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Jean, privés de tous leurs bénéfices, que nous réservons, ajoûte-t'il, à notre difpofition. La feconde bulle regarde les laïques ausquels il défend d'obéïr en aucune maniere à Jaques de Cahors, c'est-à-dire au pape Jean, ou le nommer pape, fous peine d'être punis comme hérétiques.

AN. 1328.

Ughel. to. 3.

c. 98.

Cependant les affaires de Louis de Baviere com- Rain. n. 48. mencérent à décliner. Il perdit Pistoie où fut pris un nommé Donat Augustin, que l'anti-pape en avoit fait évêque ; & Barenzo Ricardi qui en étoit évêque légitime y fut rétabli. Loüis lui-même aïant pris quelques p. 373. places autour de Rome & tenté inutilement d'entrer dans le roïaume de Naples, fut obligé manque de vivres & d'argent de rentrer à Rome le vingtiéme de Juillet. Enfin ne pouvant plus y demeurer en fûreté, J.Vill.c.78, il en fortit le quatrième d'Août & s'en alla à Viterbe emmenant avec lui fon anti-pape. Les Romains les traitoient d'hérétiques & d'excomuniés, & crioient contre eux: Qu'ils meurent, qu'ils meurent, & vive la fainte église. Ils leur jettoient des pierres & tuérent de leurs gens. La nuit même Barthold des Urfins neveu du cardinal légat, entra dans Rome avec les troupes; & le matin vint Etiene Colonne. Le cardinal légat Jean des Urfins y vint le dimanche feptiéme d'Août avec fa fuite & fut reçu avec grand honeur & grande joïe. Rome étant ainfi revenuë à l'obéïssance du pape; on fit plufieurs actes contre Louis de Baviere & l'antipape: on brûla dans la place du capitole tous leurs priviléges; les enfans même alloient au cimetière déterrer les corps des Allemans & des autres partifans de Louis, & aprés les avoir trainés par la ville, ils les jettoient dans le Tibre.

AN. 1328.

Rain. n. 5o.

LIII.

Michel de Cefene ré

lc

pape.

Vading.

1327.n.6.

Le pape Jean aïant reçu à Avignon cette heureuse nouvelle, en dona part au roi Philipe de Valois par une lettre où il ajoûte, que quand fon légat entra à Rome le peuple crioit: Vive la fainte églife notre mere, notre faint pere le pape Jean & le cardinal légat, & meure Pierre de Corbiere, les hérétiques & les Patarins & les autres traîtres. Et enfuite le faint fuaire de N. S. que quelques Romains gardoient avec grande crainte dans l'église de Notre Dame de la Roronde, fut reporté par le légat à S. Pierre la veille de S., Laurent, c'est-à-dire le neuviéme d'Août avec grande dévotion du clergé & du peuple, qui fuivoit; & il fut remis à fa place honorablement. La lettre du pape eft du vingt-huitiéme d'Août.

Michel de Cefene général de l'ordre des freres Mineurs, homme de grande réputation pour la doctrivolté contre ne & la vertu, fe retira alors de l'obéïffance du pape Jean pour s'attacher à Louis de Baviere & à l'antipape. Dés l'année précédente le pape averti qu'il parloit contre la décrétale Cum inter non nullos, & favorifoit en fecret le parti de l'empereur: lui manda de fe rendre à Avignon dans un mois pour quelques affaires de fon Ordre. La lettre étoit du huitiéme de Juin 1327. Michel étoit alors malade à Tivoli & envoïa deux de fes confreres faire fes excufes, puis é tant gueri il vint à Avignon où il arriva le premier Decembre. Le pape le reçut honêtement & ne lui parla que du relâchement de l'observance en quelques provinces & du mauvais gouvernement de quelques fuperieurs ; & pour y remédier, il lui dona de grands pouvoirs. Mais il ajouta une défense à Michel de Cefene de fe retirer de fa cour fans fa permiffion particuliere:

particuliere ce qui déplut extrémement à ce reli- AN. 1328. gieux, lui faifant foupçoner que le pape étoit irrité

contre lui.

12.

L'année fuivante 1328. le famedi dans l'octave de Pâ- Id. 1328. n. ques c'est-à-dire le neuviéme d'Avril, le pape fit venir Rain. n. 61. Michel de Cefene en fa préfence & du cardinal Bertrand de la Tour, de frere Pierre de Prato miniftre de la province de S. François, de frere Raimond de Lados procureur de l'Ordre,& de frere Laurent de Coello bachelier d'Avignon. Le pape fit devant eux une violente réprimende à Michel, l'accufant d'être téméraire, opiniâtre, fauteur de Louis de Baviere & des hérétiques. Enfin, ajouta-t’il, vous avés été assés hardi pour établir dans le decret de votre chapitre général de Perouse l'opinion condamnée fur la pauvreté de J. C. pendant qu'on l'examinoit devant nous & les Sap.liv.xctr cardinaux. A ces reproches le pape ajouta la défense." réïterée de fe retirer de la cour. Michel répondit infolemment & résista en face au pape : niant ce qu'il lui reprochoit, & foutenant que la décifion de Pérouse étoit catholique en tout, conforme à l'écriture & aux decrets des autres papes, particuliérement à celui de

Nicolás III.

n. $9.

Le pape Jean encore plus irrité affembla des doc- Vad. n. 13. teurs pour examiner les réponses de Michel, le voulant faire condamner comme hérétique. Entre ces docteurs étoit Pierre Roger moine & abbé de Fescamp depuis pape Clement VI. qui écrivit un traité fur ce fujet. Or Michel fachant que la conclufion prife en cette affentblée ne lui étoit pas favorable, & craignant que le pape ne l'obligeât à se rétracter ou à révoquer la décifion de Peroufe,il apella de la défense

Tome XIX.

Iii

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AN. 1328. que le pape lui avoit faite de se retirer, des décrétales qu'il avoit publiées fur la queftion de la pauvreté; & en général de tout ce que le pape feroit en cette affemblée contre lui & contre les freres mineurs.

2.14.15.&c.

Quelque indigné que fut le pape de ce procédé, il ne publia encore aucune fentence contre Michel. Il fe contenta de le retenir à Avignon, fans lui permettre d'aller au chapitre général, qui se devoit tenir à Boulogne le vingt-deuxième de Mai, jour de la Pentecôte. Pour y présider en fon absence il commit le cardinal Bertrand Poïet, légat en Lombardie, qui fuivant les inftructions fecrétes du pape, voulut faire dépofer Michel & élire un autre général : mais le roi Robert follicita pour lui & il fut confirmé par le chapitre. En lui envoïant le decret de confirmation, on le prioit de faire affembler à Paris le chapitre prochain, pour fatisfaire au défir de la reine Jeanne de Bourgogne. Mais avant que les lettres du chapitre de Boulogne arrivaffent à Avignon, Michel de Cefene en étoit parti. Ils'enfuit le jeudi vingt-fixiéme de Mai fur le foir, avec Guillaume Ocam & Bonegrace de Bergame; & monta dans une barque au port d'AigueRain. n. 62. mortes, puis dans une galére armée qu'il s'étoit fait envoïer par Louis de Baviere.

Le pape l'aïant apris la nuit même, envoïa le lendemain le cardinal Jean de Cominges évêque de Porto avec quelques autres, pour ramener Michel de gré ou de force. Ils arrivérent avant que la galére fût partie : mais le patron amusa si bien le cardinal qu'il ne pût voir Michel ni fes compagnons On lui envoïa toutefois une citation à laquelle il répondit, qu'il ne vouloit point retourner vers le pape, qui le perfécutoit

fans raison, & qu'il apelloit de rechef de fes pourfui- AN. 1328. tes. Il partit ainsi & arriva bientôt à Pise auprés de l'empereur.

Peu de temps aprés fon départ arrivérent à Avignon les freres qui aportoient le decret du chapitre de Boulogne, pour le confirmer dans le généralat. Mais le pape étant en grande colére caffa ce decret & publia une fencence contre Michel, où il difoit en fubftance: Il a répandu, tant à Rome qu'ailleurs plusieurs difcours contre la foi & en faveur des hérétiques. Etant apellé en justice il a emploïé diverses chicanes pour ne fe pas préfenter : il a maltraité les gens de bien & affectionés à l'églife, & avancé ceux qui prenoient part à de mauvais deffeins. Nous aurions pû justement le mettre en prifon pour tous ces crimes, mais nous avons épargné l'honeur de l'Ordre dont il étoit le chef, & nous nous fommes contentés de lui défendre de fortir d'Avignon. Mais enfuite aïant apris l'intrusion faite à Rome par Louis de Baviere d'un religieux de fon Ordre, à laquelle on dit qu'il avoit afpiré pour lui-même: il s'eft retiré d'Avignon nuitament & en cachéte avec quelques méchans ses complices, entre autres Bonnegrace du même Ordre, que nous avions arrêté en notre cour pour ses fautes, & un Anglois nommé Guillaume Ocam, contre lequel étoit pendante une information commencée depuis long-temps par notre autorité, à cause de plufieurs opinions erronées & hérétiques qu'il avoit écrites & enfeignées. C'eft pourquoi nous avons déposé Michel de Cesene de la charge de ministre général des freres Mineurs, & de l'avis des cardinaux, nous en avons doné l'exercice à Bertrand de la Tour cardi

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