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AN. 1303.

XXV.

Conftitution fur les privileges des freres Mendians.,

pult.

divin & administrant publiquement les facremens. Ils
pafferent même jusqu'à ce point d'audace, qu'ils af-
femblerent le peuple & aïant allumé les lampes ils dé-
clarerent à haute voix excommuniés le pape, tous les
évêques de Hongrie & les religieux.

Vers le même temps le pape Boniface fit une conftitution pour regler les differends des prélats & des curez avec les freres Prêcheurs & les frères Mineurs, touchant les prédications, les confeffions & les fepultures. Afin donc de mettre la paix entre eux, il ordonne que les freres de ces deux ordres pourront prêcher librement dans leurs églises & dans les places 6.2. Extrav. publiques; excepté l'heure à laquelle les prélats precom. de Se- cheront ou feront prêcher en leur prefence. Dans les églifes paroiffiales ils ne prêcheront qu'à la priere ou du confentement des curés. Quant aux confeflions, les superieurs des freres se presenteront aux prélats pour leur demander humblement que les freres qu'ils auront choifis puiffent entendre les confeflions de ceux qui s'adrefferont à eux & leur donner l'abfolution. Enfuite les fuperieurs choifiront des perfones capables de cette fonction & les prefenteront aux prélats, pour obtenir la permiffion de l'exercer. Si les prélats en refusent quelqu'un, les fuperieurs en substitueront un autre: mais s'ils les refusent tous, nous leur donnons pouvoir, dit le pape, d'administrer le facrement de penitence.

A l'égard de la fepulture, les freres la pourront accorder librement chez eux à tous ceux qui le defireront: mais à la charge de donner aux curés le quart de tout ce qui leur fera laiffé à cette occafion: fans que les curés de leur part puiffent rien exiger au-delà. Au

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refte, nous exhortons les prélats & les curés & leur AN. 1303. enjoignons de traiter favorablement les freres fans fe rendre durs & difficiles à leur égard, autrement ils doivent favoir qu'outre l'indignation de Dieu qu'ils s'attireroient, le S. fiége ne manqueroit pas d'y pourvoir.

Dés l'année 1300. le dix-huitiéme de Fevrier, Bo- c. 1. cod. niface avoit fait une autre conftitution pour abolir l'ufage de mettre en pieces les corps morts des princes ou des autres perfones conftituées en dignité pour les faire bouillir, confunier les chairs & tranfporter les os en païs éloigné: comme nous avons vû que l'on en Sup. liv. ufa à l'égard de S. Louis. Le pape traite cette coutume LXXXV1.7.10. de barbarie deteftable, qu'il défend absolument, fous peine d'excommunication contre ceux qui la pratiqueront & de privation de fepulture ecclefiastique à l'égard des corps ainfi depecés.

XXVI.

Suite des

face.

Differ. p. 95.

P. 98,

Le pape Boniface continuoit de témoigner fon mécontentement touchant les réponses du roi Philipe, accufations comme on voit par trois lettres du même jour trei- contre Boniziéme d'Avril 1303. l'une au cardinal le Moine, l'autre à Charles de Valois qu'il qualifie comte d'Alençon, la troifiéme à l'évêque d'Auxerre Pierre de Belleperche. Et par une autre lettre du même jour adreffée au cardinal, il déclare que le roi a encouru l'excommunication generale contre ceux qui empêchent d'aller à Rome. Nous n'avons point reçu,ajoûte-t'il,les excuses qu'il nous a fait propofer par fes envoïés, comme les jugeant frivoles: nous vous ordonnons de le dénoncer excommunié : nous excommunions auffi tous ceux qui oferont lui adminiftrer les facremens où celebrer la messe devant lui, de quelque condition qu'ils

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Differ.p.101.

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Ari. 1. 2.

foient, fuffent-ils évêques ; & nous les interdifons de toute fonction. De plus, vous ordonnerés au pere Nicolas de l'ordre des freres Prêcheurs, jadis confeffeur du roi, de fe prefenter en perfone devant nous dans trois mois, pour être traité felon ses merites.

Le roi Philipe de fon côté tint une assemblée à Paris dans fa chambre au Louvre le Jeudi treiziéme de Juin 1303. où se trouverent plufieurs évêques & abbés & plufieurs feigneurs & autres nobles. Là le comte d'Evreux, Loüis frere du roi, Gui comte de S. Paul, Jean comte de Dreux & Guillaume du Pleffis. chevalier, fe déclarerent parties contre le pape Boniface: difant que l'églife étoit en grand danger fous fa conduite, & qu'il étoit neceffaire de lui pourvoir d'un pasteur legitime, attendu que Boniface étoit coupable d'herefie & de plufieurs autres crimes detestables. Ce qu'ils jurerent fur les évangiles comme le croïant veritable; & Guillaume du Pleffis ajoûta,qu'il le pouvoit prouver foit dans un concile general ou ailleurs : demandant au roi comme au champion de la foi qu'il procurât la tenue du concile & en requît instamment les prélats, comme faisoit toute la nobleffe. Les prélats dirent, que l'affaire étoit tres-difficile, & qu'elle avoit befoin d'une meure déliberation; aprés quoi ils fe retirerent.

Le lendemain Vendredi quatorziéme de Juin, en prefence du roi, des prélats & des feigneurs, Guillaume du Pleffis lût dans un écrit qu'il tenoit en main vingt-neuf articles d'accufations contre Boniface, dont voici les principaux. Il ne croit point l'immortalité de l'ame, mais il croit qu'elle perit avec le corps; & par confequent qu'il n'y a de bonheur à ef

perer

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perer qu'en cette vie. Il ne croit point que le corps A N.
de J.C. foit en l'hoftie confacrée, & ne lui rend point
ou peu de refpect. Le bruit commun eft qu'il dit que
la fornication n'eft pas un peché. Il a fouvent dit
que pour abaiffer le roi & les François, il fe précipi-
teroit, & tout le monde & toute l'église. Il est for-
cier & confulte les devins. Il a prêché publiquement
que le pape ne peut commettre de fimonie, ce qui eft
une herefie. Il a fait fraper en fa prefence plufieurs
clercs qui en font morts. Aiant fait mettre en prifon
un gentilhomme il défendit qu'on lui adminiftrât le
facrement de penitence qu'il demandoit à l'article de
la mort. Ce qui fait juger qu'il ne croit pas la neceffi-
té de ce facrement. Il a contraint quelques prêtres à
lui révéler des confeffions qu'il a depuis publiées. Il
n'observe ni les jeûnes ni les abftinences de l'églife,
mangeant de la viande indifferemment en tout temps
& fans cause ; & il fouffre que fes domeftiques en
usent de même, disant qu'il n'y a point de peché.

Il déprime les moines & les ordres des freres Mineurs & des Prêcheurs, dont il a dit fouvent qu'ils perdoient le monde, que c'étoient des hypocrites, & que jamais il n'arriveroit de bien à celui qui fe confeffe à eux, ou qui les retient chez lui. Il a voulu empêcher la paix entre la France & l'Angleterre, & engager Frideric qui tient la Sicile, à faire la guerre à la France. Il a confirmé le roi d'Allemagne Albert, & declaré publiquement qu'il le faifoit pour détruire la fuperbe nation des François, qui difoient n'être fou mis à perfone pour le temporel: ajoûtant qu'ils en' avoient menti par la gorge, & difant anathême à quiconque difoit qu'ils ne font pas foumis au pape &

Tome XIX.

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à l'empereur, fût-ce un ange defcendu du ciel. Et toutefois il avoit souvent dit publiquement qu'Albert étoit un traître & le meurtrier de fon feigneur. On dit hautement qu'il eft fimoniaque & la fource de la fimonie, pour les benefices, les ordres & les difpenfes: le tout afin d'enrichir fes parens, leur donner des feigneuries & leur faire bâtir des forteresses.

Aprés la lecture de cette accufation Guillaume du Pleffis protesta qu'il ne l'avoit avancée par aucune haine particuliere contre Boniface, mais feulement par zele pour la foi & par devotion envers l'église & le faint fiége: puis il réitera fa requête au roi & aux prélats pour la convocation d'un concile ; & cependant pour fe garantir des pourfuites que pourroit faire Boniface, il en apella au concile futur & au faint fiége en adherant à l'appel & aux procedures de Guillaume de Nogaret. Ensuite le roi fit lire fon acte d'apel, portant en substance, qu'après avoir entendu ce qui a été propofé par Nogaret & par du Pleffis, il eft d'avis de convoquer le concile, où il prétend assister en perfone: offre de le procurer de tout fon pouvoir, & prię inftamment les prélats d'y travailler de leur côté. Cependant il apelle au concile de toutes les procedures que pourroit faire Boniface. Les prélats formerent auffi leur apel portant les mêmes clauses aufquelles ils ajoûtent, qu'ils y font contraints par une espece de neceffité & qu'ils ne veulent point fe rendre parties. Or ils étoient au nombre de trente-fept: cinq archevêques, favoir de Nicofie en Chipre, de Reims, de Sens, de Narbone & de Tours : vingt-un évêques & onze abbés entre autres ceux de Clugny, de Premontré & de Cîteaux, On peut ici remarquer le refpect

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