ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

de Limoges, Bernard du Pui, Jean de Nevers & Guil- AN. 1333. laume évêque élu d'Evreux; quatre abbés, Pierre de Clugny, Gui de S. Denis, Pierre de S. Germain des prés & Hugues de Corbie. Ces prélats n'étoient à cette affemblée que fimples témoins & non en qualité de docteurs confultans, comme le patriarche de, Jerufalem & l'archevêque de Roüen.

La lettre continue s'adreffant toûjours au roi: Nous oüimes de votre bouche que vous ne demandiés rien en cette matiére qui puiffe toucher notre S. pere le pape Jean, dont nous fommes devots, ferviteurs & fils: au contraire qu'en ceci & en toute autre chose vous étiés zélé pour fon honeur. Or nous avons oüi dire à plufieurs perfones dignes de foi què tout ce que fa fainteté a dit en cette matiere, il ne l'a pas dit en affurant ou en opinant, mais feulement en récitant. Et enfuite: Nous avons dit nos avis féparément, mais nous fommes tous convenus que depuis la mort de J.C. toutes les ames des SS. peres qu'il a tirées des limbes en defcendant aux enfers, & celles des autres fidéles qui font forties de leurs corps fans avoir rien à purifier, ou qui ont paffé par le purgatoire, font élevées à la vifion claire & intuitive de l'effence divine, & de la sainte Trinité que S. Paul nomme face à face, & joüiffent parfaitement de la divinité; & que cette vision qu'ils ont maintenant ne ceffera point aprés la réfurrection pour faire place à une autre, mais demeurera la même éternellement.

Enfuite le jour de S. Jean l'évangelifte vous nous avés fait affembler à Paris, où l'on nous a requis de votre part de rediger par écrit ce que nous avions dit en votre préfence; & quoique nous vous cuffions fu

AN. 1333.

XXXIV.

792.

Rain. 1334. n. 28.

plié de vous contenter de ce qui avoit été fait, toute-
fois ne voulant pas contredire à vos ordres, nous vous
· avons accordé ces lettres. Suivent les noms de fix au-
tres docteurs qui n'avoient pû affifter à l'assemblée de
Vincennes, & qui déclarent qu'ils font du même avis."
La date eft de l'affemblée générale tenuë aux Matu-
rins le fecond jour de Janvier 1333. c'eft-à-dire 1334.
avant Pâques.

En même temps le pape aïant affemblé les cardiDéclaration naux en confiftoire public, leur fit lire plufieurs pafdu pape. Baluz. vit. fages des auteurs touchant la vifion béatifique qu'il to. 1. p. 176. avoit recueillis pour & contre fon opinion, & cette lecture dura cinq jours, depuis la fête des Innocens vingt-huitiéme de Décembre, jufqu'au premier de Janvier. Enfuite le pape fit venir des notaires & leur dicta la déclaration fuivante: De peur que quelqu'un par une mauvaise interprétation ne puiffe dire que nous avons eû quelque fentiment contraire à la fainte écriture ou à la foi orthodoxe, nous disons & proteftons expreffément, qu'en tout ce que nous avons dit, allégué ou propose sur la question, si les ames purifiées du peché & des peines du peché voïent Dieu de la vifion que l'apôtre nomme face à face, nous n'avons prétendu rien décider de contraire à l'écriture ou à la foi; & que fi dans les fermons ou les conférences nous avons dit quelque chofe qui y paroiffe contraire, ça été contre notre intention, & nous le révoquons expreffément. Cette déclaration eft du troifiéme de Janvier 1334. Or il n'y a perfone qui n'en dit autant puis qu'aucun de ceux qui fe trompent ne convient que fon intention foit de bleffer la foi.

Le pape voulut enfuite fe juftifier auprés du roi
Philipe

21. 30.

Philippe fur le voïage que le général des freres Mineurs AN. 1334. avoit fait à Paris. Votre lettre, dit-il, contenoit que Vading. plufieurs difoient que nous avions envoïé ce reli- 1333. n. I. gieux pour enfeigner que les ames des faints ne voïent Rain. 1334l'effence divine qu'aprés la réfurrection. Nous vous affurons devant Dieu que jamais nous n'y avons penfé, au contraire nous fupofions qu'aprés vous avoir expofé leur commiffion, il entend le traité entre l'Angleterre & l'Ecoffe, & avoir fû fi vous vouliés envoïer quelqu'un pour la même affaire, il partiroit auffi-tôt avec fon collégue pour continuer fon voïage. Mais comme ils étoient encore à Paris, l'agent du roi d'Ecoffe leur fit favoir que ce prince n'étoit pas dans fon roïaume,ni perfone qui pût traiter avec eux,& qu'ainfi leur voïage feroit inutile. Ce qu'aïant apris nous rapelâmes nos nonces : vous pourés le favoir de l'agent même du roi d'Ecoffe, que nous croions être encore à Paris. La lettre eft du dixiéme de Mars 1334.

XXXV. fur l'opinion

Réfléxions

On voit par le recit de l'hiftorien Jean Villani, comment cette opinion du pape étoit regardée dans le monde. Voici comme il en parle: Avec toutes ces du pape. proteftations on difoit comme certain, & on voïoit lib.x. c.229. par les effets, qu'il croïoit cette opinion. Car fi quelque docteur ou quelque prélat lui aportoit une autorité ou un paffage des peres qui favorisât fon opinion en quelque maniére, il le voïoit volontiers & lui donoit quelque bénéfice. Cette opinion aïant été prêchée à Paris par le général des freres Mineurs, qui étoit du païs du pape & sa créature; il fut désaprouvé par tous ·les docteurs en théologie de Paris, par les freres Précheurs, les Auguftins & les Carmes; & le roi de France Philippe reprit fortement le général, lui disant qu'il

Tome XIX.

Ttt

AN. 1334.

étoit hérétique, & que s'il ne fe retractoit il le feroit mourir comme Paterin: parce qu'il ne foufroit aucune héréfie dans fon roïaume; & que fi le pape luimême vouloit foutenir cette opinion, il le condamneroit comme hérétique. Ajoûtant en fimple laïque, mais bon Chrétien, qu'en vain on prieroit les faints & on efpéreroit le falut par leurs mérites, fi jufques au jour du jugement ils ne pouvoient voir la divinité ni avoir la beatitude parfaite dans la vie éternelle; & que fuivant cette opinion toutes les indulgences accordées par l'églife étoient vaines, qui feroit le renversement de la foi catholique.

Villani ajoûte: Le roi de France & le roi Robert écrivirent au pape, le reprenant civilement & lui répréfentant qu'encore qu'il ne foutint cette opinion qu'en cherchant pour trouver la verité, il ne convenoit pas à un pape d'émouvoir des questions fufpectes contre la foi, mais de les décider quand elles étoient émuës. Cette remontrance des rois contenta fort la plus grande partie des cardinaux qui défaprouvoient l'opinion du pape ; & ce fut une occafion au roi de France de prendre un tel afcendant fur le pape qu'il n'ofoit lui rien refuser. C'est ainfi qu'il condefcendit à doner au roi l'inspection fur l'Italie, par les traités qu'avoit commencés le roi Jean de Bohême. Ainfi parloit Jean Villani.

Dans le fonds l'opinion du pape n'étoit point fi dangereufe que l'on faifoit croire à ces princes. Les indulgences ne font pas feulement fondées fur les mérites & l'interceffion des faints, mais principalement fur les mérites infinis de J.C. Et quand il feroit vrai que les faints ne verroient pas encore Dieu aufsi par

faitement qu'ils le verront aprés la résurrection gé- AN. 1334. nérale, il ne s'enfuivroit pas qu'il ne fût utile de chercher leur interceffion, puifque nous la demandons aux faints qui font encore fur la terre.

n. 48. c.

Durand de S. Pourçain, docteur fameux de l'ordre Rain. 1333. des freres Prêcheurs & alors évêque de Meaux, combatit l'opinion du pape; mais par des autorités de l'écriture fi détournées de leur fens naturel & par des raifonemens fi foibles, que l'on n'en peut rien conclure de folide. Il envoïa cet écrit au pape qui le fit examiner par quelques docteurs entre lesquels étoit le cardinal Jaques Fournier depuis pape; ils y trouvérent des erreurs qu'ils prétendirent réfuter par des preuves qui ne paroiffent guére plus fortes. En cet écrit Durand parle ainfi de S.Bernard: Il faut remarquer qu'encore qu'il ait été homme de grande dévotion dans l'oraison & dans fes fermons : il n'a pas été toutefois d'une grande autorité dans les explications de l'écriture: c'eft pourquoi en cette matiere on peut le fuivre ou l'abandoner.

Rain. 1334

Les deux nonces que le pape avoit envoïés à C.P. y xxxvI. arrivérent cette année, favoir François de Camérino Nonces à archevêque de Bofphore & Richard évêque de Cher- CP: fone. Ils étoient chargés de deux lettres datées du n. 2. 3. vingt-deuxième de Février, l'une à l'empereur Andronic, l'autre à fa femme l'imperatrice Jeanne fœur du duc de Savoie : qui aïant été élevée dans la religion catholique, pouvoit aider à ramener l'empereur & lui faire quiter le schisme. Les nonces étant donc arrivés à CP. pour traiter de l'union, plufieurs d'entre le peu- Niceph. ple demandoient inftament que l'on entrât en confé- Greg. lib. x. rence avec eux & y excitoient même le patriarche.Mais

c. S.

« ÀÌÀü°è¼Ó »