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maître de Verône, Paffarin qui l'étoit de Mantoüe & AN. 1323. •quelques autres demanderent à fe reconcilier avec le pape, en reconoiffant tenir de lui les places qu'ils prétendoient tenir au nom de l'empereur, & le pape dona pouvoir au légat de les abfoudre des cenfures.

193. Alb. Ar

c. 195.

Rain. 1323.

n. 28.

Mais l'empereur Louis de Baviere envoïa des ambaffadeurs en Lombardie qui relevérent le courage aux Gibellins. Il n'avoit plus de concurrent pour l'empire aïant gagné contre Frideric d'Autriche une fanglante bataille le mardi vingt-huitiéme de Septembre 1322. où Frideric fut pris & renonça à fes prétenfions gent. p. 122. fur l'empire pour obtenir fa liberté. Louis renvoïa donc au mois d'Avril 1323. des ambaffadeurs au légat Bertrand, qu'ils allérent trouver à Plaisance & le priérent de ne point attaquer la ville de Milan, qui apartenoit à l'empire: c'eft qu'elle étoit afliégée & preffée vivement par l'armée de l'églife. Le légat répondit :Quand il y aura un empereur légitime l'église ne prétend pas lui ôter aucun de fes droits, au contraire elle yeut les conferver: mais je m'étone que votre maître veüille défendre & favorifer les hérétiques, & je vous prie de me montrer le pouvoir que vous avés de lui écrit & feellé. Les ambaffadeurs craignirent d'attirer à Louis l'indignation de l'églife, s'ils montroient par écrit qu'il favorifoit ceux qui étoient révoltés contre elle. C'eft pourquoi ils dirent, qu'ils n'avoient pas de pouvoir fur ce qu'ils avoient dit; demandérent pardon au légat, puis s'en allérent l'un à Luques & à Pistoie, les autres à Mantoüe & à Verône exécuter leur commiffion; & négociérent fi bien que les Gibellins de ces villes & d'autres apellés par les Milanois, fe réunirent fous la conduite du comte Bertold chef de l'ambaffa- Vill. c. 212.

AN. 1323.

. I I.

tion de S.

Thomas d'A

quin.

de, marchérent vers Milan & en firent lever le fiége au mois de Juin 1323. Ces mauvais fuccés déterminerent le pape à procéder contre l'empereur Louis, comme il fit trois mois aprés.

Cependant le pape termina le procés de la canoniCanonifa- fation de S. Thomas d'Aquin, commencé quatre ans auparavant à la pourfuite de Marie de Hongrie reine de Sicile, veuve du roi Charles le Boiteux, de fon fils Boll. to. 6.p. Philipe prince de Tarente & de plufieurs feigneurs du p.681.682. Foïaume: de la ville & de l'univerfité de Naples. Ils envoïerent en cour de Rome quelques freres Prêcheurs,qui étant arrivés à Avignon expoférent au pape la caufe de leur voïage & lui préfenterent les lettres dont ils étoient chargés. Le pape remit ces envoïés au premier confiftoire, où la proposition aïant été faite, il dit aux cardinaux: Nous eftimerons fort glorieux à nous & à notre églife de pouvoir canonifer ce faint, pourvû qu'on puiffe trouver quelques miracles: parce qu'il a plus éclairé l'église que tous les autres docteurs; & un homme profite plus dans fes livres en un an, dans les autres en toute fa vie. Les cardinaux étant du même avis, le pape comniit premiérement trois d'entre eux pour informer fommairement en cour de Rome de la vie & des miracles de frere Thomas ; & aprés leur raport il ordona d'en informer plus amplement fur les lieux; & commit pour cet effet Humbert archevêque de Naples, Ange évêque de Viterbe & Pandulfe Savelle notaire du pape : la commiffion eft du tréiziéme de Septembre 1318. en vertu de laquelle on commença à procéder à l'information le famedi vingt-uniéme Juillet 1319. Ce jour Guillaume de Toco procureur du convent des freres Prêcheurs à Bene

que

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vent, étant à Naples dans la chambre de l'archevêque AN. 1323. devant lui & l'évêque de Viterbe, leur présenta la bulle de leur commiffion; en vertu de laquelle ils fi- p. 687. rent citer les témoins, & commencérent à recevoir leurs dépofitions le lundi vingt-troifiéme du même P. 633. mois. C'étoit l'abbé de Foffeneuve monaftere de l'ordre de Câteaux, où le faint homme étoit mort & plufieurs moines de la même maison : quelques freres Précheurs, quelques prêtres féculiers & quelques gentils-hommes officiers confidérables du roïaume. Cette information fut terminée le dix-huitiéme de Septembre; & il s'en fit enfuite une feconde. C'eft fur l'une & fur l'autre que frere Guillaume de Toco compofa la vie du Saint. Le tout aïant été raporté au pape, il l'examina foigneufement avec les cardinaux, & aïant trouvé les preuves fuffifantes, il dona enfin sa bulle de canonifation adreffée à tous les prélats & dattée d'Avignon le dix-huitiéme de Juillet 1323. où aïant raporté fommairement la vie du bienheureux Thomas d'Aquin & fes principaux miracles, il le met au 11. nombre des Saints & ordone de célébrer sa fête le septiéme de Mars jour de sa mort.

pe

La même année mourut à Paris S. Elzear ou Eleazar comte d'Arien de la noble famille de Sabran en Provence. Il nâquit au château d'Anfois dont fon re étoit feigneur l'an 1295. & fut élevé par les foins de fon oncle Guillaume de Sabran abbé de S. Victor de Marseille. Elzear n'avoit que dix ans quand Charles le Boiteux roi de Sicile & comte de Provence fe trouvant à Marseille le fit fiancer avec Delfine de Glandevés âgée de douze ans. Trois ans aprés, c'eft-à-dire en 1308. ils furent mariés folemnellement en face

P. 716.

Bullar. Jo,
XXII.conft.

III.
S. Elzear,
c.d'Arien.
Sur. 27. Sep.
Baillet.Cod.

AN. 1323.

Sur.c.7.

c. 18.

6. 22.

d'églife: mais on ne les mit ensemble que trois jours aprés, & alors Delfine déclara à fon époux, que fes parens l'avoient mariée malgré elle, & qu'elle s'étoit propofé de garder la virginité. Elzear fut furpris de ce difcours & toutefois il confentit au défir de fon épouse, qui de fon côté paffa cette premiere nuit en prieres & ils continuérent de vivre comme frere & fœur. La même année, quoiqu'il en eût à peine quatorze, il jeûna tout le carême; & l'année fuivante à la fête de l'Affomption, confidérant combien la vie eft courte & le monde méprifable, il renonça au desir de laisser posterité, & réfolut de garder la continence parfaite.

Aprés avoir paffé fept ans depuis son mariage au château d'Anfois, fous la conduite de fon grand pere, étant dans fa vingtiéme année, il obtint la permiffion de paffer au château de Pui-Michel qui apartenoit à Delfine, & où ils demeurerent trois ans. Là Elzear étant en liberté & maître de fa conduite, établit un réglement pour fa maison portant entre autres articles: que les gentils-hommes, les chevaliers, les dames & les demoiselles fe confefferoient toutes les femaines & communieroient tous les mois. Que les dames & les demoiselles pafferoient la matinée en priéres & en exercices de pieté & l'aprés-dinée s'occuperoient de quelque ouvrage des mains: enfin que tous les foirs ils fiffent en fa préfence une conférence spirituelle, où il leur parloit avec un grand zele. Sa maifon fembloit plutôt un monaftere que la cour d'un grand feigneur. Plufieurs réglerent leur famille fur ce modéle, & même un évêque.

A l'âge de vingt-trois ans, c'est-à-dire en 1318. fon

pere

pere étant mort il devint comte d'Arien ville fituée au roïaume de Naples: ainfi pour en prendre poffeffion il paffa en Italie la premiere fois. Mais la ville d'Arien fe révolta contre lui & lui fit la guerre pendant trois ans. Il les réduifit par fa patience, fans vou-, loir tirer vengeance des torts & des insultes qu'il en avoit reçus: en forte qu'à la fin ils l'honoroient comme leur feigneur & l'aimoient comme leur pere. Il trouva le comté d'Arien & la baronie d'Anfois chargés de grandes dettes; & pour les aquiter peu à peu, il mit en fequeftre une partie des revenus. Il veilloit fur la conduite de fes officiers de juftice; & prenoit foin même des criminels condamnés à mort, afin qu'ils filfent pénitence.

Trois ans aprés il exécuta la résolution qu'il avoit prife long-temps auparavant de faire avec Delfine un vœu de continence parfaite : comme ils firent le jour de fainte Madeleine vingt-deuxième de Juillet 1321. Ils embrafferent auffi l'un & l'autre le tiers ordre de S. François. L'année fuivante 1322. le roi Robert fit Elzear gouverneur de fon fils aîné Charles duc de Calabre; & l'on vit bientôt un changement notable dans les mœurs de ce jeune prince, auquel le roi fon pere avoit laiffé le gouvernement du roïaume pendant fon absence, car il étoit allé en Provence. Ainfi le comte Elzear avoit en même temps la conduite du prince & de l'état. Ceux donc qui avoient des affaires à la cour s'adreffoient d'abord à lui, & fouvent lui offroient plufieurs onces d'or, ou d'autres grands préfens, pour fe le rendre favorable: mais il refufoit tout avec un parfait défintéreffement; & au contraire il étoit en cette cour le protecteur des pauvres.

Tome XIX.

Xx

A

C. 244

C. 25. 26.

c. 27.

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