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tement deguifé & vêtu en laïque fans avoir de compa- AN. 1319. gnon de fon Ordre des freres Prêcheurs, & fans emporter ni breviaire ni miffel. Voici les principaux crimes dont il étoit chargé : d'avoir perfécuté cruellement en Italie & particulierement à Pavie & dans le diocéfe, les partifans de l'églife Romaine : ce qui le rendoit coupable de plufieurs homicides, facrileges, incendies & pillages. En particulier comme il affiégeoit un château de l'églife de Pavie étant à la tête des troupes, un prêtre nommé Alquerin fut pris & amené en fa présence dans une églife. Ifnard le pouvoit délivrer du péril de mort, parce qu'il étoit là le maître & il le devoit à caufe de l'immunité de l'église où on l'avoit amené. Toutes fois il fouffrit qu'on lui écorchât les mains, les bras & les pieds, quoi qu'il fût affés prés pour entendre fes cris; & enfin il le laiffa tuer. Enfuite interrogé juridiquement fur ce fait, il varia en ses réponses & fe parjura. En quelques châteaux de l'église de Pavie, il fouffroit avec complaifance qu'en fa préfence on criât: Meurent les Guelfes. Quand il reçut l'administration de l'église de Pavie, la ville étoit gouvernée par des partifans de l'églife Romaine: mais enfuite elle fe révolta, & quelques citoïens à qui la révolte déplaifoit faifoient efperer du fecours de la part de Robert roi de Sicile. Alors Ifnard célébrant la messe pontificalement fit un fermon où il dit, qu'il faloit faire périr tous les auteurs de cette efperance; & qu'il donoit l'absolution à tous ceux qui leur feroient du mal.

Le pape aïant apris fa fuite le fit contumacer dans les formes, & enfin prononça contre lui sa sentence définitive, par laquelle il le dépofe & le prive de toute

AN. 1319.

n. 19.

fonction de patriarche, d'évêque, de prêtre & de clerc, & de plus l'excommunie. La bulle eft du trentiéme de Juillet 1319. Mais Ifnard ne défera point à ce jugement; & étant retourné à Pavic, il continua d'y faire. Rain. 1320. comme devant les fonctions épifcopales & de joüir des revenus de cette églife, prenant toujours le titre de patriarche. Il difoit que le pape n'avoit ni dû ni pû procéder ainfi contre lui, & qu'il n'étoit point obligé d'observer sa sentence: ajoutant plufieurs discours injurieux contre le pape, qui tendoient à lui contester la plenitude de puiffance. C'eft ce que témoigne Bertrand de Poïet cardinal prêtre du titre de S. Marcellin legat en Italie dans la lettre aux évêques d'Aft & de Novarre & aux inquifiteurs de la haute Lombardie : aufquels il ordonne d'emprifonner Ifnard comme fchifmatique & fufpect d'héréfie. Sa lettre cst du douze d'Octobre 1320. & fa commiffion de legat du fecond de Juin de la même année. Les inquifiteurs firent fi bien leur devoir qu'Ifnard fut arrêté peu temps aprés; & le pape manda qu'on le lui envoïât fous bonne garde pour le punir comme il méritoit. L'ordre en fut doné à Jean de Beccaria frere Mineur, à qui le legat avoit conferé l'administration de l'églife de Pavie, & le pape la confirma par bulle du dixfeptiéme d'Aouft. Il envoïa en effet Ifnard au pape.

Vading. 1320. 27,

& Regeft. n.

92.

XLVIII.

Ordre du

de

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En ce temps-là s'établit en Italie un nouvel ordre mont Olivet. religieux. A Siene étoit un docteur fameux en droit Ferrar. 22. civil nommé Jean Tolomei d'une famille noble. Un jour comme il devoit faire une leçon publique, il

Aug.

vint un grand mal aux yeux; & il s'adreffa à la fainte Vierge pour en demander la guerison, promettant, s'il l'obtenoit, de quitter le monde & se consa

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crer pour toûjours à fon fervice. Il guerit & au lieu AN. 1320. de la leçon qu'il devoit faire & à laquelle étoit venu un grand concours d'auditeurs ; il leur raconta ce qui lui étoit arrivé, & leur fit un puiffant difcours fur le mépris du monde. Il exécuta fa promesse, fortit de la ville pauvrement vêtu & fe retira en un lieu nommé le mont Olivet, avec deux autres nobles Siénois, Patricio Patrici & Ambroife Picolomini. Ils y bâtirent un oratoire & des cellules, & Jean qui prit le nom de Bernard y dona fon bien.

Comme il leur venoit des disciples de jour en jour, quelques envieux les défererent comme hérétiques au pape Jean XXII. qui leur manda de venir le trouver à Avignon. Ceux que Bernard y envoïa aïant exposé au pape toute leur maniere de vie, il les jugea innocens & les renvoïa à l'évêque d'Arezzo dans le diocéfe duquel étoit le mont Olivet, pour aprouver leur congrégation & leur prefcrire une regle. L'évêque d'Arezzo étoit Gui de Tarlat, qui dona commiffion Ughell. to.1. à un prêtre nommé Restaure d'aller marquer le lieu P. 473. le plus propre pour bâtir un monaftere, y planter une croix & y mettre la premiere pierre avec les prieres accoutumées. L'évêque accorda qu'au même lieu on érigeât un monaftere avec fon clocher en l'honeur de la fainte Vierge, fous la regle de S. Benoît, qui fut nommé le monaftere de fainte Marie d'Olivet à Ancone, & fut toûjours gouverné par un abbé, & jamais par des laïques ou des clercs féculiers. L'évêque exempte ce monaftere de dîmes & de toutes autres redevances, fe réservant feulement la confirmation de l'abbé & la vifite. C'est ce que porte fa lettre adreffée à Bernard & à Patrice & datée du mois de Mars 1319.

AN. 1320.

XLIX.
Ladiflas

Loctec cou

roné R. de Pologne. Longin. lib. 9. p. 970. D.

Patrice fut élu premier abbé au refus de Bernard, qui toutefois le fut enfuite l'an 1322.

Cependant les feigneurs & la nobleffe de Pologne aïant reçu la lettre du pape & entendu les confeils de l'évêque Geruard qu'ils lui avoient envoïé, résolurent d'un commun confentement qu'il faloit couroner roi Ladislas Loctec, fans attendre du pape une décifion plus expreffe, & marquerent pour cette céremonie le jour de S. Sebastien vingtiéme de Janvier, qui cette année 1320. étoit le dimanche. Mais afin que la fête fut plus folemnelle, ils convinrent que le couronement ne fe feroit plus à Gnesne comme on l'avoit fait jusqu'alors, mais à Cracovie, comme étant une ville plus confidérable par fa fituation, fes murailles, la multitude de ses habitans & l'abondance des chofes néceffaires à la vie : enfin qui avoit autrefois été métropole. Ce fut donc là Ladiflas fut couroné par Janiflas archevêque de Gnefne aflisté des évêques de Cracovie & de Pofnanie, & de quatre abbés tous en châpes & en mitres. La ducheffe Eduïge fon épouse fut en même temps couronée reine. Depuis ce jour la ville de Cracovie a toûjours été le lieu du couronement des rois de Pologne, & l'on y garde dans le château les ornemens roïaux qui étoient auparavant à Gnesne : favoir la courone la pome, le fceptre & le refte. Le pape aprouva tacitement le couRain. 1320. ronement de Ladiflas, lui donant le titre de roi dans une lettre qu'il lui écrivit peu de temps aprés.

n. 3.

L.

Nouveaux

que

Le retardement de la croifade malgré l'empreffePaftoureaux ment des rois de France & d'Angleterre, fut l'occafion & le prétexte d'un trouble femblable à celui qui étoit arrivé soixante & dix ans auparavant, pendant

en France.

Sup. liv.

LXXX111.17.29.

la

Cont. Nang.

la prison de S.Loüis.Le bruit fe répandit comme alors, AN. 1320. que la délivrance de la terre fainte étoit réfervée à des Bal.vit.to.1. gens du petit peuple : ainfi les bergers & les autres p. 128. 162. pastres abandonerent leurs troupeaux & s'affemble- 698.193.180. rent au commencement de cette année 1320. fans ar- p.687. mes ni provisions, & prirent le nom de Paftoureaux comme les premiers. Ils marchoient à grandes troupes qui groffiffoient tous les jours par la jonction des fainéants, des mandians, des voleurs & des autres vagabons. Ils entraînoient jufqu'à des enfans de feize ans & au-deffous ; & il s'y mêloit auffi des femmes. Entre eux étoit un prêtre privé de fa cure pour fes crimes & un moine apoftat de l'ordre de S. Benoît ; qui par leurs exhortations en attiroient d'autres.

&

Ces Paftoureaux paffant par les villes & les villages, marchoient en proceffion deux à deux aprés une croix, fans dire mot, & vifitoient ainfi les principa les églises, demandans l'affiftance comme pauvres; on leur donoit des vivres abondament. Car le peuple Rain. 13201 les cftimoit, & le roi même par l'affection qu'il avoit n. 23. pour la croifade, les favorifa d'abord: en forte.

le

que

pape en fit des plaintes au cardinal Joffeaume fon légat à la cour de France. Mais les Pastoureaux se rendirent bien-tôt odieux à tout le monde, par leurs pillages & leurs violences, qui alloient jufqu'à commettre des meurtres. On en mettoit en prifon : mais les autres venoient en grande multitude,forçoient les prifons & mettoient leurs camarades en liberté.

Ainfi étant venus à Paris ils en délivrerent quelquesuns que l'on avoit mis dans la prison de S. Martin des champs. Ils vinrent enfuite au Châtelet, où le prevôt de Paris aïant voulu leur réfifter, ils le jetterent d'un Tome XIX.

Qq

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