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nime de toutes les Nations, eft le cri Senec. Ep. de la nature, & le témoignage de la 117.

vinité par les oracles & par d'autres voies femblables, & à mériter fa protection par des prieres, des voeux, des offrandes. C'eft par cette autorité fuprême qu'ils croyent mettre un fceau inviolable à la folemnité des traités; c'eft elle qu'ils font intervenir dans les fermens; c'eft à elle que par les imprécations ils confient & abandonnent la punition des crimes & des perfidies qui échappent à la connoiffance ou au pouvoir des hommes. Dans tous les befoins particuliers, voyages, mariages, maladies, la Divinité est invoquée. C'eft par là que commencent & finiffent tous les repas. Nulle guerre ne fe déclare, nul combat ne fe donne, nulle entreprise ne se forme, fans avoir auparavant imploré fon fecours; & la gloire des fuccès lui eft toujours rapportée par des actions de graces publiques', & par l'oblation des plus précieufes dépouilles, que l'on ne manque jamais de mettre à part, comme appartenantes de droit à la Divinité.

On ne voit point de variété fur le fond de cette croyance. Si quelques Particuliers, gâtés par une mauvaise Philofophie, comme nous en allons voir l'exemple, ofent de tems en tems s'élever contre cette doctrine, ils font auffi-tôt défavoués par un cri public, & demeurent feuls fans faire corps, & fans former de fecte. Tout le poids de l'autorité publique tombe fur eux, jufqu'à mettre leur tête à prix ; & ils font regardés par-tout comme des hommes exécrables, & comme

vérité, il faut avouer néceflairement

des peftes de la Société civile, avec qui l'on ne peut conferver aucun commerce.

Un confentement fi général, fi uniforme, fi conftant de toutes les Nations du monde, que ni l'intérêt des paffions, ni les faux raifonnemens de quelques Philofophes, ni l'autorité & l'exemple de certains Princes, n'ont jamais pu affoiblir ni faire varier; ce confentement n'a pu venir que d'un premier principe qui fait partie de la nature de l'homme, d'un fentiment intime gravé dans le fond de fon coeur par l'Auteur de fon être, & d'une tradition primordiale auffi ancienne que le Monde même.

Voilà l'origine & la fource de la Religion des Anciens, véritablement digne de l'homme, s'il avoit pu fe tenir à la fimplicité & à la pureté de ces premiers principes. Mais les erreurs de l'efprit & les vices du coeur, funeftes effets de la corruption de la nature humaine, ont étrangement défiguré ces premiers traits. Ce font de courtes lueurs & des étincelles brillantes, qu'une dépravation générale n'a pu éteindre, mais incapables de diffiper la nuit profonde & noire qui regne prefque par-tout dans le Paganifme, & qui ne préfente qu'abfurdités, que folies, qu'extravagances, que licences de moeurs & des défordres; en un mot, qu'un amas monftrueux d'égaremens & de diffolutions dont il n'étoit réservé qu'à l'Evangile feul de J. C. de mettre au grand jour toute l'horreur & toute l'abomination, en ramenant les hommes au véritable & unique culte de Dieu,

qu'il exifte un Etre fuprême, quel qu'il foit.

II. La coutume de difputer con

Cicer. de

tre l'existence des Dieux eft crimi- nat. n. 2, 63. nelle & impie, foit qu'on le fasse sérieufement ou par fuppofition (b). C'est pourquoi Protagoras, le plus

(5) Combien de Protagoras aujourd'hui font encore dans ce doute impie, & ofent en répandre le poifon dans des libelles injurieux à la fainteté de la Religion qu'ils exercent en apparence, & cela malgré la rigueur des Loix, les Arrêts du Senat chrétien, & les pieux foins de notre Roi! On ne peut trop infpirer d'horreur aux jeunes gens pour ces Livres extrêmement dangereux.

Protagoras étoit d'Abdere, Ville de Thrace. Il fut d'abord Porte-faix, & enfuite Difciple de ce fameux Démocrite, le Rieur perpétuel. Il croyoit qu'on pouvoit foutenir le pour & le contre fur toutes chofes, ce qui le jetta dans un labyrinthe de fophifmes abfurdes & impies. Il écrivit grand nombre d'Ouvrages, & il mourut en voyageant, âgé de quatre-vingt-dix ans. Morery.

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Le concours général & conftant des hommes de tous les Siecles & de tous les Pays, à croire fermement l'existence de la Divinité a toujours paru aux Anciens un argument au quel on ne pouvoit rien oppofer de fenfé ni de raifonnable. En effet, les opinions qui n'ont pour fondement qu'une erreur populaire, ou une crédule prévention, peuvent bien durer quelque tems, & dominer dans

lib. 13.

fameux Sophiste de fon tems, ayant avancé au commencement d'un certain Livre, qu'il doutoit s'il y avoit des Dieux, fut chaffé par l'ordre des Athéniens de la Ville & du Territoire Died. Sic. dAthênes, & fes Livres furent brûlés en place publique, fa tête même, fuivant le rapport de quelques Auteurs, fut mife à prix ; & l'on promit *Trois mil- pour récompenfe un talent d'argent * le livres de à celui qui le tueroit. C'est ainsi que le doute feul de l'existence des Dieux ne put échapper au châtiment de la Juftice.

notre

noye.

mon

certains Pays, mais tôt ou tard elles fe diffipent, & perdent toute créance; au lieu qu'une opinion, ou plutôt un jugement de la nature, quand il eft univerfel, ne peut être effacé, & eft néceffairement vrai. Nous voyons ici combien la doctrine impie de l'athéifme contraire à la créance commune & immémoriale des hommes, fcandalife & révolte généralement tous les Peuples, jufqu'à être jugée digne de mort. Elle doit fa naiffance à des Maîtres plongés dans la débauche de la bonne chere & des femmes, & qui fe propofent la volupté des fens pour leur derniere fin.

CHAPITRE IL

Nous connoiffons Dieu par fes Euvres,

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I. ù eft l'homme affez dépour- Cicer, 1, vu de raison, qui en jettant les Tufcul. n. 70. yeux au Ciel, ne comprenne qu'il y a un Dieu ?

De arufpic.

Refponf.

19.

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De Divin.

De nat. 1.

La beauté de l'Univers, l'ordre des Corps céleftes, la marche du Soleil, . . . 148. de la Lune & des Etoiles, montrent affez au premier coup d'œil qu'ils ne font pas l'effet du hazard, & nous 2. m. 15, forcent d'avouer qu'il y a une Nature fupérieure & éternelle, qui mérite les hommages & l'admiration du Genre Humain (a).

(a) Les premiers hommes qui fe font livrés à l'Idolatrie, ont été tellement frappés de la beauté du Ciel, qu'ils adorerent d'abord le Soleil, la Lune, & les autres Aftres qui roulent au-deffus de nos têtes. Ils rendoient hommage à la Créature, au lieu de le rendre au Créateur. La fuperftition s'étant accrue dans la fuite des tems, chaque Peuple fe fit des Dieux à fa mode, & on vit l'homme infenfé fe profterner devant les bêtes, les poreaux & les oignons. Ce funefte aveuglement dura jufqu'à ce que J. C. vint établir

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