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Tant de révolutions arrivées en cet Ordre, en avoient ORDRE DU banni les Obfervances Regulieres,& quoique le Pape Pie V. VIERGES eût fait faire quelques Réglemens pour les y rétablir, il n'y avoit qu'un petit nombre de Couvens qui les avoient reçus, & où la Regle de S. Benoît étoit pratiquée. Mais l'an 1596. le Pape Clement VIII. voulut introduire une Réforme Générale dans tout l'Ordre. Pour cet effet il nomma Commiffaire Apoftolique le Pere Jean Leonardi, Fondateur des Clercs Réguliers de la Mere de Dieu de Lucques, dont nous avons parlé dans la troifiéme Partie de cette Histoire. Il lui donna pouvoir de visiter tous les Couvens de cet Ordre, de fupprimer ceux où on ne pouvoit pas pratiquer les Obfervances Régulieres, & de ne referver que ceux qu'il trouveroit les plus commodes pour cela, & dans lesquels on pourroit mettre pour le moins douze Religieux. Il lui recommanda fur toutes chofes d'en bannir la proprieté, & de rétablir la vie commune dans les Monafteres où elle n'étoit pas obfervée.

Ce Pere executa les volontés du fouverain Pontife; & malgré les oppofitions de quelques Religieux, il établit la Réforme dans tout l'Ordre, & dreffa des Conftitutions,qui furent approuvées par la Sainteté, & qui y font encore en pratique. Le même Réformateur affigna à ces Religieux le Breviaire des Ermites Camaldules de la Congregation du Mont-de-la-Couronne, qu'il fit imprimer l'an 1597. & leur ordonna que dans fix mois ils euffent à reciter l'Office Divin, conformément à ce Breviaire..

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Paul V. confirmant ce que le Pere Leonardi avoit fait touchant la fuppreffion des petits Monafteres de cet Ordre, fixa par une Bulle de l'an 1611. le nombre des Couvens qui devoient rester, & celui des Religieux qui y devoient demeurer. Il ordonna qu'il n'y auroit que vingt-quatre Mona fteres que dans celui du Mont-Vierge il y auroit toûjours. cent Religieux, dont la moitié feroient Prêtres ; dans le Monaftere de Naples feize Religieux ; dans celui de Cafamaricana quatorze; & dans ceux de Capouë, de Terra Pinta,de Terra-Candida, de Mauriliani, d'Averfa, de Rome, de Guglieto, de la Poüille, de Montefalco,& d'Argenfo,douze Religieux; & que ces Monafteres feroient gouvernés par des Abbés. Onze autres font nommés dans la même Bulle,dans lefquels il ne pouvoit y avoir que fix Religieux, gouvernéss

MONTVIERGE.

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ORDRE DU feulement par des Prieurs, qui pourroient fucceder aux Abbés des autres Monafteres en cas de décès ; que ces onze Prieurs feroient amovibles, & qu'on en éliroit trois pour ler au Chapitre Général, auquel le Doïen, les Deffiniteurs, les Vifiteurs, le Procureur Général en Cour de Rome, tous les Abbés, & le Maître des Novices auroient voix, & que tous ces Abbés joüiroient des mêmes droits, privileges,immunités & exemptions, que ceux de l'Ordre des Čamaldules.

Le même Pontife ordonna encore que dans vingt-quatre autres Maisons nommées dans fon Bref, on n'y établiroit aucune Communauté, & qu'on y envoïeroit feulement deux Religieux, dont l'un feroit Prêtre pour y dire la Meffe, & l'autre Convers, pour avoir foin des revenus, lefquels Religieux feroient réputés de la famille du Monaftere,auquel la Maison où ils demeureroient feroit annexée. Il confentit auffi qu'on mît cinq Religieux dant les Monafteres fitués dans les dépendances du Mont- Vierge,& où ils faifoient les fonctions de Curés, & qu'il y en eût trois dans celui de Pouzzoles, comme fervant d'Hofpice au Monaftere de Naples: dans toutes les autres Maisons de l'Ordre, on n'y devoit envoïer qu'un Frere Convers ou Oblat, pour avoir foin des ornemens de l'Eglife & des revenus.

Il y a auffi dans ce Bref des Reglemens concernant le gouvernement de l'Ordre: aucun Abbé, Prieur ou Cellerier, ne peut exercer ces Offices dans fon païs. Le Monastere du Mont-Viorge, Chef d'Ordre, & celui de fainte Agathe à Rome, font destinés pour y recevoir des Novices, & il ne peut y avoir dans tout l'Ordre plus de trois Religieux du même païs. On doit établir deux Monafteres pour y éléver les jeunes gens,jufqu'à ce qu'ils foient Prêtres, ou au moins Sou-Diacres : la forme de l'habit des Convers & des Oblats y est prescrite.

L'on voit par ce Bref qu'il y avoit encore fous le Pontificat de Paul V. un grand nombre de Monafteres de cet Ordre, & quoiqu'il y en eût eu plufieurs, du vivant même du Fondateur dans le Roïaume de Sicile, il n'en reftoit alors que deux ou trois qui étoient du nombre de ceux où on ne devoit envoïer qu'un Prêtre & un Convers: tous les autres en ce Roïaume avoient déja été fupprimés ou donnés en

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Commende dès l'an 1410. & entre les autres, celui de faint ORDRE DU Jean des Ermites à Palerme, qui étoit un des plus confidera- VIERGE bles de cet Ordre en Sicile, où il n'en refte aucun à préfent. L'Ordre du Mont-Vierge ne fubfifte plus à préfent que dans le Roïaume de Naples, & dans quelques lieux de l'Etat Ecclefiaftique, où il a au plus quarante-fept Maifons. Le Général de cet Ordre eft triennal, & Abbé du MontVierge: il fe qualifie Seigneur fpirituel & temporel de Mercugliano, Spedaletto, & de toutes les Terres qui dépendent de fon Abbaïe. Il fe fert d'ornemens Pontificaux, & donne les Ordres Mineurs, non feulement à fes Religieux, mais encore aux Clercs Séculiers qui demeurent dans les Terres de fa-dépendance.

Le Mont-Vierge eft fort élevé & couvert de neiges en tout tems. Le Monaftere n'eft pas bâti au fommet de la montagne, mais dans le milieu. If eft très magnifique, & contient plufieurs corps de logis. Les Religieux n'y mangent jamais ni viande, ni oeufs, ni laitage, ni fromage, non pas qu'ils y foient obligés par leurs Constitutions; mais parce que Dieu a confacré ce lieu à la penitence: ce qui eft fi manifefte, que fi l'on y porte de la viande,des œufs,du fromage, même du fuif de chandelle, ou quelqu'autre graiffe, 'air s'obscurcit tout d'un coup; il s'éleve des tempêtes & des orages furieux, mêlés d'éclairs & de tonnerre,qui paroît prêt à tomber: ce que les Séculiers qui ont voulu porter de la viande ou de la graiffe, foit par curiofité, foit par ignorance, ont experimenté plufieurs fois. C'eft ce que rapportent tous les Historiens qui ont parlé du Mont-Vierge, & dont le Cardinal des Urfins Archevêque de Benevent rendit témoignage l'an 1708. par un Acte authentique, où après avoir parlé de l'Image de la fainte Vierge, qui eft reverée en ce lieu, & de la maniere qu'elle y a été portée, il finit par ces paroles: Hoc pra cateris memoria dignum perhibetur,quod ad hoc afceterium nec caro,nec cafeum,nec ova,nec opus quodcumque lacterium neque febacta candela per deco milliaria undique verfum duci queunt ; ftatim enim Cælum fulgurat,ac tonat frangore, immenfa erumpunt pluvia, aftivoque tempore vigere confuevit præfati populi innumeri concurfus, summeque devotionis, nos ipfi qui femel atque iterum Congregatioxis Montis-Virginis Vifitatorem egimus Apoftolicum & ad

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