페이지 이미지
PDF
ePub

que vous semblés avoir oublié. Autrement nous pro- AN. 1327. teftons dés à préfent que nous ferons excufables devant Dieu & toute la cour céléste, devant l'église même & tous les Chrétiens du monde,s'il arrive quelque accident finiftre, & fi les enfans deftitués de la présence de leur pere & comme fans chef, se détournent à droit ou à gauche. C'eft pour vous le repréfenter férieufement de vive voix que nous vous envoïons ces trois ambaffadeurs, & comme nous avons besoin d'effets & non de paroles, nous leur avons enjoint étroitement de ne pas demeurer plus de trois jours à la cour de Rome ou plutôt d'Avignon: mais de revenir promptement, afin qu'aprés avoir oui leur raport, nous puiffions mieux pourvoir à notre fû

reté.

XXXV. Les Romains

du

pape.

n. 10.

Le pape les aïant oüis mit l'affaire en délibération avec les cardinaux; & voïant qu'aprés les trois jours mal contens les ambassadeurs se disposoient à partir, & que la réponse dont il vouloit les charger n'étoit pas encore compofée : il leur permit de s'en aller & leur dit qu'il feroit savoir ses intentions par des nonces qu'il envoïeroit inceffament. Il écrivit donc aux Romains une lettre où il dit en substance: Nous ne pouvons partir fi promptement pour aller à Rome, vû les préparatifs que demande un tel voïage.D'ailleurs les chemins ne font pas furs, foit par mer, foit par terre ; & nous ferions expofés à une infinité de périls, nous nos freres les cardinaux, ceux qui fuivent notre cour, & ceux qui y vienent pour leurs affaires de tous les païs du monde. Quant à l'état de Rome vous savés fi la paix y régne & la fûreté. On vient d'en chaffer les nobles, & on les a contraints de livrer au peuple leurs Tome XIX. Eee

[ocr errors]

n. 11

AN. 1327.

fortereffes & doner leurs enfans pour ôtages. On a défendu l'entrée de la ville au roi Robert, que nous y avons fait notre lieutenant; on n'y reçoit ni fes lettres ni fes envoïés ; & ceux qui étoient chers au peuple Romain lui font devenus odieux & fufpects à caufe de ce prince. De plus, Louis de Baviere ennemi de Dieu & le nôtre, dit hautement & écrit aux prélats & aux feigneurs, que ces changemens à Rome font en fa faveur, qu'il y a du pouvoir, & qu'il ne croit pas qu'aucune puiffance foit capable de l'empêcher d'y entrer.

Le pape leur fait enfuite de grands reproches fur la proteftation d'être excufés devant Dieu & devant les hommes, s'il arrivoit quelque accident finiftre: ce qui fignifioit la réception du Bavarois, fuivant l'explication de leurs propres envoïés; & il leur allegue à ce fujet ce que dit S. Paul, que la foi des Romains est Rom. 1.8. publiée par tout le monde. Comme s'il s'agiffoit ici de la foi divine & non pas de la fidélité dûe au pape comme feigneur temporel. Il les exhorte à réfifter courageusement au Bavarois, auquel, ajoute-t'il, nous avons particuliérement défendu d'entrer dans Rome, par les bulles que l'évêque de Viterbe notre vicaire doit avoir publiées. Cette lettre eft du vingt-septiéme de Juillet, & fut portée par deux nonces, le prevôt du Pui en Vélai & le précenteur d'Agde.

ข. 13.

77. 14.

le

En même temps, c'eft-à-dire de vingrme de Juillet, pape manda au cardinal Jean des Urfins, légat en Toscane, de fe rendre à Rome où à quelque lieu voifin, comme il jugeroit plus expédient pour y rétablir

J. Fill. x. 6. la paix & l'union. Le légat étoit à Florence, où le jour de la faint Jean vingt-quatrième de Juin, il publia

26.

C. 21.

dans la place de saint Jean de nouvelles bulles contre AN. 1327. Louis de Baviere; puis il marcha vers Rome le trentiéme d'Août pour exécuter fa commiffion, & réconcilier les Romains avec le roi Robert; qui fur la nouvelle de l'entrée de Louis en Lombardie, avoit envoïé fon frere Jean prince de la Morée, avec des troupes pour défendre l'entrée de fon roïaume. Ce prince s'avança jufques prés de Rome penfant y entrer, mais les Romains ne le voulurent pas recevoir; & le légat Jean des Urfins s'étant joint à lui, ils entrérent à Rome par furprise la nuit du lundi vingt-huitiéme de Septembre, & fe faifirent de l'églife & du quartier de S. Pierre: mais le jour étant venu, ils furent abandonés de ceux qui avoient promis de les foutenir, & aprés un fanglant combat ils furent contraints de fe retirer honteusement. C'eft ainfi que le légat exécuta fa commiffion.

XXXVI. Evêques intrus par

Louis.

c. 33.

p. 830.

Cependant Louis de Baviere étant parti de Milan le douzième d'Août, tint une diéte ou parlement en un château du Breffan nommé Orzi, où le trouverent tous les chefs de fon parti; & dans cette diéte il fit au "mépris du pape trois évêques, l'un à Crémone, l'autre à Come & le troifiéme à Citta di Caftello. L'évêque de Cremone étoit alors Ugolin de S. Marc de ghel. to. 4. l'ordre des freres Prêcheurs,établi par le pape le vingtuniéme de Mars cette année 1327. & celui que l'empereur voulut mettre à fa place fut un nommé Bandino, qu'Ugolin chaffa & fe maintint dix-fept ans dans le fiége de Cremone. Le fiége de Come étoit vacant par le decés de Leon Rambertengue de l'ordre des freres Mineurs ; & Franquino Rufca alors maître de Come fit élire évêque par le chapitre fon frere Valerien

to. 5. p. 307.

AN. 1327.

archidiacre de la même églife: mais le pape refusa de confirmer l'élection, parce que Franquino tenoit le parti de l'empereur Loüis, auquel pour ce fujet on attribuoit cette élection. Le premier de Janvier de l'année suivante 1328. le pape pourvût de cet évêché Benoît d'Afinago de l'ordre des freres Prêcheurs : ce qui produifit pendant fept ans une guerre civile dans le païs, mais enfin Benoît l'emporta. L'évêque de Citta di Caftello étoit Guillaume de l'ordre des Carmes, que to. 1. p.637. le pape en avoit pourvû en 1324. & celui que l'empereur y voulut mettre étoit de la famille Tarlati aparemment parent de l'évêque d'Arezzo.

Vill. x.c. 34.

Aprés la diette d'Orzi l'empereur paffa en Toscane & vint devant Pise, qui refufa de le recevoir, difant qu'il étoit excomunié, & n'étoit pas reconu pour empereur par l'églife,avec laquelle ils ne vouloient pas rompre, ni avec le roi Robert & les Florentins. L'empereur affiegea donc la ville de Pife depuis le fixiéme de Septembre 1327. jufques au huitiéme d'Octobre J. Vill. x qu'il la prit à compofition; & cette conquête le rendit grand & redoutable à tout le monde. Il demeura à Pife plus de deux mois.

6.35%

XXXVII.

Gui évêque d'Arezzo.

c. 36.

Gui Tarlati évêque d'Arezzo l'y avoit suivi, mais Mort de afant eû de groffes paroles avec Caftrucio en présence de l'empereur, il fe retira mécontent & retournant chés lui il tomba malade en chemin. Se voïant en danger il fe repentit du parti qu'il avoit pris, foit par chagrin,foit par remors de confcience;& en présence de plufieurs perfones religieux, clercs & féculiers, il reconut avoir failli contre le pape & contre l'églife: que Jean XXII, étoit homme jufte & faint, & que le Bavarois qui fe faifoit nomer empereur étoit hérétiFood

que & fauteur de Tyrans, loin d'être prince légitime. AN. 1327. Il promit avec ferment d'en faire dreffer des actes publics par plufieurs notaires; & fi Dieu lui rendoit la fanté, être toûjours obéïffant à l'église & au pape & ennemi de ceux qui lui étoient rebelles. Enfuite fondant en larmes, il demanda pénitence, reçut les facremens & mourut avec de grands témoignages de contrition le vingt-uniéme d'Octobre. Son corps fut porté à Arezzo & enterré avec grand honeur. Tou- Rain. n. 18. tefois le pape dona commiffion à fes nonces d'informer fi fa pénitence avoit paru férieufe, & fi l'on avoit pû lui doner la fépulture eccléfiaftique.

a

1327. avant

Lettres de

305.

Depuis l'entrée de l'empereur en Italie le Venitien XXXVIII. Marin Sanuto écrivit plufieurs lettres, qui fervent à Sanuto. l'éclairciffement de cette hiftoire. Dans la premiere epist. 16.p. datée du mois de Mars 1326. c'est-à-dire Pâques il dit : Puifque ce Bavarois eft venu, je croi, fauf meilleur avis, que ce feroit une bonne œuvre que le pape lui rendît fes bonnes graces; & quelque perfone pieufe devroit s'en entremettre pour faire ceffer tant de maux qui croiffent tous les jours. Ce que l'églife Romaine dépenfe en Italie pouroit être utilement emploïé aux affaires de la terre fainte, & on y feroit de grandes conquêtes. Si le pape fe réconcilioit avec le Bavarois, on pouroit aifément réconcilier ce prince avec le roi Robert & le duc de Calabre fon fils; & le roi Robert avec le roi Frideric. Vous favés les maux qui font venus à la Chrétienté de cette guerre de Sicile ; & on peut dire qu'elle a été caufe de la perte d'Acre & du refte de la terre fainte. De plus vous devés favoir que quand le Bavarois eft entré à Bergame,prés avoir paffé les monts, les religieux & les

Ece iij

« 이전계속 »