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clercs font venus au devant proceffionellement avec les croix hautes & suivis du peuple, chantant: Beni foit celui qui vient au nom du Seigneur. A son entrée les prifons furent ouvertes, & pendant quelques jours qu'il y féjourna on lui rendit tous les honeurs poffibles. Il en a reçu de femblables à Come, d'où il doit aller à Milan. Le légat de Lombardie eft à Boulogne qu'il fait fortifier autant qu'il peut & les autres places dont il eft maître. Mais ces Allemans font tres-braves; & les Lombards auffi, qui d'ailleurs font fins & malicieux, & ne se foucieroient pas qu'il arrivât un fchifme chés nous femblable à celui des Grecs, cc qu'à Dieu ne plaise.

Dans une autre lettre écrite la même année au légat de Lombardie Bertrand Poïet, il dit qu'il lui envoïe copie des lettres qu'il a écrites à la cour du pape & à celle du roi de France, au fujet de l'accomodement avec le Bavarois, & ajoûte: Je croi que les papes précédens ont eû bonne intention: mais s'ils avoient vû ce que nous voïons, ils ne fe feroient pas tant engagés à recevoir des domaines temporels fur tout en Italie, comme Nicolas III.des Urfins, qui reçut la feigneurie de Boulogne & de la Romagne. Vous conoiffés les Italiens & le déréglement de leurs mœurs par le long séjour que vous avés déja fait en Italie: quand le pape auroit eu Milan & tout le reste du païs, il n'auroit pû les garder long-temps en paix: les Italiens ne peuvent être gouvernés par des eccléfiaftiques à caufe de l'excés de leur malice & des crimes qui regnent chés eux. Et enfuite: Vous voïés le miférable etat de l'Italie, où l'on ne peut aller fans péril ni par terre ni par mer, au grand préjudice du com

merce. C'est pourquoi la Chrétienté a besoin d'une AN. 1327. bone paix, & je n'en vois point quant à présent d'autre moïen que d'avoir un empereur qui foit agréable à l'églife. Je fai par des gens du confeil du Bavarois qu'il feroit tres volontiers au pape toutes les foumiffions qui conviendroient à l'un & à l'autre, & je fuis certain que le comte de Hainaut fon beaupere feroit tres-propre à cette négociation fi on le vouloit é

couter.

née

Soit que ces confeils ne vinffent pas jufques au pape, ou qu'il ne les goutât point, il perfifta dans fon averfion contre Louis de Baviere, & fit une derniere conftitution contre lui, tandis qu'il étoit à Pife. Le pape y fait mention d'abord des conftitutions qu'il avoit faites touchant la pauvreté de J. C. c'est-à-dire des trois bulles, Ad conditorem, Cum inter nonnullos, & Quia quorumdam. Puis il dit avoir vû un libelle de Louis de Baviere contenant expreffément l'héréfie condampar ces bulles, qu'il a envoïé en divers lieux d'Allemagne & d'Italie. C'est fans doute la protestation du vingt-deuxième Octobre Le 1324. pape ajoûte : Deux méchans, l'un nommé Marfile de Padouë & l'autre Jean de Jandun ont été trouver Loüis, & lui ont presenté un livre plein d'erreurs qu'ils ont enfeignées dans les terres,& même publiquement en fa préfence. Et quoiqu'il fût averti par quelques favans catholiques que cette doctrine étoit hérétique, & que Marfile & Jean devoient être punis comme tels; il n'a pas laiflé de les retenir & les admettre en fa familiarité.

De plus, quoi qu'excomunié par diverfes fentences, il a fait célébrer l'office divin en des lieux interdits,

p. 310.

XXXIX. Bulles conB.& Marfile. J. Villani.

tre Louis de

x. c. 37. Rain. 1327.

Sup.liv.xc11. พ. 63..

XCIll.n.fI3.

Sup. n. 12.

3.21.

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n. 22.

AN. 1327. quelquefois même contre la volonté des curés ou des religieux qui deffervoient les églifes: ce qui le rend fufpect d'héréfie, comme méprifant le pouvoir des clefs. Le pape raporte enfuite comment il l'a admon. 25. 26. nété & cité plufieurs fois de la maniere dont le peut être un homme qui ne donne pas libre accés auprés de lui; & enfin il le déclare coutumax & convaincu d'héréfie, pour laquelle il le condamne judiciairement: le privant de toutes dignités, de tous biens, meubles ou immeubles, de tout droit au Palatinat du Rhein & à l'empire; & défendant à qui que ce foit de lui obéïr, le favorifer qu lui adhérer. La bulle eft du vingttroifiéme d'Octobre 1327.

Rain. 1327.

N. 27.35.

23.

Ce même jour le pape dona une autre bulle contre Marfile & Jean : c'est-à-dire contre leur ouvrage intitulé, le Défenseur de la paix. Le pape réduit leurs erreurs à cinq principales. 1. Quand J. C. païa le tribut de deux dragmes, il le fit parce qu'il y étoit obligé ; Matth.xvII. & par conféquent les biens temporels de l'églife font foumis à l'empereur. 2. S. Pierre ne fut pas plus chef de l'églife que chacun des autres apôtres: il n'eût pas plus d'autorité qu'eux: J. C. n'en a fait aucun fon vicaire ni chef de l'église. 3. C'est à l'empereur de corriger & punir le pape, l'inftituer & le déftituer. 4. Tous les prêtres, le pape, l'archevêque, le simple prêtre, ont une égale autorité par l'inftitution de J.C. même pour la jurifdiction; & ce que l'un a de plus que l'autre vient de la conceffion de l'empereur, qui peut la révoquer. 5. Le pape ni toute l'église ensemble ne peut punir perfone quelque méchant qu'il foit, de peine coactive, fi l'empereur ne lui en done l'autorité. Le pape condamne ces cinq articles comme hérétiques,

AN. 1327.

Calmet für

rétiques, & Marfile & Jean comme héréfiarques. Sur le premier article il faut obferver que Marfile fupofoit avec quelques interprétes, que les deux dragmes païées par J. C. étoient un tribut à l'empereur: mais dans la verité, c'étoit la capitation que chaque Ifraëlite païoit à Dieu fuivant la foi de Moïse, Ex. xxx. 13. & qui étoit emploïée aux réparations du temple. V. D. Aug. C'est pourquoi j.C. déclare à S. Pierre qu'il en eft exempt comme fils de Dieu. La condamnation du 23. cinquième article tend à la confufion des deux puiffances, la spirituelle & la temporelle: car les peines coactives apartienent à la derniere, que J.C. n'a point donée à fon églife: comme le clergé de France l'a declaré folemnellement en 1682.

pape

Matt. XVII.

Declar. cleri
Gallic. 19.

Mart.

XL.

Nouveaux

to.

753.&c.

Le vendredi des quatre temps de l'avent, dix-huitiéme jour de Décembre 1327. le fit dix cardi- cardinaux. naux en une troifiéme promotion: favoir Jean de Baluz. vit. Cominges premier archevêque de Toulouse, Ani- . . p. 140. baldo Caïetan Romain, archevêque de Naples, Ja- J. Vill. x. ques Fournier évêque de Mirepoix, depuis pape, Rai- c. 53. mond de Moustejols évêque de S. Papoul, Pierre de Mortemer évêque d'Auxerre & auparavant de Viviers, cardinal prêtre du titre de S. Etiene, Pierre de Chapes évêque de Chartres, cardinal prêtre du titre de S. Martin des Monts, Matthieu des Urfins de l'ordre des freres Prêcheurs archevêque de Siponte, Pierre Gomès de Barros ou de Toléde évêque de Cartagéne, cardinal prêtre du titre de fainte Praxede, Jean Colonne Romain, cardinal diacre du titre de S. Ange, fouvent loüé dans les lettres de Petrarque, Imbert du Pui natif de Montpellier, parent du pape, cardinal prêtre du titre des douze apôtres. Voilà Fff

Tome XIX.

AN, 1328.

XLI.

à Rome.

J. Vill. x.

C. 49.

n. 38.

les dix cardinaux de cette promotion.

Cependant Louis de Baviere marchoit vers Rome, Louis de B. étant parti de Pife dés le quinziéme de Décembre, & ne trouvá point d'obstacle de la part du duc de Calabre ni du légat de Lombardie, qui devoient joinRain. 1327. dre leurs forces pour s'opofer à son paffage, comme le pape s'y attendoit. Louis arriva donc à Viterbe le fecond jour de Janvier 1328. & là s'étant affuré d'être bien reçu à Rome, il en partit le mardi cinquiéme du Vill. c. 55. même mois & entra à Rome, le jeudi feptiéme. Il fut reçu tres agréablement, & defcendit au palais de S. Pierre, où il demeura quatre jours: puis il paffa le tibre & alla loger à fainte Marie majeure. Le lundi fuivant il monta au Capitole & tint un grand parlement.ou assemblée à laquelle fe trouva tout le peuple qui aimoit sa domination. Guerard Orlandin évêque Ughell. to.3. d'Aleria dans l'ifle de Corfe, & auparavant de l'ordre $35.60 des Auguftins, porta la parole pour Louis remerciant le peuple de Rome de l'honeur qu'il lui avoit fait & promettant de le protéger & le relever. Le peuple s'écria: Vive notre feigneur le roi des Romains; & en cette affemblée on régla le couronement pour le dimanche suivant, dix-feptiéme du même mois de Janvier. Avec Loüis étoient venus à Rome plufieurs prélats, clercs & religieux de tous les ordres Mandians révoltés contre le pape: ce qui fut caufe que plusieurs clercs & religieux catholiques se retirerent de la ville, qui demeura interdite : en forte qu'on n'y fonoit point les cloches & on n'y chantoit point l'office divin, fi ce n'étoit de la part des fchifmatiques. Louis chargea Sciarra Colonne d'y contraindre les catholiques: mais ils y réfifterent, & un chanoine de

P: 713.

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