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C. 21

porter des manteaux trainans ou des tuniques avec des manches fi courtes qu'on voïe les bras nus, ou des cheveux qui paffent les oreilles, & leur ordone de rafer leur barbe au moins tous les mois. Les prélats ne laifferont point entrer chés eux des femmes perduës nommées Soldadenas qui fe donoient en fpectacle. Per- V. Cang: fone ne défervira un bénéfice cure fans collation ou gloff. Soidacommiflion particuliére de l'évêque. Aucun clerc ne deras. donera à fes enfans entre vifs ou par teftament les biens qui lui vienent de l'églife. Aucun prêtre n'éxigera de l'argent pour les meffes qu'il dira, mais il poura recevoir ce qui lui fera charitablement offert fans

aucune convention.

être en

c. 4.

c. .S.

C. 6.

AN-1325

XVII.

Sainte Eli

7. 12.

n. 16.

Denis roi de Portugal mourut le lundi feptiéme de Janvier 1325. aprés quarante-cinq ans de régne; & la lettre de confolation que le pape écrivit à fainte Elizabeth reine de Portugal. zabeth fa veuve, eft datée du premier de Mars de la Mariana.xv. même année. Cette princeffe commença alors à fui- c. 18. vre librement les mouvemens de fa pieté; & fi-tôt ad.1325.n. qu'elle fe vit veuve elle prit un habit des filles de fainte Rainal. eod. Claire qu'elle gardoit à ce deffein, ou pour y fevelie fi elle mouroit la premiere : elle s'en revêtit & le porta tout le refte de fa vie. Elle étoit fille de Pierre III. roi d'Arragon & de Conftance de Sicile fille de Baillet. 8. Mainfroi : elle nâquit l'an 1271. & fut nommée Elizabeth en l'honeur de Ste. Elizabet de Hongrie fa grande tante. A l'âge de huit ans elle commença à réciter tous les jours le grand office de l'églife, ce qu'elle continua toute fa vie. A douze ans elle fut mariée à Denis roi de Portugal, & fa dignité de reine ne diminua ni fon affiduité à la priere, ni fes jeûnes, qui outre ceux de toute l'églife, comprenoient trois jours de la fe

Juill.

maine, l'avent entier, l'intervalle depuis la faint Jean jusqu'à l'Assomption, & le carême des anges jusqu'à la S. Michel: fes aumônes augmentérent à proportion des biens dont elle eût la difpofition.

Elle eût un talent particulier de réunir les efprits. Le duc Alfonfe frere du roi Denis avoit un différend avec lui pour quelques terres & le roïaume étoit menacé d'une guerre civile. La pieuse reine fe rendit médiatrice de la paix, & pour la faciliter elle céda quelques terres de fon domaine. Ce différend avoit excité une fédition à Lisbone entre la nobleffe & les bourgeois; & ils avoient déja pris les armes, quand la reine montée fur une mule s'avança entre les deux partis & par fes difcours & fes larmes calma le tumulte. Le roi Denis, d'ailleurs eftimable par fa justice, sa valeur & fa liberalité, entretenoit publiquement plufieurs concubines: Elizabet le fouffroit fans en murmurer, & portoit fa charité jufqu'à prendre foin des enfans qui naiffoient de ce mauvais commerce; & enfin par fa patience & par fes prieres elle obtint de Dieu la

converfion du roi fon mari.

Elle réconcilia auffi le roi Jaques d'Arragon fon frere, avec le roi Ferdinand de Castille fon gendre, & celui-ci avec le roi Denis de Portugal fon époux: mettant ainsi la paix entre tous les princes Chrétiens d'Efpagne. Mais Alfonfe infant de Portugal fe révolta contre le roi fon pere, & la reine Elizabet qui travailloit à les réconcilier, fut elle-même renduë fufpecte au roi de favoriser leur fils. Il en fut fi perfuadé, qu'il la priva de fes revenus & la rélegua dans la petite ville d'Alanquer où elle avoit une maifon : ce qui excita contre lui plusieurs feigneurs, qui offrirent à la reine

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XVIII. Erreurs de

Pierre Jean d'Olive con

de l'argent, des troupes & des places. Elle en eût horreur & les exhorta à demeurer fidéles au roi. Enfin le roi défabufé la rapella à la cour, lui demanda pardon folemnellement, & pardona à fon fils pour l'amour d'elle. Aprés la mort du roi Denis, Alfonfe lui fuccéda & la reine Elifabet fe retira à Conimbre au monaftére des filles de fainte Claire qu'elle avoit fondé. L'année fuivante 1326. le pape condamna les écrits de Pierre Jean d'Olive qu'il faifoit examiner depuis long-temps. Nous avons une lettre de huit docteurs au pape, par laquelle ils lui rendent compte de l'examen qu'ils avoient fait par fon ordre de l'apoftille ou commentaire de cet auteur fur l'Apocalypfe. Or un 213. de ces docteurs eft Bertrand de la Tour provincial des freres Mineurs en Aquitaine, qui fut archevêque de Salerne en 1319.ce qui montre que la lettre eft plus an- Sup.liv.xcl. ciéne. Les docteurs y raportent plufieurs extraits de ce 7. 48. commentaire fur lefquels ils mettent leurs qualifications ; & je m'arrête à ces extraits pour emploïer les expreffions de l'auteur.

Il explique ainfi les fept états de l'églife qu'il prétend être décrits dans l'Apocalypfe: Le premier eft la fondation de la primitive églife dans le judaïsme fous les apôtres. Le fecond, l'épreuve & l'afferiniffement de l'églife par les fouffrances des martyrs. Le troifiéme, l'explication de la foi par la réfutation des hérésies. Le quatrième, la vie des anacorétes, qui fuïoient le monde jufques aux folitudes les plus reculées, macéroient leur chair tres-auftérement, & par leur exemple éclairoient toute l'églife. Le cinquiéme,la vie commune des moines & des clercs poffédans des biens temporels, partie dans un zéle févére, partie avec conAaa iij

damnées. Baluz. to. 1.

Mifeel. p.

P. 214.

A

P. 218.

défcendance. Le fixiéme eft le renouvellement de la vie évangelique,la deftruction de la vie anti-chrétiene, la converfion finale des Juifs & des Gentils : autrement le rétablissement de l'église en fon premier état. Le feptiéme entant qu'il regarde la vie préfente, eft une participation paifible de la gloire future, comme fi la célefte Jerufalem étoit defcendue en terre : mais quant à l'autre vie, c'eft la résurrection générale, la glorification des faints & le dernier accomplissement de toutes choses. Le premier état a commencé proprement à la mission du S. Esprit : le second à la perfecution de Neron : le troisieme à la converfion de Conftantin, S. Silvestre & le concile de Nicée : le quatriéme au grand faint Antoine: le cinquiéme à Charlemagne : le fixiéme a comencé en quelque façon à notre pere S. François : mais il doit comencer plus amplement à la condamnation de Babilone la grande prostituée, quand l'ange marquera ceux qui doivent être la milice de J. C. le feptiéme commence d'une maniere à la mort de l'Ante-chrift, & d'une autre au jugement dernier.

Il ajoûte enfuite: Dans le fixiéme temps de l'églife sera découverte une perfection finguliére de la vie & de la fageffe de J. C. La vieilleffe du temps précédent fera rejettée fi abondament, qu'une nouvelle églife femblera fe former, comme il s'en forma une au premier avénement de J. C.quand la fynagogue fut rejettée. Delà vient que dans ces vifions on nous préfente trois avénemens de J.C. le premier en fa chair paffible, rachetant le monde & fondant l'églife: le fecond dans l'efprit de la vie évangélique, réformant & perfectionant fon églife: le troifiéme pour juger &

glorifier fes élus. Et enfuite: L'état de l'églife depuis p. 219. la condamnation de Babilone, c'est-à-dire de l'église charnelle, jufqu'à la fin du monde, doit durer affés long-temps afin que tout le monde & même les Juifs fe convertiffent, & que cet état monte par degrés du matin au midi, puis defcende au foir & à une nuit fi profonde de malice, que J. C. foit comme forcé de venir pour le jugement. Car il feroit ridicule que le troifiéme état principal du monde aproprié au S. Efprit fût momentané & difproportioné au reste de ce grand œuvre.

par

P. 221

p. 223.

Et encore: Comme dans le fixiéme âge, J. C. le nouvel homme eft venu rejeter le judaïfme charnel,& aporter une loi & une vie nouvelle avec la croix: ainfi dans le fixiéme état l'églife charnelle fera rejettée & la loi de J. C. renouvellée. C'est pourquoi au commencement de cet état a paru S. François caracterifé les plaïes de J. C. & entiérement crucifié avec lui. Et enfuite: Dans le premier temps Dieu le pere s'eft montré comme terrible & la crainte a regné: dans le fecond Dieu le fils s'eft montré comme docteur, étant le verbe & la fageffe du pere: dans le troifiéme le S. Efprit fe montrera comme une flamme & une fournaife de l'amour divin, une yvreffe fpirituelle, un transport & un excés de joïe dans laquelle on verra, non par la fimple intelligence, mais par une expérience fenfible & palpable, la verité de la sagesse du verbe incarné & de la puiffance de Dieu le pere. Car Joan. xvi. J.C. a dit: Quand cet efprit de verité fera venu, il 13. 14. vous enseignera toute verité & me glorifiera. On voit clairement ici l'égarement de ce fanatique, puifque cette promeffe fut accomplie lorfque le Saint Efprit

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