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P. 127.

AN. 1338. ftet, de Spire, de Coire & quelques autres de fes fufAlb. Argent. fragans. Ils réfolurent d'envoïer au pape pour lui demander l'abfolution de Louis, & s'il la refufoit fe raffembler & déliberer fur ce qu'ils avoient à faire. Les envoïés furent Ulric évêque de Coire,& Gerlac comte de Naffau, que le pape reçut agréablement; mais il leur dit à l'oreille prefque en pleurant : Je suis bien difpofé pour votre prince, mais le roi de France m'a écrit que fi je l'absous fans fon consentement, il me traitera plus mal que fes prédéceffeurs n'ont traité Boniface. Enfuite le daufin de Vienne, à la priere du pape, mena les envoïés par les montagnes jusqu'à Laufane. C'eft ainfi qu'Albert de Strafbourg raconte la

Rain. 1338.

chofe.

Le pape ne répondit point à l'archevêque de Maïence, qu'il tenoit pour excomunié comme parjure & rebelle, mais il écrivit à l'archevêque de Cologne & à ses fuffragans une grande lettre où il dit, que la négociation a été rompue par l'impatience des envoïés de n. 3. 4. &c. Louis de Baviere: que cette affaire ne doit point être traitée ailleurs qu'en cour de Rome, & que le plus grand obftacle à la réconciliation de Louis font les préparatifs de guerre qu'il fait contre le roi de France, dont l'églife Romaine ne peut abandoner les interets, n'aïant jamais été abandonée par la France. La lettre eft du premier de Juillet 1338.

426.

n. 10.

a

Le quinziéme du même mois les électeurs de l'emRebdorf. p. pire, excepté le roi de Bohême, s'affemblerent à Constaïm, au territoire de Maïence, où ils déclarérent que tel étoit le droit & l'ancienne coutume de l'empire. Celui qui est élu roi des Romains par les princes électeurs, ou par la plus grande partie, même

en discorde, n'a besoin d'aprobation, de confirma- AN. 1338. tion, ni de confentement du S. fiége pour prendre le titre de roi, ou pour adminiftrer les biens & les droits de l'empire. Ils s'affemblerent auffi à Rens fur le Rhein, où ils s'engagérent par ferment à maintenir Alb.p.129. l'empire & fes droits contre tous fans exception, & y obliger tous ceux qu'ils pourroient: non-obstant toute dispense ou absolution.

Enfuite l'empereur Louis convoqua une cour ou diéte à Francfort, où par le confeil de quelques freres Mineurs,il publia un decret daté du huitiéme d'Août, qui déclare nulles les procédures faites contre lui par jean XXII. foutenant que le pape ne peut rien faire de femblable contre l'empereur que par attentat: parce que leurs jurisdictions font diftinctes. Le decret eft raifoné & l'on y combat premierement cette propofition: La puiffance impériale vient du pape, & celui qui eft élu roi des Romains ne peut être nommé empereur & n'a aucune autorité ni jurisdiction, jufqu'à ce qu'il foit facré & couroné par le pape: qui a la plénitude de puiffance tant au temporel qu'au fpirituel. On réfute cette propofition par plufieurs autorités du decret de Gratien & de la glofe.

Hervard.to

2. P. 751.

P. 762:

P. 773.

Enfuite l'empereur Louis oppose aux bulles de Jean p. 765. XXII. plufieurs nullités dans la forme, entre autres qu'il n'a point eu d'égard à l'apel par lui interjetté au futur concile. Sur quoi l'on difoit de la part du pape qu'on ne peut apeler de fes ordonances, parce qu'il n'a point de fuperieur: mais l'empereur répond que le concile général eft fuperieur au pape, quand il s'agit de la foi & du droit divin; & le prouve par plufieurs

AN. 1338.

autorités de Gratien & de la glofe : car on n'alloit pas alors plus loin.

Le docteur Albert de Strasbourg fut envoïé par fon Alb. p. 129. évêque à Avignon porter au pape des copies de ce decret de Louis & de la réfolution des princes de l'empire, pour en maintenir les droits; & répresenter au pape que l'évêque de Strasbourg ne pourroit plus refifter à l'empereur Loüis, ni fe difpenfer de lui faire hommage, & reconoître qu'il tenoit de lui les droits régaliens. C'eft Albert qui raporte ce fait dans fa cronique, & il ajoûte : Le pape me parla durement du prince, c'eft à dire de Louis; & je lui dis: Votre difcours favorable l'a rendu plus glorieux que fi vous lui aviés doné cent mille marcs d'argent. Alors le pape éclatant de rire dit: O il veut donc me rendre le mal pour le bien. Et ce rire fit voir que fes paroles dures ne venoient pas du fond du cœur.

LVIII.

contre les Juifs.

Rain. 1338.

22. 18.

a

Vers le même temps l'empereur Louis de Baviere Violences arrêta un mouvement violent des peuples, qui s'étoit élevé en Allemagne contre les Juifs; & qui avoit commencé en Autriche à cette occafion. En une ville nommée Pulca au diocése de Paffau, un homme laïque trouva devant la maison d'un Juif une hoftie enfanglantée dans la rue fous de la paille. Le peuple crut que cette hoftie étoit confacrée & la fit lever par le curé du lieu & porter dans l'églife: où il fe fit un grand concours de dévotion, fuppofant que le fang en avoit coulé par miracle des coups que les Juifs lui avoient donés. Sur ce foupçon & fans autre examen ni aucune procédure juridique, les Chrétiens commencerent à fe jetter fur les Juifs & en tuerent plu

fieurs: mais les perfones les plus fages jugeoient que AN. 1338. c'étoit plutôt pour piller leurs biens, que pour vanger le prétendu facrilege.

:: Cette conjecture étoit fortifiée par un pareil accident arrivé quelque temps auparavant à Neirmibourg au même diocéfe de Paffau: où un certain clerc mit dans l'église une hoftie trempée de fang, mais non confacrée ; & confeffa depuis en présence de l'évêque Vernhard & d'autres perfones dignes de foi, qu'il avoit enfanglanté cette hoftie, pour en induire une préfomption contre les Juifs. L'hoftie fut adorée quelque temps comme étant le corps de N. S. mais enfin elle fe trouva mangée de vers. Un autre clerc en mit à la place une semblable, c'est-à-dire non confacrée & enfanglantée, qui fut honorée comme la miere; & cette erreur duroit encore lors qu'Albert duc d'Autriche écrivit au pape Benoît une lettre, où aprés avoir raporté ces faits il demandoit comment il fe devoit conduire.

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Le pape répondit: Ces faits méritent d'être examinés avec grand foin: puifque d'un côté rendre un culte à une hoftie non confacrée c'eft fe jouer du facrement & tromper les fidéles; & d'ailleurs fi les Juifs ont commis le crime dont on les foupçone, on ne le peut laiffer impuni, fans couvrir de honte notre religion & attirer l'indignation divine. C'eft pourquoi nous chargeons l'évêque de Paffau de s'informer exactement de toutes les circonftances de cette affaire, prenant avec lui des perfonages prudens & craignans Dieu, & interrogeant les témoins des lieux où les chofes fe font paffées : en un mot emploïant tous les moïens convenables pour découvrir certainement la verité. Aprés Zzz iij

n. 19.

n. 20.

AN. 1338. quoi fi les Juifs fe trouvent coupables, il les punira comme ils méritent: s'ils font innocens, il exercera la severité des canons contre les auteurs de l'impofture. Quand l'évêque aura ainfi executé sa commiffion : vous & les autres fidéles verrés clairement comment, vous devrés vous conduire en cette occafion. Cette lettre & la commission de l'évêque de Passau font du même jour vingt-neuvième d'Août 1338.

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Ces violences contre les Juifs s'étendirent plus loin dans la haute Allemagne, où un particulier qui fe faifoit nommer le roi Armileder, affembla quantité de païfans & faifoit tuer tous les Juifs qu'il pouvoit trouver fous prétexte de zele pour la religion : mais à la fin fes troupes se jettérent auffi fur les Chrétiens. Ce qui obligea à leur résister ; & ce fut principalement l'empereur Louis de Baviere qui l'entreprit. Il fit fi bien qu'il prit le chef de cette faction & le fit mourir, aprés quoi les autres se disperférent & disparurent.

niaux:

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Cependant les évêques de Hongrie écrivirent au pape une grande lettre contenant leurs plaintes contre le roi & les feigneurs qui fe réduisent à ce qui fuit : Si-tôt qu'un prélat eft mort les officiers du roi se saififfent de tous fes biens eccléfiaftiques & patrimo: en forte fon corps demeure plufieurs jours fans fépulture, parce que les parens s'enfuient, de peur d'être contraints par les tourmens à rendre ce qu'ils ont reçu du défunt, quoi qu'à jufte titre. Pour mettre en poffeffion celui qui a l'administration d'une églife, les officiers du roi lui font païer une grande fomme: en forte que les biens de l'église demeurent engagés. Le roi confere les églifes cathédrales long

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