XXV.

France, &c.

Le roi Philipe le Long fut facré à Reims le di- AN. 1317. manche aprés les Rois neuviéme de Janvier 1317. Il n'avoit que vingt-trois ans & le pape Jean lui écrivit Avis du pape une lettre pleine de confeils paternels où il dit: Nous aux rois de avons apris que quand vous affiftés à l'office divin, Bal.1. p.153. particulierement à la meffe, vous parlés tantôt à l'ur Cont. Nang. tantôt à l'autre ; & vous vous apliqués à des affaires P. *69. qui vous détournent de l'attention que vous devés doner aux prieres qui fe font pour vous & pour le peuple. Vous devriés auffi depuis votre facre prendre des manieres plus graves & porter le manteau roïal comme vos ancêtres. On dit que dans vos quartiers on profane le dimanche en rendant la justice & faifant la barbe & les cheveux, ce que vous ne devés pas diffimuler, fachant que la fanctification du fabat eft un des préceptes du décalogue. La lettre eft du dixhuitiéme de Janvier.

22. 42.48.

Le pape Jean dona de femblables confeils à Rain. 1317. Edouard II. roi d'Angleterre, par deux légats qu'il lui envoïa, favoir Joffeaume cardinal prêtre de S. Marcellin, & Luc cardinal diacre de fainte Marie in via lata. Ils étoient auffi chargés de procurer la paix entre Edouard & Robert deBrus roi d'Ecoffe;& d'obliger Edouard à faire hommage au pape entre leurs mains, & lui païer les arrerages du tribut que Jean fans terre avoit promis à Innocent III. cent ans auparavant. Le roi Edouard II. envoïa en effet au pape Jean XXII. des feigneurs chargés de fa procuration qui firent fes excufes pour le paffé, déclarerent avoir païé l'année courante & promirent païer à certains termes vingt-quatre années qui étoient encore dûës. L'acte est daté d'Avignon le premier d'Avril 1317..

1. 47. 48. Sup. liv. LxxvII. n.25.

Rain. 1316.

n. 24.

Les Anglois avoient averti les légats de ne pas s'avancer plus loin qu'Yorc fans escorte du roi : toutefois Th.Valfing. ils voulurent aller mettre en poffeffion de l'évêché de

AN. 1317.

p. 110.

Rain. 1317.

n. 49. Ducange

P. 54.

Durham Louis de Beaumont, à qui le pape l'avoit doné à la priere du roi. Mais étant arrivés prés de Drefington, ils furent attaqués par un parti d'Anglois qui couroit le païs, fous prétexte de repouffer les Ecoffois. Ils fe jetterent fur la famille des légats & de l'évêque, & les pillerent: il eft vrai qu'ils rendirent depuis aux cardinaux des chevaux, des habits & quelque autre chose, mais non pas tout ce qu'ils leur avoient pris ; & les cardinaux étant revenus à Yorc en lieu de fûreté, fulminerent une fencence terrible contre les coupables: puis ils vinrent à Londres, où ils demanderent inftament au Clergé huit deniers par marc d'argent pour les dédomager : mais le clergé le refusa & leur dit, qu'ils devoient s'imputer l'affront & la perte qu'ils avoient foufferte, puifque leur avarice les avoit pouffés à paffer les bornes que le clergé leur avoit pref

crites.

Outre le cens ou tribut établi par le roi Jean, le pape levoit toûjours en Angleterre le denier S. Pierre gloff. 10. 1. impofé depuis plufieurs fiécles ; & il ne l'éxigeoit pas feulement en Angleterre, mais en Galles & en Irlande; & de plus dans les roïaumes du Nort, en Suéde, en Norvége, en Danemarc, en Pologne, comme il paroît par les lettres de Jean XXII. aux rois & aux archevêques de ce païs là.

R. n. 25.

Comme il avoit donné des confeils au roi de France & au roi d'Angleterre, il en dona aussi au roi de Naples Robert, par une lettre où il dit : Entre tous les princes Chrétiens vous êtes le plus lettré, & vous avés

naturellement l'efprit excellent : mais on dit que vous que vous AN. 1317. ne fuivés pas les confeils des perfones les plus fages, & que vous êtes environé de jeunes gens fans experience, fans nobleffe de naissance ni de fentiments. Il l'exhorte à fuivre les exemples de fes ancétres, & à prendre des confeillers habiles, finceres & defintéressés. La lettre est du dix-septiéme de Juin.

XXVI.

n. 22.

Deux mois auparavant le pape Jean avoit canonifé s. Louis de S. Louis évêque de Toulouse frere aîné du roi Robert Toulouse & mort vingt ans auparavant. Dés l'année 1307. canonifé. les Sup. liv. trois archevêques d'Arles, d'Embrun & d'Aix, avec LxxxIx.n.53. leurs fuffragans & la communauté de la ville de Marfeille s'adrefferent au pape Clement V. & lui réprefen- Rain. 1317. terent que fur la conoiffance qu'ils avoient des vertus de Louis & des miracles faits à fon tombeau, ils avoient follicité le pape Boniface VIII. de procéder à fa canonifation : ce qu'il ne put faire étant prévenu par la mort. C'est pourquoi ils faifoient au pape Clement la même priere: fur laquelle il commit les deux évêques Gui de Saintes & Raimond de Leitoure pour informer de la vie & des miracles de Louis. La commission est du troifiéme d'Août 1307. Le pape Jean XXII. fit continuer ces informations, & aprés les procédures néceffaires il fit la cérémonie de la canonifation le jeudi de Pâque feptiéme jour d'Avril 1317.comme témoigne la bulle adreffée à tous les évêques & datée du même jour. Il en écrivit auffi à la reine Ma- Bullar. to. 1. rie mere du Saint, au roi Robert fon frere auquel il conft. 2. avoit cedé fon droit à la courone, au roi de France Rain. n. 9. Philipe, à Jaques roi d'Aragon, à Sanche roi de Ma- 10. 11. orque & aux autres princes & princeffes parens du

Joan. XXII.

1

XXVII.

Extrav.

prab.

Cette canonifation fut un honeur pour l'église de AN. 1317. Toulouse & le pape Jean y en ajoûta un autre l'ériTouloufe geant en archevêché. Les raisons qu'il en rend dans la archevêché. bulle d'érection font la grandeur de la ville &du diocomm. Salva- céfe & la multitude du peuple dont il étoit rempli, qui tor. s. de rendoit impoffible à un feul évêque l'accompliffement de fes devoirs ; & d'ailleurs la richeffe immenfe de cette églife, qui donoit occafion à l'évêque de vivre dans le luxe, de marcher à grand train, faire des dépenfes exceffives & doner trop à fes parens: il étoit même à craindre qu'il ne s'élevât contre fes fuperieurs. C'est pourquoi, continue le pape, Clement V. notre prédeceffeur avoit deffein de partager cet évêché, s'il n'eût été prévenu par la mort. Nous donc, par ces raifons & autres, de notre certaine science, de l'avis unanime de nos freres les cardinaux, & par la plenitude de la puiffance apoftolique, nous divifons en cinq le diocefe de Toulouse, voulant qu'outre cette cité & fon diocéfe particulier, les quatre villes fuivantes que nous érigeons en cités aïent auffi chacune le leur, favoir Montauban, S. Papoul, Rieux & Lombés. Montauban qui étoit diocese de Cahors aura une partie du diocéfe de Toulouse ; & fa cathedrale fera l'église de - S. Martin, où l'on dit que repofe le corps de S. Theodard confeffeur. Les trois autres cités qui étoient du diocéfe de Toulouse en auront auffi leur part & leurs cathedrales feront à S. Papoul l'église du même nom, à Lombés & à Rieux celles de Notre Dame.

Quant à l'églife de Toulouse nous l'exemptons abfolument de la jurifdiction & de la dépendance de l'église de Narbone, dont jufqu'ici elle a été suffragante, nous l'érigeons en métropole, & nous lui

donnons

donons pour fuffragans les quatre nouveaux évêchés A N. 1317. & celui de Pamiers. A l'égard des revenus de l'ancien évêché de Toulouse, nous en affignons à l'églife de Toulouse dix mille livres tournois, à chacun des quatre nouveaux évêchés cinq mille livres, & à Pamiers, outre ce qu'il a déja, une certaine portion que nous fixerons par d'autres lettres. Le pape se reserve à regler enfuite les limites des nouveaux diocéfes, & défend à toute perfone, de quelque dignité que ce foit, même épifcopale ou roïale, d'aporter quelque empêchement à l'exécution de cette bulle, qui eft datée d'Avignon le vingt-cinquième de Juin 1317. Les plaintes générales du pape Jean contre l'évê- Baluz. vit. que de Touloufe, femblent regarder en particulier celui qui fut le dernier. C'étoit Gaillard de Preiffac neveu de Clement V. qui le plaça fur ce fiége en 1305. Mais Jean XXII. le dépofa en 1317. pour fa mauvaife conduite & la diffipation de fon temporel. Il lui offrit enfuite l'évêché de Riés en Provence, mais le prélat le refufa aimant mieux demeurer fans évêché.

621-739

to. 1. p. 187.

chés.

Boll. to. 12.

P. 142.

Sup. liv.

S.Theodard honoré à Montauban fut facré arche- XXVIII. Montauban, vêque de Narbone en 888. & mourut le premier jour S. Papoul, de Mai 893. Il ne faut pas le confondre avec S. Theo- Rieux, & dard évêque de Mastric & martyr plus ancien de deux Lombés évêcens ans, honoré le dixième jour de Septembre. S. Theodard de Narbone mourut en l'abbaïe de S. Martin de Montauriol & y fut enterré, & d'une bourgade qui fe forma autour de cette abbaïe, eft venuë enfuite 58.xxxix. n. la ville de Montauban. Cette abbaïe étoit de l'ordre 45 de S. Benoît & dépendoit de la Chefe-Dieu en Au- Baillet. vergne. S. Papoul eft un martyr que l'on croit avoir Nov. Caftel. été prêtre, & compagnon des travaux de S. Saturnin Martyr. U

Tome XIX.

LI

XXXVIII. n.

3.

-niv. 3 Nov.