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J'al, Maxi, de vertu pour les appaifer, qu'ils étoient plus fimples, en ne leur offrant pour libations que les mets de leur table, du gâteau & du fel (b),

Plin. lib.

14. C. 13,

(c) Lucius Papirius, Général, prêt à marcher contre les Samnites,fit vœu

(b) Il ne faut pas douter, comme les Payens même le penfoient, que Dieu n'ait infiniment plus d'égard à la fainteté de fes Miniftres, & à l'intention pure de fes Adorateurs, qu'à l'éclat & à la magnificence qu'on employe dans fon culte; mais on ne doit pas blâmer pour cela le pieux zele des Eccléfiaftiques & des perfonnes riches, qui mettent leurs foins à orner & décorer fes Temples. Cette pompe extérieure ne contribue pas peu à augmenter la piété & le refpect des hommes, & fert à donner une haute idée de la majefté de celui pour qui l'on fait cette dépense.

(c) La famille des Papirius a été illuftre à Rome entre les familles Patriciennes, Celui-ci s'appelloit Lucius Papirius Curfor. II. fut le plus grand Capitaine de fon tems. Il acheva la guerre contre les Samnites, qui redoutoient extrêmement fon nom, laquelle duroit depuis 71 ans, avec celle des Tarentins, qui étoit commencée depuis dix ans. Il fut nommé Cenfeur,qui étoit la plus belle place de la République, élevé quatre fois à la dignité de Conful, & deux fois à celle de Dictateur. C'étoit dans le moment de donner une bataille, que les Anciens fe croyoient le plus obligés de confulter les Dieux, & de fe les rendre favorables. Il eft beau, ce me femble,

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à Jupiter, s'il remportoit la victoire, de lui offrir une coupe de vin. Les Images des Dieux les plus eftimées alors étoient de terre: l'on n'en faifoit aucune ni d'or ni d'argent. La République ne rougit pas d'honorer dans la fuite des hommes qui avoient adoré fincérement de tels Dieux; car Jupiter fembloit être plus favorable, lorfque fes Statues étoient formées d'argile, que quand elles étoient d'or. Cette modefte coutume de confacrer à Rome des Statues dans les Temples des Dieux, faites de bois ou de terre, a duré jufqu'à la conde voir des Peuples idolâtres protester ainfi publiquement qu'ils attendent tout de la Divinité, qu'ils la regardent comme la fource des fuccès & des victoires, comme l'Arbitre fouverain des Etats & des Empires; comme donnant les confeils falutaires, & infpirant la prudence & le courage, comme digne par tous ces titres d'avoir la premiere part au butin, & méritant une reconnoiffance éternelle pour des bienfaits fi importans. Plu fieurs d'entre les Généraux regardoient ce devoir de religion fi effentiellement néceffaire, qu'ils aimoient mieux le pouffer quelquefois jufqu'à une fuperftition puérile & ridicule, que d'y manquer, attribuant toujours au mépris irréligieux de ce devoir, les malheurs que fouvent leur ignorance ou leur témérité leur attiroient.

Juven. Sat, 11. verf. 116.

quête de l'Afie, fatale époque où le luxe a commencé de s'emparer de cette Ville (d).

Plutarc. in III. On rapporte qu'Alexandre Alex. le Grand aima de bonne heure à faire éclater la magnificence dans le culte des Dieux. Comme il jettoit un jour, dans la célébration d'un Sacrifice, de l'encens à pleines mains dans le feu facré, Leonidas fon Précepteur le reprit en ces termes : Prince, vous prodiguerez ainfi l'encens, lorfque vous vous ferez rendu maître des Pays où il prend naiffance: en attendant, ufez-en avec plus d'épargne. Alexandre, quelque tems après, ayant foumis fous fa puiffance l'Arabie où croît l'encens, & s'étant fouvenu de la réprimande que lui avoit faite peu de jours avant Leonidas, il lui envoya

(4) L'on fent bien que c'eft une pure fuperftition & une idée payenne, de s'imaginer que Dieu attache quelque faveur particuliere à la différence de la matiere qui compose fa reffemblance, tout dépendant de l'innocence du coeur de celui qui le fert, & les Images n'étant faites que pour rappeller l'homme à lui-même, toujours détourné par la vue des créatures, dont le Démon fe fert comme autant de piéges pour le féduire & le corrompre, en lui faifant appercevoir en elles des charmes faux & trompeurs.

une grande quantité d'encens & d'autres parfums, avec le fage confeil de ne plus être fi ménager déformais dans les honneurs qu'il rendroit aux Dieux (e).

(e) Alexandre, Roi de Macédoine, naquit la premiere année de la cvi. Olimpiade. Ses belles actions lui mériterent le titre de Grand. Il donna dès fa plus tendre jeuneffe des marques de ce qu'il devoit être un jour, en domptant à l'âge de feize ans un cheval de bataille, nommé Bucéphale, que les plus habiles Ecuyers de fon pere ne pouvoient monter, tant il étoit ombrageux, & fe cabroit dès qu'on vouloit l'approcher. On raconte des chofes extraordinaires de ce Bucéphale ; car tout ce qui appartenoit à Alexandre devoit tenir du merveilleux. Les Curieux peuvent confulter fur ce fujet Aulu-Gelle, Liv. 5. Chap 2. Alexandre n'avoit que vingt ans quand il monta fur le Trône. Comme fa paffion dominante étoit l'ambition, & une vive ardeur pour la gloire, il n'y a point de Héros qui ait pouffé fes conquêtes plus loin que lui, & qui ait parcouru tant de Pays. M. Rollin conte dans l'Hiftoire étendue qu'il a Tome 3. de écrite de ce Roi, que dans l'espace de moins l'Hiftoire ande huit ans, il a fait avec fon Armée plus de dix-fept cens lieues, fans parler de fon tour de Babilone. Mais ce qui eft admirable dans Alexandre, & prouve la force & l'avantage d'une excellente éducation, c'eft le grand refpect pour fes Maitres, & l'amour des belles-Lettres, qui ne le quitterent point dans le plus fort des guerres & des victoires.

cienne.

Quelques repliques & quelques Lettres qui nous reftent de ce Prince, montrent combien il avoit profité des Leçons d'Ariftote fon Maitre, Philofophe le plus célebre & le plus fçavant qui fût alors. Mais quel eft 'heureux fonds & le meilleur naturel que la fortune ne gâte? Depuis le Siége de Tyr, qui fuivit de près la bataille d'Iffus, & où Alexandre fit paroître tout le courage & toute l'habileté d'un Capitaine accompli, on vit les vertus & les grandes qualités de ce Conquérant dégénérer tout-à-coup, & faire place aux vices les plus groffiers, & aux paffions les plus brutales. Quoi de plus bas & de plus indigne d'un Roi, que l'excès du vin? Quoi de plus funefte & de plus meurtrier, que l'emportement de la colere? Alexandre, vainqueur de tant de Peuples, fuccomba à ces deux vices, qui ternirent toute la gloire de fes belles actions, & le conduifirent à la fleur de fon âge au tombeau. Il mourut à Babilone, âgé d'environ trente-trois ans, l'an de Rome 430, & 321 avant JESUS CHRIST. Les uns difent qu'on l'empoifonna; mais fuivant le témoignage du plus grand nombre, le vrai poifon qui le fit mourir fut le vin, & il en a tué bien d'autres. Son regne dura douze ans.

Le trait de Leonidas cité ici, eft un de ceux qui ont illuftré le glorieux commencement de fon regne. Il prouve bien un Roi religieux, plein de généreux fentimens, de confiance envers les Dieux, qui rendent avec intérêt aux hommes les préfens qu'ils en reçoivent, & qui payent la plus petite offrande, quand elle eft faite avec un coeur droit & innocent, d'une abondance de faveurs fans borne & fans mefure.

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