AN. 1305. Sup. liv. LXXXIX. n. 4. Vading. 1305. n.10. occupé aux miffions du levant quand il écrivit au vi- lice de mes ennemis, qu'il a envoïés en exil avec A N. 1305. leurs femmes & leurs enfans. n. 19. J'ai paffé onze ans en cette miffion fans compagnon jufqu'à l'arrivée de frere Arnold Alleman de la province de Cologne, depuis laquelle c'est ici la feconde année. J'ai bâti une église dans la ville de Rain. 1305. Cambalu, qui est la principale refidence du roi : il y . a fix ans que je l'ai achevée, j'y ai fait un clocher & y ai mis trois cloches. J'y ai baptifé comme je croi jufqu'à prefent environ fix mille perfones ; fans les calomnies dont j'ai parlé, j'en aurois baptifé plus de trente mille, & je fuis fouvent occupé à baptifer. J'ai inftruit auffi fucceffivement cent cinquante enfans de païens de l'âge d'entre fept & onze ans, qui ne conoiffoient encore aucune religion. Je les ai baptifés & leur ai apris les lettres latines & grecques, & j'ai écrit pour eux trente-deux pfautiers avec les hymnes & deux breviaires : par le moïen defquels onze enfans favent déja notre office, tienent le choeur & font leurs femaines comme dans les couvents, foit que je fois prefent ou non. Plufieurs d'entr'eux écrivent des pfautiers & d'autres chofes convenables, & l'empereur fe plait fort à les oüir chanter. Je fone les cloches pour toutes les heures & je fais l'office avec les enfans, mais nous chantons par routine n'aïant pas de livres notés. Un roi de ce païs-là nommé George de la fecte des Neftoriens & de la race du prêtre Jean de l'Inde, s'attacha à moi la premiere année que je vins ici, & s'étant converti à la foi catholique par mon miniftere, il reçut les ordres mineurs & me fervit la meffe revêtu de ses habits roïaux. Quelques autres Nestoriens l'a cuferent d'apoftafie: mais il ne laiffa pas d'amener à la AN. 1305 foi catholique une grande partie de fes fujets, fit bâ tir une églife magnifique à l'honeur de Dieu, de la Quant au chemin, je vous avertis qu'il eft plus court & plus fur par les terres de l'empereur des Tartares feptentrionaux, en forte qu'on peut arriver en cinq où fix mois. L'autre chemin eft tres-long & tres-dangereux; il a deux trajets de mer,le premier de Provence à Acre, le fecond d'Acre à Angelic ; & il pouroit ariver qu'à peine feroit-on ce voïage en deux ans. Depuis douze ans je n'ai point reçu de nouvelles de la cour de Rome, de notre ordre & de l'état de l'occident mais il y a deux ans qu'il vint un chirurgien Lombard, qui répandit fur ce fujet en ces quartiers des medifances incroïables. Je prie donc nos freres à qui cette lettre parviendra de faire en forte que ce qu'elle qu'elle contient viene à la conoiffance du pape, des A N. 1305. cardinaux & des procureurs de notre ordre en cour de Rome. Je fuplie notre miniftre general de m'envoïer un antiphonier, une legende des faints, un graduel & un pfautier avec la note,pour fervir d'original : car je n'ai qu'un breviaire portatif avec de courtes leçons & un petit miffel. Si j'ai un original, les enfans dont j'ai parlé en écriront. Je fuis maintenant occupé à bâtir une autre église pour divifer ces enfans en plufieurs lieux. Je fuis deja vieux & j'ai blanchi plûtôt par les travaux & les afflictions que par l'âge: car je n'ai que cinquante-huit ans. J'ai apris fuffisamment la langue & l'écriture des Tartares; & j'ai déja traduit en cette langue tout le nouveau teftament & le pfautier: j'enseigne & je prêche publiquement la loi de J. C. felon ce que j'ai vû & oüi. Je ne crois pas qu'aucun prince au monde puiffe être égalé au Can pour l'étendue du païs, la multitude du peuple & la grandeur des richeffes. Donné en la ville de Cambalu au roïaume de Catai l'an 1305. le huitiéme de Janvier, bit... Telle eft la lettre de frere Jean de Montcorvin qui a befoin de quelques obfervations. V. Haiton. c. 1. Bibl. orient. P. 991. Le roïaume de Catai ou Catha eft la Chine feptentrionale, conuë alors fous le nom de Catai, comme il paroît dans la relation du Venitien Marco Paolo qui y étoit vers l'an 1269.elle fut nomée Chine par les Portugais, qui la découvrirent en 1516. Ce païs avoit des rois particuliers dont la réfidence étoit à Cam- P.222.253. balu ou Can-balic, conuë aujourd'hui fous le nom de Pequin. Cependant fuivant cette lettre il femble que le grand Can des Tartares refidât alors à Cambalu; & ce grand Can étoit Mahomet Gaïateddin autre, Tome XIX. M p.ss. P. 363. AN. 1305. Pococ. Supl. P. 3. C. 45. ment Algiaptou fils d'Argon qui fucceda à fon frere Cazan en 703. de l'Hegire ou 1303. Il fe nommoit auffi en Perfan Chodabenda,c'est-à-dire ferviteur de Dieu, & regna jufqu'en 716. 1316: fuivant les hiftoires orientales: il réfidoit l'hiver à Bagdad & l'efté à SultaHait. hift. nie, qu'il fonda en 705. 1304. C'est celui qu'Aïton nomme Carbaganda par corruption de Chodabenda. Il dit qu'il étoit né d'une mere Chrétiene, & qu'il avoit été baptifé & nommé Nicolas : mais qu'aprés la mort de fa mere il fe fit Musulman. Quant aux Neftoriens ils s'étendirent d'abord dans l'empire des Perfes ennemis des Romains, & avancerent encore plus vers l'orient fous la domination des Musulmans, en forte qu'ils entrerent à la Chine dés l'an 636. de Kirch.China J. C. A l'égard des medifances répanduës par le chiilluftr. fol.91. rurgien Lombard, ce pouroit bien être les reproches contre le pape Boniface. XLVII. ce Arme nien. Haïton que je viens de citer étoit un Armenien Haiton prin- feigneur de Curchi parent du roi d'Armenie, qu'il fervit pendant plufieurs années dans les guerres conHait. praf. tre les Sarrafins & les Tartares, aïant toutefois réfolu bist. c. 46. depuis long-temps d'embrasser la vie religieufe, ce qu'il executa cette année 1305. car aprés une grande victoire remportée par les Armeniens fur les troupes du fultan d'Egypte en Caramanie, il prit congé du roi Livon & de fes autres parens & paffa en l'ifle de Chipre où il prit l'habit dans un monaftere de l'ordre de Premontré nommé Epifcopia. L'Armenie avoit déja eû deux rois du nom d'Haïton. Le premier après avoir regné quarante-cinq ans, Hait. hift. laiffa le roïaume à fon fils Tivon ou Livon, se fit moine, on ne dit point de quel ordre, & prit le nom C. 33. |