AN. 1339. Rain. 1339. 2. 44-45.. J. Vill. x1. c. 70. Rain. 1337. 71. 26. I. 1338. n. 33. Id. n. 36. Sup. liv. LXXXVI1.22.65. 45. ils faifoient des procédures contre Pierre d'Arragon qui fe prétendoit roi de Sicile. C'étoit le fils aîné de Frideric, qui étoit mort le vingt- quatrième de Juin 1337. aïant fait couroner Pierre de fon vivant, quoiqu'il fut prefque insensé. Alors le roi Robert espera de recouvrer la Sicile & en écrivit au pape Benoît, qui par sa lettre du vingt-huitiéme d'Août lui promit de ne point fouffrir que l'on entreprit rien à fon préjudice, & au contraire de l'affifter de tout fon pouvoir. Pierre d'Arragon, qui fe qualifioit Pierre II. roi de Sicile, envoïa demander au pape Benoît l'inveftiture de ce roïaume par deux chevaliers, dont la procuration étort datée du dernier jour de Mars 1338. Mais le roi Robert de Naples envoïa au pape de fon côté ; & lui fit réprefenter que Frideric n'avoit dû jouir de la Sicile que pendant fa vie : lui demandant justice comme au feigneur fouverain de ce roïaume. Le pape envoïa en Italie Gocio patriarche titulaire de CP, & Ratier évêque de Vaison avec une grande bulle, où il reprend l'affaire de Sicile depuis l'invafion de Pierre I. en 1282. puis il raporte le traité fait entre Charles le Boiteux & Frideric, & confirmé par 1. xc. n. 23• le pape Boniface VIII. en 1303. Or Frideric avoit fait Rain. n. 42. plufieurs contraventions à ce traité, dont la principale étoit d'avoir fait couroner roi de Sicile Pierre fon fils aîné, & l'en avoir inftitué heritier par son testament, quoique lui-même n'en eût que la poffeffion sa vie durant. C'eft pourquoi le pape ordone à fes deux nonces de se transporter en l'isle de Sicile, & de déclarer Pierre d'Arragon & les autres enfans ou héritiers dé Frideric déchus de la poffeffion de cette ifle; & qu'elle eft revenue à l'église Romaine, & par conséquent réünie à l'autre partie du roïaume, c'est-à-dire à la Sicile deça le Fare, & qu'elle apartient au roi Robert comme vrai feudataire de l'églife. Le pape ajoûte: Vous commanderés étroitement audit Pierre & à fes freres de reftituer la Sicile au roi Robert dans un certain terme: à faute de quoi ils encoureront les plus rigoureuses peines fpiritueles & temporeles. La bulle eft du quatrième de Juillet 1338. AN. 1339. Pour la mettre à exécution, les deux nonces Go- Rain. 1339. cio & Ratier fe tranfporterent à Regio, la ville d'I- "44• talie la plus proche de la Sicile, diftante de Meffine feulement de trois lieuës la mer entre deux. Delà le vingt-cinquième de Septembre ils envoïerent en Sicile quatre freres Mineurs : qui s'étant mis dans une barque voulurent entrer à Mefline, mais on les en empêcha; & on les menà au comte Matthieu de Palice gouverneur de Meffine pour le roi Picrre. Ils lui expoférent le fujet pourquoi ils étoient envoïés; & il ne leur permit ni d'entrer dans la ville, ni de préfenter à perfone les lettres dont ils étoient porteurs: ajoûtant qu'il ne laifferoit pas entrer les nonces, s'ils y venoient, ni le pape même. Aprés les avoir ainsi tenus tout le jour fans. boire ni manger, il les contraignit de s'en retourner vers les nonces. C'est pourquoi le troifiéme jour d'Octobre les nonces déclarerent par l'autorité du pape que Pierre d'Arragon & fes freres étoient entiérement déchus de tout droit fur la Sicile : leur ordonant de la reftituer dans deux mois au roi Robert, fous peine d'excomunication; ou de fe préfenter à Terracine aprés les deux mois pour déduire leurs raisons. Le terme étant expiré le quatriéme de Décembre, les nonces fe trouAa aa iij AN. 1339. LXIII. écrit verent à Terracine, où ils excommuniérent Charles ou Charobert roi de Hongrie, neveu de Dévotions Robert roi de Naples, étant encore dans fa preHongrie. miere jeunesse, & voïant comme le roïaume lui étoit Rain. 1339. difputé : fit à diverfes fois des vœux de dire à certains du roi de n. 82. jours un certain nombre de Pater, d'Ave & de Salve regina: en forte que tel jour il en difoit cent & tel jour deux cens, ce qui lui devint enfin à charge avec les confeils qu'il tenoit & les affaires de fon roïaume. C'est pourquoi il pria le pape Benoît de lui commuer ces vœux : ce que le pape lui accorda, & reftreignit ces prieres à quinze par jour, à la charge de nourir douze pauvres les jours où il s'étoit obligé à plus de cinquante de ces prieres. La bulle eft du dix-feptiéme de Janvier 1339.& montre quelles étoient les dévotions du temps. Charobert avoit épousé en premieres nôces Marie fœur de Cafimir roi de Pologne, & en avoit un fils nommé Louis, qui fut defigné roi de Pologne cette même année. Car le roi Cafimir fon oncle fe voïant fans enfans, & craignant qu'aprés fa mort le roïaume ne demeurât expofé au pillage: tint une diéte génerale la veille de S. Stanislas c'eft-à-dire le fixiéme Dlug.p.1055. nerale de Mai, où il fit choifir pour fon fucceffeur fon neveu Loüis; alla lui-même en Hongrie avec deux évêques & quelques feigneurs ; & étant à Viffegrade avec le roi Charles le feptiéme de Juillet, il conclut l'affaire à certaines conditions. .LXIV. p.1043.1045. Dés l'année précédente le pape avoit envoïé deux nonces en Pologne favoir Gaillard des Chartres pre- pour le roi vôt de Titoul au diocéfe de Colocza en Hongrie, de Pologne. & Pierre Gervais, chanoine du Pui en Velai, dont Dlugof.lib.9. la commiffion portoit: Nous avons reçu la plainte de Cafimir roi de Pologne, contenant que le maître & les freres de l'ordre Teutonique qui demeurent en Pruffe avoient envahi à main armée, & retenoient encore quelques terres du roïaume de Pologne: favoir Culme & la Pomeranie, & depuis encore d'autres: le tout au grand préjudice de ce, roïaume & de l'église Romaine, dont il eft tributaire, & outre laquelle il ne reconoît point aprés Dieu de fuperieur fur la terre. C'est pourquoi du confeil de nos freres les cardinaux, nous vous commettons pour informer de ces invasions & des maux qui s'en font enfuivis : condamner les coupables & faire exécuter votre jugement. La commiflion eft du quatrième de Mai 1338. En conféquence les deux nonces firent citer devant eux le maître & les freres de l'ordre Teutonique, & nommément plufieurs commandeurs, jusqu'au nombre de vingt cinq. Au jour & au lieu marqué comparut devant les nonces Barthold de Ratibor jurifconfulte chargé de la procuration du roi de Pologne, qui préfenta fa requête à ce que les nonces procédaffent contre l'ordre Teutonique, & les com AN. 1339. . mendeurs cités fuivant leur commiflion. D'autre part comparut Jaques curé d'Arnouville au diocéfe de Culme procureur de l'ordre Teutonique: qui protesta qu'il ne reconoiffoit point les nonces pour juges; & aprés avoir apellé d'eux au pape, pour des caufes qui leur parurent frivoles, il fe retira promptement fans leur congé. Sur quoi les nonces aprés avoir coutumacé dans les formes, le maître & les commandeurs de l'Ordre prononcerent leur sentence définitive qui porte: Il nous apert par des preuves fuffifantes que frere Thierri d'Aldembourg, maintenant maître de l'ordre Teutonique, & alors marêchal fous le maître Luther de Brunfvic, & tels & tels commandeurs qui font les vingt-cinq déja nommés, font entrés en corps d'armée & à enseignes déploïées dans le roïaume de Pologne, y ont fait le dégât, & ont brûlé telles & telles églifes, on en nomme neuf: aprés en avoir ôté les livres, les calices, les tréfors & les dépôts, avec les reliques & les images. C'eft pourquoi nous les déclarons excomuniés & leur absolution réservée au S. fiége: nous les condamnons à rebâtir ces églises & reftituer les meubles enlevés. De plus ils reftitueront la Pomeranie avec telles & telles autres terres, les fruits qu'ils en ont perçus & les domages & interêts, le tout taxé à la fomme de 194500. marcs par nous monoïe de Pologne fuivant l'affirmation du roi, & 1600. marcs pour les dépens. Fait à Varsovie dans l'ép. 1053. B. glife de S.Jean Baptifte l'an 1339. le quinziéme de Sep LXV. Prétenfion du roi de Suede. tembre. Chriftofle roi de Dannemarc aïant été chaffé du roïaume fes violences & fa mauvaise conduite, pour les |