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AN. 1332.

XXV.

Alvar Pela

gc.

Val. to. 3.

mée contre l'inquifiteur du païs Albert de Caftellaire de l'ordre des freres Précheurs, & tuérent un curé qu'ils foupçonoient de les avoir dénoncés à ce reli– gieux, & l'affiégérent lui même dans un château, en forte qu'il fut obligé de quiter le païs. Le chef de ces hérétiques étoit un nommé Martin Paltre, qui préchoit contre le mystére de l'incarnation & la préfence réelle au S. facrement. Il avoit échapé à tous les inquifiteurs qui avoient été en Piémont depuis vingt ans: mais il avoit été pris & l'inquifiteur de Marseille le tenoit dans fes prifons. C'eft pourquoi le pape lui ordone de remettre ce prifonier à l'inquifiteur de Piémont Albert: afin qu'il puiffe informer contre lui & les autres hérétiques, & même les mettre à la queftion, s'il eft befoin. La lettre eft du fixiéme de Juillet.

Un des plus zelés défenfeurs du pape Jean XXII. contre les freres Mineurs schismatiques, fut Alvar Pelage Espagnol, religieux du même Ordre, que le Regeft.p.322. Pape fit évêque de Coron dans la Morée, par bulle Id. Script.p. du feiziéme de Juin de cette année 1332. Alvar étoit De planetu.c. à Avignon où le jour de N. D. des Neiges cinquiéme 3 d'Août de la même année, il acheva fon grand ou

15.

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vrage des Plaintes de l'églife, qu'il avoit commencé en 1330. au même lieu, où il réfidoit en qualité de péBaluz.vit.to. nitencier du pape. Il dédia cet ouvrage à Pierre Gomés prêtre cardinal du titre de fainte Praxéde.

1. p. 765..

Voici comme il y parle de la puiffance du pape. Le pape a la jurifdiction univerfelle dans tout le monPlanet. lib. 1. de, non-feulement pour le fpirituel, mais pour le temporel : quoiqu'il doive exercer la puiffance du glaive & de la jurifdiction temporelle par l'empereur légitime fon fils, & par les autres princes. Et enfuite: Le pape

c. 13.

prive les rois de leurs roïaumes & l'empereur de l'em- AN. 1332. pire. Et encore: Les ames font plus précieuses que les corps, & les choses spirituelles plus dignes que les temporelles: donc celui à qui on a confié les premieres,on doit bien plutôt lui confier les autres, qui n'en font qu'un acceffoire. De plus, J. C. établiffant S. Pierre Sup. liv. fon vicaire, lui a doné toute la jurifdiction qu'il avoit, puifqu'il ne l'a point partagée, & n'en a rien excepté.

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Les empereurs païens n'ont jamais rien poffedé juftement, prenant théologiquement le mot de juftice parce que celui qui n'eft pas véritablement soumis à Dieu, mais lui eft oppofé par l'idolatrie ou l'hérésie, ne peut rien pofféder véritablement fous lui. Donc les roïaumes des païens font justement revenus à l'église à laquelle ils apartenoient auparavant, & fur laquelle ils les avoient ufurpés: car de droit divin tout apartient aux juftes. Et enfuite: Aucun empereur n'a légitimement usé du glaive s'il ne l'a reçu de l'église Romaine. C'est pourquoi Constantin remettant à saint Silveftre le droit du glaive, montra qu'il n'en avoit pas ufé légitimement, parce qu'il ne l'avoit pas reçu de l'églife. Et encore: C'eft l'onction qui fait les rois, & elle ne peut être requë que du prêtre: donc tout prince doit recevoir du juge eccléfiaftique fa confirmation & l'exécution de fa puiffance. Sur toutes ces propofitions Alvar Pelage allégue quantité de textes de l'écriture, du decret & des décrétales, dont je laiffe l'examen aux favans. Et ceci fuffit pour montrer la doctrine que tenoit alors la cour de Rome. Alvar fut depuis transferé à l'évêché de Silve en Portugal. Au commencement de l'année suivante 1333. Michel de Cefene fe prétendant toûjours général des fre- Cefene. Tome XIX.

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Vad. 1340.

22. 11.

XXVI.

Lettre de Michel de

AN. 1333.

2. p. 1338. Sup. n. 14. P. 1339.

res Mineurs, écrivit une lettre adreffée à tous les freGold.mon.to. res de l'Ordre qui tienent la foi catholique & la régle qu'ils ont voüée: où il répéte la plus grande partie de ce qu'il avoit écrit deux ans auparavant ; mais il s'emporte, plus ouvertement contre le pape, & par pris ne le nomme plus que Jaques de Cahors. Il y parle ainfi: Un pape qui enfeigne ou décide contre la foi catholique, encourt par le feul fait l'excomunication & la privation de fa dignité, & devient moindre que tout catholique. C'eft ce qui eft arrivé à Jaques de Ĉahors, qui au commencement de fon pontificat avoit enfeigné que J.C. & fes apôtres ont renoncé à toute proprieté des chofes temporelles: mais depuis étant livré au fens réprouvé & aveuglé par le defir des richeffes, il a fait quatre conftitutions contraires à la foi & à la doctrine évangélique. Et enfuite parlant toûp.1343. 1. jours du pape: De la doctrine de cet hérétique il s'enfuit que celle de J.C. fut trompeufe & illufoire, lorfqu'il dit: Mon roïaume n'eft pas de ce monde: c'està dire qu'il ne regarde point les chofes temporelles, InJoan.tract. comme l'explique S. Auguftin. Michel conclut en enjoignant à tous les freres de lire fouvent cette lettre dans leurs convents, en faire plusieurs copies & la rendre publique autant qu'il fera poffible. Elle est datée de Munic le vingt-quatrième de Janvier 1333.

42.

115. n. 2.

XXVII.

Projet de Cont. Nang.

croifade.

P. 757.

Cependant le roi Philipe de Valois étoit en négociation avec le pape pour l'affaire de la croisade. Dés l'année précédente le vendredi d'aprés la faint Michel, c'eft-à-dire le fecond jour d'Octobre, il tint à Paris dans la fainte Chapelle une grande affemblée, où fe trouvérent Jean roi de Bohême, le roi de Navare, duc de Bourgogne, ceux de Bretagne, de Loraine, de

le

Brabant & de Bourbon avec quelques prélats & quan- AN. 1333. tité de noblesse. En cette affemblée fe trouva Pierre de la Palu patriarche titulaire de Jerufalem, qui pria le roi inftament de lui doner audiance fur l'affaire de J.C. en présence de tant de braves gens : puis il propo- Bal. vit. 1. p. fa plufieurs raisons pour lefquelles le roi étoit obligé 787. d'entreprendre le paffage à la terre fainte. Tous les prélats qui étoient préfers au nombre de vingt-fix, parlérent fur le même fujet. Les barons s'y joignirent, déclarant qu'ils étoient prêts à expofer leurs vies & leurs biens pour une fi bonne cause. Le roi se rendit & déclara que fon intention étoit d'aller à la terre fainte & de laiffer pour la garde du roïaume fon fils Jean, auquel il les pria de prêter ferment d'obéïffance; & ils le firent en élevant les mains vers les faintes reliques. Le roi écrivit auffi au pape pour le Rain. 13324 prier de publier un paffage général à la terre fainte, & n. 2. pour régler avec le papeles conditions de l'entreprise, il fit fes procureurs & fes envoïés Pierre Roger archevêque de Rouen, Jean de Viene évêque de Teroüane, Gui Baudet doïen de l'églife de Paris, Henri d'Avaugour & Pierre de Castels chevaliers: aufquels il dona pouvoir de jurer en fon nom devant le pape, que premier jour d'Août en trois ans, c'est-à-dire en 1336. il se mettroit en chemin pour le paffage & le pourfuivroit en persone, s'il ne furvenoit quelque empêchement légitime, duquel feroient juges deux prélats du roïaume députés par le pape.

du

Le principal objet de ce traité étoient les décimes & les autres fubfides que le pape accordoit au roi pour les frais de l'entreprife, fur quoi le roi dit: Nous ne permétrons point que ces fubfides foient détournés à

AN. 1333.

Vita PP. to. 1. p. 175.

d'autres ufages; & fi on en détournoit, nous le ferons auffi. tôt reftituer. Si nous ne pouvions faire le voïage dans le terme prefcrit, le pouvoir de lever les fubfides expirera auffi-tôt ; & ce qui en aura été reçu fera remis à quatre prélats dont le S. fiége nommera deux & nous deux, pour le garder & le distribuer par ordre du S. fiége. Et enfuite: Ces deniers ne feront point délivrés par les collecteurs du pape à nos trésoriers ou à nos receveurs, mais à des bourgeois que nous commettrons, qui les garderont fidélement & les diftribueront fur les mandemens des quatre prélats, & leur en rendront compte tous les ans ; & les prélats rendront compte au pape de l'emploi fait pour la croifade.Cette procuration eft datée du vingtiéme de Mars1332. c'est-à-dire 1333. avant Pâque, qui cette année fut le quatrième d'Avril.

Rain. 1333.

2.3..

n. 7. 9. 10.

Aprés que les envoïés du roi furent arrivés à Avignon, & que le pape les eût entendus', il tint un con-fiftoire public le vingt-fixiéme de Juillet, où il publia le paffage général à la terre fainte, établissant le roi Philipe chef de l'entreprise, & lui accordant pour fubfide les décimes de fon roïaume pendant fix ans i & pour le même fujet il réferva à l'églife Romaine, pendant le même temps de fix ans, les décimes de toute l'églife. En ce confiftoire les envoïés du roi firent en fon nom le ferment pour le contenu de leur procuration. Du même jour vingt-fixiéme de Juillet eft datée la bulle qui contient les conditions du traité entre le pape & le roi telles qu'elles étoient exprimées dans la procuration des envoïés. En ce même temps pape dona plufieurs autres bulles pour faire prêcher la croifade & en exprimer les priviléges: Mais il feroit

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