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AN. 1302. n. 54. n. ss.

Pach. c. 28.

rétablir Jean d'Ephese, à la referve de quelques-unis qui étoient unis avec le patriarche. L'empereur ne croïoit pas le devoir contraindre à rétablir l'évêque Jean, quoiqu'il le fouhaitât comme les autres & y concourût avec eux: mais il ne vouloit pas que pour ce fujet ils fiffent fchifme avec le patriarche. Or il arriva que le mauvais bruit qui couroit contre le patriarche Jean fe répandit principalement par l'artifice de ceux qui n'aimoient pas ce prélat, & qui relevoient cette calomnie comme fans deffein, afin d'avoir un prétex-· te de fe feparer de lui. Alors l'empereur foupçonna l'évêque de Selivrée d'avoir dit ce fecret à d'autres qu'à lui: c'eft pourquoi il ne fe crut plus obligé à le garder, & déclara que c'étoit l'évêque qui le lui avoit dit le premier. La chofe vint jufqu'au patriarche, qui en fut outré de douleur, & comme le premier auteur de la calomnie n'étoit plus au monde, il s'en prit à l'évêque de Selivrée; & s'en plaignit au concile voulant en avoir réparation. Tout le monde convenoit qu'il falloit lui rendre justice: mais quelques-uns excufoient l'évêque de Selivrée, parce qu'il n'avoit pas dit la chofe comme la fachant par lui-même ni par maniere d'accusation, & l'avoit confiée à l'empereur, croïant qu'elle demeureroit fecrette.

Le patriarche manda plufieurs fois les évêques pour les affembler en concile fur ce fujet : mais ils fe trouverent partagés. Les uns y venoient volontiers & étoient prêts à condamner l'évêque de Selivrée, disant qu'il étoit malhonnête de raporter de tels discours à l'empereur. Les autres prenoient divers prétextes pour differer de venir au concile, & donnoient de bonnes cfperances à l'évêque de Selivrée. Ce qui faifoit pen

a

N. Gregor.

fer qu'ils en ufoient ainfi par le reffentiment qu'ils AN. 1302. avoient contre le patriarche au fujer de l'évêque d'Ephese. Enfin le patriarche perdit patience, fe voïant d'ailleurs méprifé pour fon ignorance & fa fimplicité. Etant donc une fois affis en concile avec une partie lib. v1.6.11. des évêques, comme il eût attendu les autres jufqu'à la fin du jour, il fe laiffa emporter à l'ardeur de fon temperamment & fortit brufquement avec chagrin, protestant aux évêques qu'il ne fe trouveroit plus au milieu d'eux quoiqu'ils puffent faire. Or en difant cela en fon grec vulgaire, il fe fervit d'une expreffion que plufieurs prirent pour une formule de ferment. C'étoit. Maur. le Vendredi fixième jour de Juillet l'an 1302. Le pa- madv. p. 40. triarche Jean fe retira au monaftere de la Pammacarifte, c'est-à-dire Tres-heureuse, qui eft la fainte Vierge, où il avoit accoutumé de demeurer: laissant un ou deux des fiens pour garder le palais patriarcal; car il ne prétendoit pas renoncer abfolument à fa dignité.

Il ne laiffa pas d'envoïer quelques jours aprés à l'empereur un acte de demiffion adreffé à ce prince & aux évêques; où il dit: Je paffois doucement ma vie ne penfant qu'à expier mes pechés, quand j'ai été forcé, comme Dieu le fait, à monter fur le trône patriarcal. Enfuite j'ai reçû les outrages que tout le monde connoît; & dont je n'ai pas été le feul objet, mais toute l'église dont je fuis le chef aprés J.C.Voïant donc qu'il n'eft ni bien-feant ni jufte de garder cette dignité aprés un tel affront: j'ai été contraint de jurer que j'y renon, cerois & je viens tenir ma parole. Je renonce donc au fiége patriarcal; & en même-temps, pour ne donner à l'avenir aucun prétexte de fcandale, je renonce à mon facerdoce, quoique je n'aïe rien de plus cher. Par ce

David. Ani

6. 29.

AN. 1302.

XII.

premier Suldes

tan

Turcs.

même acte je pardonne entierement à ceux qui m'ont outragé, à leurs complices, & à ceux qui fe font laiffé entraîner à leur ajoûter foi; & je prie Dieu de leur pardonner. Que s'il arrive à l'églife ou au peuple fidele. quelque mal fpirituel ou temporel, j'en fuis innocent par la grace de J. C. Remarqués que dans cet acte le patriarche de CP. fe dit chef de l'églife universelle. L'aïant écrit & soufcrit il quitta même les marques de l'épifcopat & demeura en repos.

L'empereur Andronic aïant reçu cette demiflion, vouloit par fcrupule la jetter au feu fans l'ouvrir comme il avoit fait une autre fois : néanmoins il fe la fit lire, & quand il oüit que le patriarche difoit avoir juré de renoncer, il en fut fort alarmé, & voulut favoir ce qu'en jugeroient les évêques..

par

Mais l'état miferable ou fe trouvoient les affaires Othman de l'état ne lui permettoient pas de donner à celle-ci toute l'application qui y étoit neceffaire. Car l'empire étoit attaqué de tous cotés principalement en Natolie les Turcs fous la conduite du fameux Othman. Il Pococ. Su- étoit fils d'Ortogrul fils de Soliman, qui eft le premier plem. p. 41. Bibl. orient. prince connu de cette famille. Elle vint d'au-delà de l'Eufrate s'établir en Natolie fous la protection d'Alaëddin fultan de Coni de la race des Turcs Seljouquides. Ortogrul mourut en 1288, 687. de l'Hegire; & en 699. de J.C. 1299. Othman fon fils obtint d'Alaeddin le titre de fultan dans les places qu'il avoit conquifes fur les Grecs; & tel fut le commencement de la famille des Turcs Ottomans qui regne maintenant à

P. 697.

CP.

Le pape continuoit cependant à y nommer des paLeonard triarches latins, Pantaleon Juftinien mourut en 1286.

XIII.

n. 35.1302.

n. 27.

& Pierre qui lui fucceda étant mort, un feul chanoine AN. 1302. qui reftoit en cette église en l'absence des autres y patriarche élût un patriarche qui toutefois remit fon droit à la de CP. difcretion du pape. Mais cette entreprise donna occa- LXXXIV.n.12. Sup.' liv. fion à une bulle generale pour les quatre églifes pa- Ram. 1286. triarcales de CP. Alexandrie, Antioche & Jerufalem. Le pape ordonne que tant que ces villes feront foumifes aux fchifmatiques ou aux infidelles, les chanoines ne procederont point à l'élection du patriarche fans en avoir obtenu la permiffion du faint fiége, auquel ils donneront avis de la vacance le plûtôt que faire fe pourra. La bulle eft du vingt-troifiéme de Decembre 1301. 1301. En confequence le pape Boniface donna le patriarcat de CP. à Leonard curé de faint Barthelemi à Venise par fa bulle du dernier jour de Mars 1302. & comme il ne pouvoit refidèr à Constantinople occupée par les Grecs: le pape lui donna encore l'archevêché de Crete, c'est-à-dire de Candie, qui appartenoit alors aux Venitiens.

XIV. Concile de

to. xi.conc.p. 2444. 2453.

Mariana. 1.

Gonfalve III. archevêque de Tolede chancelier de Castille & auparavant évêque de Cuenca, tint un con- Peña-fiel. cile à Peña-fiel dans la vieille Castille, qui commença le premier jour d'Avril & finit le treiziéme de Mai cette année 1302. cinq évêques de fes fuffragans y afli- xv.c.sri fterent, favoir Alvar de Palencia, Bernard de Segovie, Simon de Siguença, Jean d'Ofmia, & Pascal de Cuenca, & on y publia treize articles de réglemens pour réprimer les mêmes abus que l'on voit dans les autres conciles du temps: le concubinage public des clercs, les ufures, le mépris de l'immunité des églifes, l'ufurpation de leurs biens; & le remede qu'on apporte 3 tous ces maux font des excommunications & des in

C.2.

C. 9.13.

e. 15.

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AN. 1302.

C. I.

8. 12.

c. 13.

C. 4.

c. S.

c. 8..

C. 10.

C. 7.

c. 6.

terdits. Voici ce qui m'y paroît remarquable: Tous les clercs conftitués dans les ordres facrés ou pourvûs de benefices reciteront tous les jours les heures canoniales comme ils y font obligés, fous peine de suspense ou de fouftraction des fruits.En chaque églife on chantera tous les jours à haute voix Salve Regina aprés complies. Le curé qui par fa negligence aura laissé mourir un paroiffien fans recevoir les facremens de penitence & d'euchariftie fera privé de fon benefice. Un curé ne donnera point la communion à fon paroiffien fans être affuré qu'il s'eft confeffé. Le prêtre qui aura revelé la confeffion fera mis en prifon perpetuelle, où il ne vivra que de pain & d'eau. Les prêtres feront eux-mêmes le pain destiné à être confacré, ou le feront faire en leur prefence par d'autres ministres de l'églife.

On ne fera point perdre les biens aux Juifs ou aux Mahométans qui auront reçu le baptême: afin que la crainte de cette perte ne les détourne pas de fe convertir. On payera la dîme, non-feulement des fruits, mais de tout ce qu'on acquiert legitimement: comme étant la reconnoiffance du fouverain domaine de Dieu. Ce concile accepte la bulle Clericis laicos du pape Boniface, contre laquelle on s'étoit fi fort élevé en France; & ordonne à tous les évêques de la province Lxxxix.n.42: de la faire publier dans leurs diocéfes. Le concile fe plaint que quelques perfonnes puiffantes s'efforçoient d'enfraindre les libertés & les privileges des églifes en les chargeant d'exactions indues. C'est pourquoi il ordonne, que fi c'eft la reine ou les fils des rois qui faffent ces vexations, l'évêque diocefain leur denoncera de fatisfaire à l'églife; & s'ils ne le font dans le mois,

Sup. liv.

e. 13.

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