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révoque tout ce qu'il a fait contre le pape Jean XXII. AN. 1336. & tous les édits qu'il a publiés à Rome : ajoûtant plufieurs promeffes pour confirmer l'accomodement. Les ambaffadeurs étant arrivés à Avignon furent oüis en confiftoire public, Marquard de Randec portant la parole. Ils demandérent que Louis de Baviere fût abfous des cenfures portées contre lui par Jean XXII. offrant de fatisfaire à l'églife. Benoît XII. dit qu'il en delibéreroit avec les cardinaux pour conduire cette affaire à bonne fin, quoiqu'elle fût difficile, mais il ne

décida rien.

Albert de Strasbourg auteur du temps ajoûte : que Alb. p. 126. le pape répondit fort gratieusement, que lui & les cardinaux feroient fort aifes que l'Allemagne ce noble rameau de l'église se réunit âu tronc d'une maniere fi honorable pour le S. fiége. Il s'étendit fur les loüanges de l'Allemagne & de Louis, qu'il disoit être le plus noble seigneur du monde : attribuant à la vacance de l'empire les défordres de l'Italie & la perte de l'Armenie & de la terre fainte. Il conclut qu'il devoit doner l'absolution à Loüis, & on efpéroit qu'il la doneroit le lendemain. Mais le roi de France & le roi de Naples avoient détourné de ce deffein prefque tous les cardinaux. Car pour s'y opofer il étoit venu en cour de Rome deux archevêques, deux évêques & deux comtes de la part du roi Philipe & autant de la part du roi Robert: qui foutenoient qu'il n'étoit pas raifonable de préférer un fi grand héréfiarque à leurs maîtres tres fidéles à l'églife, & que le pape devoit prendre garde d'être nommé fauteur d'hérétiques. Le pape dit: Que veulent donc vos maîtres ? Veulent-ils qu'il n'y ait point d'empire? Ils répondirent fiére

AN. 1336.

31.

pas

ment: S. pere, ne faites dire à nos maîtres & à nous ce que nous ne difons pas : Nous ne parlons pas contre l'empire, mais contre la perfone de Louis qui eft condamné. Et comme ils difoient qu'il avoit beaucoup fait contre l'église, le pape répondit : Au contraire, c'eft nous qui avons fait contre lui. Il feroit venu avec un bâton à la main aux pieds de notre prédéceffeur, s'il avoit voulu le recevoir; & tout ce qu'a fait ce prince,c'est parce qu'il y a été pouffé. Mais quoique le pape affurât qu'il tireroit de Louis de meilleures conditions pour les deux rois, que s'ils le tenoient dans une tour, il ne pût rien gagner, parce que le roi de France avoit faifi dans tous fes états les revenus des cardinaux.

En ce même temps Jean roi de Bohême & Henri duc de Baviere fon gendre, avoient écrit en cour de Rome, qu'avec le fecours du roi de Hongrie, du roi de Cracovie, c'est-à-dire de Pologne & de quelques autres, ils vouloient établir hautement un autre roi des Romains : ce qui pouffa encore les cardinaux à détourner le pape de l'abfolution de Loüis, en disant : Puifque ceux mêmes de fon parti le veulent dépofer, ce feroit une imprudence au S. fiége de choquer tant de princes pour un homme foible & fans appui. Ainfi le pape dona un autre terme pour déliberer, & les ambaffadeurs de Loüis s'en retournérent fans rien faire.

Il en envoïa d'autres la même année favoir GuillauRain. n. 30. me comte de Julliers & Robert de Baviere oncle de Louis, porteurs d'une procuration datée du vingt-huitiéme d'Octobre 1336. où il reconnoît qu'il a procuré l'intrufion de l'anti-pape Pierre de Corbieres, ne fa

chant

pas que ce fût une héréfie de croire que l'em

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pereur puiffe déposer le pape & en faire un autre. 11 dit qu'il s'en repent auffi bien que d'avoir affifté les Visconti & les freres Mineurs rebelles à l'églife, entre autres Michel de Cefene, Guillaume Ocam & Bonnegrace de Bergame: déclarant qu'il l'a fait comme chevalier ignorant, qui n'entend ni les écritures ni les fubtilités des favans. Il s'excufe d'avoir reçu Marfile de Padoue & Jean de Jandun & abjure leurs héréfies; il demande pardon de n'avoir pas observé les interdits; & renonce à fon couronement fait à Rome. Ces deux procurations font en forme de lettre adreffée au pape ; & Loüis lui en écrivit une troifiéme le troifiéme jour de Décembre de la même année, à même fin d'obtenir fon abfolution. Cependant le roi Philipe confulta le pape fur une alliance qu'il vouloit faire avec Louis de Baviere: mais le pape l'en détourna, lui réprefentant les inconveniens de cette alliance jusqu'à ce que Loüis fût abfous ; & la difficulté de fon abfolution, dans laquelle devoient être compris tous les princes d'Allemagne engagés dans fon parti. La lettre eft du vingt-troifiéme de Novembre.

Un des obftacles, à la réconciliation de Louis étoit

n. 32.

n. 38.

n. 395

XLVI.

Treves re

Maïence.

·Alb.p. 127.

l'administration du fiége de Maïence ufurpée par Bau- Baudouin de doüin de Luxembourg archevêque de Treves. Pour la nonce à faire ceffer le pape envoïa à Louis de Baviere en qua- Sup. n. 13. lité de légat,l'évêque de Maguclone Poitevin de Mon-. tefquiou depuis cardinal. Čar encore que Baudouin céder à Henri de Virneberg en 1333. il ne laissa de continuer dans l'administration effective de l'archevêché de Maïence, non-obftant les poursuites que Henri faifoit contre lui en cour de Rome. Enfin ils s'accordérent cette année 1336. Baudouin remit au

eut paru

pas

Xxx iij

AN. 1336. chapitre de Maïence l'administration de l'archevêché, le chapitre qui tenoit le parti de l'empereur Loüis reçut Henri pour archevêque aprés qu'il fe fut engagé à fuivre le même parti: pour feureté de quoi le chapitre retint fix châteaux en fa poffeflion. Enfuite Baudoüin envoïa au pape fa renonciation en bonne forme à l'adminiftration de Maïence datée du douzième de Novembre 1336. & Henri demeura paifible poffeffeur : mais il tint fidélement fa promeffe & fut fermement attaché au parti de Louïs.

Rain. n. 59.

Conc. to. xi.

P. 1794.

XLVII.

Cîteaux.

n. 68.

232 233.

La même année le pape Benoît modera les frais de vifite des prélats trop onéreux aux églifes, publiant une grande bulle, qui contient en détail la taxe de ces frais, felon la difference des païs, des vifiteurs & des églises visitées : le tout eftimé en tournois d'argent, dont les douze valoient un florin d'or; & il défend de rien recevoir au-delà. La bulle eft du dix-huitiéme de Décembre 1336.

Le pape Benoît s'apliqua particuliérement à la réRéforme de forme des religieux. Dés la premiere année de fon Rain. 1335. pontificat il commit Arnaud de Verdale, depuis évêque de Maguelone & Hedefe doïen de S. Paul de FeVita. to. 1. noüillet pour vifiter dans les provinces de Narbone & d'Arles les églises cathédrales & collégiales, & les monafteres de S. Benoît, de Clugny, de Prémontré & des Auguftins, & pour y mettre la réforme convenable. Sur quoi il faut obferver que plufieurs de ces cathédrales ou collégiales étoient fervies par des chanoines réguliers. Le pape réprima auffi l'inquiétude & l'ambition des moines & des chanoines réguliers qui fe faifoient transferer d'un monaftere à l'autre, pour y obtenir des bénéfices & des dignités; & il ordona

que

chacun demeureroit dans le monaftere où il avoit AN. 1336.. fait profeffion.

Bened.

art. 3. 4

art.

7.

Il dona plufieurs bulles pour la réforme des divers ordres religieux. La premiere pour celui de Cîteaux, dont il avoit été tiré, & pour la dreffer il prit l'avis Bull.conft.3. des fuperieurs majeurs de l'ordre, c'est-à-dire des abbés de Câteaux, de la Ferté de Clairvaux & de Morimond. Cette bulle pourvoit d'abord à la confervation du temporel des monaftéres, en défendant aux abbés d'en rien aliéner, finon avec les formalités qui y font prefcrites; & pour les emprunts à proportion. L'abbé rendra compte tous tous les ans des revenus du monaftere 4.9.10. 11. & les officiers inferieurs quatre fois l'an. Les visiteurs ne pouront féjourner en chaque monastére que trois jours francs, ni mener plus de chevaux que le nombre reglé par les canons. Les abbés qui manqueront de se rendre au chapitre géneral païeront le double de ce que leur auroit couté le voïage. On regle la levée & 19. 20. &c. l'emploi des contributions pour les affaires communes de l'Ordre.

a. 12.

18.

25.

26.

Domicellus.

On ne recevra déformais dans l'Ordre pour moines ou freres convers que des perfones capables ; & ils ne feront reçus que par les abbés ou les autres fupérieurs. Les abbés ne feront vêtus que de brun ou de blanc, & ne méneront point avec eux des damoiseaux vêtus de robes mi parties ou raïées. C'est que les abbés Cang, gloß. comme les autres feigneurs, avoient à leur fervice de jeunes gentils-hommes que nous nomerions des pages. L'ufage de la viande est défendu dans les repas & toutes les permiffions d'en manger révoquées: toute- art. 29. 31. fois les abbés & les autres notables de l'Ordre fe trouvant en d'autres monafteres, y pouront manger de la

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