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6. 70.

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AN. 1328. Petant le pouroit juger, foit qu'il en fut requis ou non; & que cette loi s'étendroit aux crimes déja commis comme à ceux qui fe commettroient à l'avenir. Le lundi fuivant dix-huitiéme d'Avril, il tint un parlement femblable au même lieu où il vint revêtu de la pourpre, la courone en tête, le fceptre d'or à la main droite, & la pome ou globe à la gauche. Il s'affit fur un trône riche & élevé, en forte que tout le peuple le pouvoit voir, & il étoit entouré de prélats, de feigneurs & de noblesse. Quand il fut affis il fit faire filence, & un Auguftin nommé Nicolas de Fabriano s'avança & cria à haute voix : Y a-t'il ici quelque procureur qui veuille défendre le prêtre Jaques de Cahors, qui fe fait nommer le pape Jean? ce qu'il cria par trois fois; & perfone n'aïant répondu; un abbé d'Allemagne fort lettré s'avança, & prêcha en Latin éloquemment,prenant pour texte ces paroles : c'est ici 4.Reg.v11.9. un jour de bonne nouvelle.

Baluz.v.to.2.

P. 512.

Ensuite on lut une fentence fort longue où l'empereur dit en fubstance : Dieu qui a établi le facerdoce & l'empire indépendans, afin que l'un administre les chofes divines,& l'autre les chofes humaines, nous a élevé à l'empire Romain pour exterminer les méchans & procurer la paix à nos fujets. C'est pourquoi ne pouvant plus tolerer les crimes énormes de Jaques de Cahors, qui fe dit pape Jean XXII. nous avons quitté notre demeure & nos enfans encore en bas âge, nous fommes venus promtement en Italie & à Rome notre fiége principal, où nous fommes entrés fans réfiftance, & y avons reçu la courone, fait reconoître notre puiffance & reprimé les rebelles. Or nous avons reconu que leur révolte venoit des ufurpations

pations du prétendu pape, & que l'impunité ne fai- AN. 1328foit que l'encourager à commettre de nouveaux excés. Il a amaffé des tréfors fous prétexte du fecours de la terre fainte, tant par des extorfions violentes fur le clergé de toute l'églife, que par les collations fimoniaques des bénéfices, qu'il done à des fujets qui n'ont ni l'âge, ni les mœurs, ni la capacité requises: outre les indulgences qu'il promet pour folde à des P. S14. homicides, ne ceffant de femer la division dans notre empire.

Il engage les miniftres de l'églife à emploïer le glaive materiel, dont l'ufage leur eft interdit par les canons; & profane le facerdoce de J.C.empliffant de fang les mains des cardinaux fes légats en Italie, des prélats & des autres eccléfiaftiques. En forte qu'on peut l'apeller Ante-chrift myftique, ou du moins précurfeur de l'Ante-chrift. Il a refufé aux Chrétiens limitrophes des Sarafins, comme les Armeniens & les Ruffes, le fecours qu'ils lui ont inftament demandé pendant cinq ans ; & a enjoint au maître des chevaliers Teutoniques d'observer la tréve avec les infidéles de Pruffe, fous prétexte d'étendre la foi: ce qui a Sup.n. 9. doné occafion à ces barbares de maffacrer quantité de Chrétiens, même des enfans au berceau, d'en emmener grand nombre en captivité, de violer des religieufes & d'autres femmes, de profaner des églises & même le facré corps de J.C. qu'ils perçoient de leurs lances&l'élevoient en difant: Voilà le Dieu des Chrétiens. Il a détourné plufieurs galéres que le roi de France envoïoit au roi d'Armenie, pour les emploïer contre les Génois nos fujets.

Il s'eft attribué par ufurpation les deux puiffances,
Ggg

Tome XIX.

Matt.xx11.21

Jo. VI. IS.

AN. 1328 l'impériale & la facérdotale,que J.C. a voulu être diftinctes & en différentes perfones; comme il a montré quand il a dit : Rendés à Céfar ce qui est à César, & à Dieu ce qui eft à Dieu. Quand il s'enfuit feul fur la montagne pour éviter d'être enlevé & reconu roi. Quand il dit à Pilate: Mon roïaume n'eft pas de ce monde. Auffi les canoniftes reconoiffent que le pape n'a pas l'une & l'autre jurifdiction, & que nous avons feul la puiffance temporelle. C'eft pourquoi nous l'avons par l'élection feule, fans avoir befoin d'aucune confirmation de la part des hommes. Nous favon's encore que nous fommes chargés de la protection de l'église, dont nous rendrons compte à Dieu feul ; & qu'en cette qualité nous devons venir au fecours des cardinaux, des évêques & des autres prélats, qui n'ont pû jufqu'ici par leurs remontrances empécher cet homme de détruire la difcipline eccléfiaftique: comme il fait en caffant les élections canoniques de perfones capables, pour réferver à fa volonté la collation des églises cathédrales: afin d'en exclure les bons fujets & y en mettre d'indignes & fes femblables. De plus, pendant tout fon pontificat il a privé de sa résidence perfonelle cette fainte ville de Rome, quoique fon peuple lui ait envoïé pour l'y rapeller plufieurs ambaffades folemnelles : au contraire il fait prêcher la croifade contre les Romains comme contre des infidéles.

p. 518.

C'eft pourquoi nous avons réfolu d'ufer de l'autorité qui nous a été donée d'enhaut, pour la puni

tion des méchans & la loüange des bons, comme dit 3. Pet. 11.14. faint Pierre, & du glaive que nous ne portons pas en Rom. x111.4. vain, comme dit S. Paul. Nous voulons auffi fuivre

.

y

P. 520.

l'exemple de l'empereur Otton I. qui avec le clergé & AN. 1328, le peuple de Rome, dépofa le pape Jean XII. & fit ordoner un autre pape; & trouvant Jaques de Cahors convaincu d'hérélie par fes écrits contre la parfaite pauvreté de J. C. & de lése majesté, par fes injuftes procédures faites contre l'empire en notre perfone: nous le dépofons de l'évêché de Rome, par cette fentence donée de l'avis unanime & à la réquifition du clergé & du peuple Romain, de nos princes & prélats Allemans & Italiens & de plufieurs autres fidéles, étant encore induits par les inftantes prieres de plufieurs findics du clergé & du peuple Romain, chargés de commiffion spéciale & par écrit. En conféquence ledit Jaques étant dépouillé de tout ordre, office, bénéfice & privilége eccléfiaftique, nous le foumettons à la puiffance féculiere de nos officiers, pour le punir comme hérétique. Et enfuite: Or voulant pourvoir inceffament d'un pasteur catholique à Rome & à toute l'églife, nous ordonons à tous les Chrétiens d'éviter ledit Jaques comme notoirement convaincu d'héréfie, fous peine de privation de tous les fiefs qu'ils tiennent de l'empire & de tous priviléges. Cette fentence étoit feellée en bulle d'or.

LVI. n.5.6.7.

L'exemple d'Otton I. que Loüis y allégue, ne lui eft pas favorable. J'ai raporté en fon lieu ce qui fe paffa Sup. liv. à la dépofition du pape Jean XII. en 963. L'empereur Otton, à la priere des Romains, assembla un grand concile dans l'église de S. Pierre, où se trouverent environ quarante évêques, dont il n'y avoit que quatre Allemans en comptant l'archevêque de Brême: tous les autres étoient des diverfes parties d'Italie : il y avoit auffi seize cardinaux de l'église Romaine. L'em

AN. 1328, Percury affiftoit,non comme juge,mais comme partie, & y porta fes plaintes contre le pape: qui aïant été cité deux fois fut déposé par le concile & l'empereur prié de le chaffer de l'églife. Quelqu'ignorance qui regnât au dixiéme fiécle, la tradition de l'anciene difcipline subsistoit, & on fe fouvenoit encore de la forde juger les évêques. Je fai que le cardinal Baronius & les compilateurs modernes des conciles, traitent celui-ci de conciliabule, mais c'eft de leur autorité particuliere qu'ils lui donent ce titre,

Bar. an.963.

to. 10. p.775.

to.9. conc. p.

648.

XLV.

die de Ja

ne.

J. Vill. x.
C. 71.

me

Quatre jours aprés que cette fentence eut été proAction har- noncée contre le pape Jean XXII. favoir le vingtques Colon- deuxième d'Avril, Jaques Colonne fils d'Etiene vint à Rome dans la place de S. Marcel, où en présence de plus de mille Romains qui y étoient affemblés, il tira une bulle du pape contre Louis de Baviere, que perfone n'avoit encore ofé publier à Rome. Il la lut éxactement & dit: Il eft venu aux oreilles du clergé de Rome qu'un certain findic a comparu devant Louis de Baviere, foi-disant empereur, au nom du clergé de Rome & un autre au nom du peuple : & que celui du clergé a propofé des accufations contre le pape Jean XXII. mais ce prétendu sindic n'étoit pas véritable, puifque les chanoines de S. Pierre, de S. Jean de Latran, & de fainte Marie majeure, qui font les premiers du clergé de Rome, les autres eccléfiaftiques les plus grands, aprés eux les abbés, les religieux & les freres Mandians, étoient déja partis de Rome il y a plufieurs mois, à caufe des excomuniés qui y étoient entrés; autrement s'ils y étoient demeurés, ils auroient été excomuniés eux-mêmes. C'est pourquoi je m'oppose à ce qui a été fait par Louis de Baviere,

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