le cardinal Nicolas de Freauville, qui en eft d'accord comme nous. Par là les Italiens rendent leur cause favorable & vous mettent dans votre tort, Car fi au mepris de leurs remontrances vous procediés à l'élection en leur absence à Avignon ou à Carpentras ils ont refolu de faire une autre élection de leur côté; & nous vous laiffons à penser quels perils & quels fcandales s'enfuivroient de ces élections. Car plufieurs perfones fages foûtienent qu'en ce cas nous ne pourions en conscience reconoître pour pape aucun des deux élus, ni permettre qu'on lui rendît obédience; & on croit que les autres princes Chrêtiens en uferoient de même, jufques à ce que l'élection fut approuvée par un concile. C'eft pourquoi nous vous exhortons & vous conjurons de prévenir de fi grands maux en vous affemblant à Lion & pourvoïant promptement au befoin de l'églife.

:

Philipe de Marigny frere d'Enguerand comte de Longueville favori du roi Philipe le Bel, étoit arche

to. XI. conc. 1602.

P.

art. 5.

vêque de Sens depuis le mois d'Avril 1310. Cette année AN. 1314. 1314. il tint à Paris un concile provincial qui comença le mardi avant la tranflation de S. Nicolas,c'eft-à-dire le feptiéme de Mai, & continua les jours fuivans. On y fit un decret de trois articles qui porte en substance. A la follicitation du concile. nous ordonons que les curés de notre province admonefteront & requereront ceux qui retienent des clercs dans l'étendue de leurs paroiffes de les rendre inceffament à leurs ordinaires. S'ils ne le font fans délai; les curés les dénonceront excomuniés avec ordre à tous de les éviter, jufqu'à ce qu'ils aïent reçu l'abfolution des ordinaires des lieux. Les citations générales de tous ceux qui feront indiqués par le porteur n'ont point lieu dans notre province; & on n'en accordera point à l'avenir. Perfone ne fera cité pour avoir participé avec les excomuniés fans monition précedente; & l'impetrant fera tenu de jurer qu'il croit que fa partie a participé fciemment avec des excomuniés dans des cas non permis par le droit. Voilà les affaires dont s'occupoient alors les conciles.

4. 2.

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XIV.

Concile de

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La même année & le dixième d'Octobre Rainald archevêque de Ravenne tint fon troifiéme concile Ravenne. au bourg d'Argenta où affifterent les évêques d'Imo- to. la, de Comachio, de Forlimpopoli, de Faenza, de 1604.1617. Cefenç & de Cervia fix en tout: avec les députés des évêques de Boulogne, d'Adria & de Regio, & du chapitre de Modene dont le fiége étoit vacant. Ce concile fit un reglement en vingt articles, où voici ce qui me paroît de plus remarquable. Défense d'ordoner évêque aucun étranger ou inconu ni même ceux qui font connus dans la province fans la permiffion de

P. 3.

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