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la crainte, elle aborda fon pere. Le trouble où je vous vois lui dit-il naît-il de votre repentir, ou de la réfolution de m'oppofer en face une criminelle réfiftance ?........ Vous ne répondez point Je le vois; les larmes qui vous échappent, bien loin de couler pour implorer ma clémence vont encore ajouter à mon reffentiment. Il dépend pourtant de vous de retrouver votre pere. Oui! ma fille il vient pour vous pardonner; il vous tend les bras; mais fongez-y bien, s'il les retire une fois, jamais rien ne pourra lui faire oublier que vous avez ofé secouer le joug du devoir. Levez les yeux, regardez ce pere qui vous aime, & qui ne demande qu'à vous faire grace. Rendez-vous digne de fes bontés.......... Hé quoi ! vous ne répondez rien ?. Vous n'êtes pas affez coupable pour n'ofer me parler, fi vous vous repentez ; & vous l'êtes de refte pour ofer l'être davantage fi vous perfiftez dans votre rebellion. Parlez Adélaïde, je vous l'ordonne. Mon refpect pour vous me le défend, repartit Adélaïde toute tremblante. C'étoit de vous fouftraire à l'autorité paternelle reprit Enguerrand, dont ce respect de

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voit vous éloigner. J'ai paru m'y fouf traire, il eft vrai, repliqua Adélaïde d'une voix plus affurée; mais cet afyle que je préfere à Alberic, ne peut-il pas me juftifier? Il peut au moins vous punir, repartit Enguerrand. Ce langage, qui vous paroît auffi adroit qu'il eft groffier en effet, ne m'éblouit pas; vous le regardez comme un moyen de refuser Alberic: vous espérez du temps & des événements le pouvoir de difpofer un jour de votre main ; mais vous vous abufez. Ma fermeté eft à l'épreuve du temps & des événements, & jamais vous ne ferez à perfonne ou vous ferez à Alberic. Ma fille, continua-t-il avec douceur, ferez-vous infenfible au chagrin mortel que vous nie caufez? Ma bonté ne vous ferat-elle point rentrer dans votre devoir ? Si vous m'aimez, fi ma tendresse vous eft chere, acceptez Alberic pour époux. Au nom de cette tendreffe repartit Adélaïde en fe profternant devant fon pere, au nom de celle que j'ai pour vous, au nom de votre vertu à qui je dois la mienne, au nom même de la nature , que je réclame dans votre cœur, ne portez pas les droits de pere jufqu'à vouloir exiger de moi de leur

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facrifier le repos de ma vie. Evitezmoi les reproches que je mériterois, en ajoutant à l'affront que je fais à Alberic, celui que je lui ferois encore. Qui! malgré mon refpect pour vous, malgré votre préfence, & malgré mon devoir, je lui refuferois la main au pied même de l'autel ! Plus j'eftime Alberic, plus je rends de juftice aux qualités qui lui ont attiré l'amitié de fon Roi & la vôtre, plus je le vois digne d'être aimé, plus enfin je respecte les leçons de vertu que vous avez gravées dans mon cœur, & moins je pourrois lui faire le don de ma main. Non! je ne confentirai jamais à la lui donner: mon antipathie le rendroit auffi malheureux, qu'elle me rendroit coupable. C'eft de vous, mon pere, que je tiens cette digne leçon, de n'avoir jamais rien à fe reprocher. Levez-vous, ma fille, lui dit Enguerrand, vous m'attendriffez la ferme réfiftance que vous ofez m'opposer, continua-t-il les yeux attachés fur Adélaïde, acheve de me convaincre qu'un autre Objet vous rend Alberic odieux. Hé bien ! ma fille, ne feignez pas à me le nommer; l'excès de votre douleur me fait fentir que je fuis pere. Vous pouvez efpérer le par

don de votre égarement, fi le choix que votre cœur a fait, eft digne de vous & de moi. Adélaïde incertaine du parti qu'elle devoit prendre, balança un moment; mais voyant tout-d'uncoup le danger où elle s'expoferoit, fi fon pere ne cherchoit qu'à la pénétrer, elle répondit avec affurance: Je n'ajoute point au crime de refufer l'époux que vous m'aviez choifi, celui d'ofer en demander un autre. Je ne demande que la liberté de refter dans cette Abbaye. Par pitié, Monfieur, fouffrez que j'y confacre mes jours: laiffez-moi m'y punir de ma défobéiffance à vos ordres, & du refus offenfant que je fais de ma main à un homme qui vous eft devenu fi cher. Oui! ma fille, vous les y confacrerez, lui dit froidement Enguerrand, je vous aime trop pour vous refufer la grace que vous me demandez. Il quitta Adélaïde en achevant

ces mots.

La furprise d'Enguerrand, de trouver dans fa fille un caractere affez ferme pour lui réfifter en face; le defir de s'en venger, en lui accordant ce qu'elle ofoit demander, furent les mouvements qui l'agiterent jufqu'à Paris. Il entra chez Madame de Couci, les yeux

étincelants de colere : cette tendre mete & Raoul tremblerent pour Adélaïde. C'en eft fait, leur dit-il, Alberic eft fans espérance. Adélaïde le méprife & m'outrage; elle eft fourde à la voix de la nature, à celle du devoir, à celle de l'honneur. Elle veut être malheureuse, j'y confens. Et moi je n'y confens pas, s'écria Madame de Couci. Ma fille n'eft-elle pas mon bien ainfi que le vôtre ? Son fort ne dépendil que de vous ? Pouvez-vous, fans une injuftice extrême l'arracher de mes bras pour la facrifier à votre colere? Laiffez-lui, dans Chelles, le temps de faire un retour fur elle-même : ne preffez rien; attendez tout de fa vertu. Sa raifon, votre douceur & le temps la rameneront; mais plus vous ferez févere, plus Alberic lui fera odieux : il lui fera feul refponfable de votre indignation & de votre violence. Non! Madame , repartit Enguerrand, ni vous, ni moi, ni la raison, ni le temps n'obtiendront rien de votre fille ! Elle

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ne refuse Alberic, que parce qu'elle a fait elle-même un autre choix ; elle aime; & ce qu'elle aime ne l'entretiendra que trop dans fon obftination, Elle efpere rebuter Alberic & me vain

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