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CONCRE

GATION DU

CALVAIRE

RELIGIEU- Jofeph Capucin,que les Religieufes de cet Ordre reconnoif SES DE LA fent auffi pour leur Instituteur,lui a donné auffi ce titre, malgré tous nos doutes, nous ne voulons pas le lui refufer:c'est pourquoi avant que de nous étendre davantage fur l'Histoire de cet Ordre, nous donnons ici fa Vie en deux mots, telle que la rapportent ceux qui font du fentiment qu'elle a fondé cet Ordre, dont nous donnons après l'Hiftoire, conformément à ce qu'en difent ces mêmes Ecrivains.

Cette Princeffe étoit fille de Leonore d'Orleans Duc de Longueville, Marquis de Rotelin, Comte de Neufchâtel en Suiffe, & de Marie de Bourbon, Ducheffe d'Eftouteville, Comteffe de Saint-Pol. Elle nâquit vers l'an 1571. & fut élevée dès fes plus tendres années dans la pieté & la vertu. Quoiqu'elle fût une des plus belles perfonnes de fon fiécle, fon cœur fut toûjours à l'abri de la vanité: le faste & le luxe ne purent trouver d'accès chez elle, & elle ne fe laiffa point entraîner par le torrent des plaifirs & des charmes qui fe rencontrent à la Cour. Infenfible à leurs traits,elle en triompha toûjours par un généreux mépris, & elle ne s'attacha uniquement qu'à plaire à Dieu par fon affiduité à la priere & à l'oraifon, & par fa charité & son zele pour le falut du prochain.

Etant en âge d'être mariée, elle époufa Charles de Gondi, Marquis de Belle-Ifle, dont elle eut Henri de Gondi Duc de Retz: le Marquis de Belle-Ifle aïant été tué au Mont Saint-Michel l'an 1596. elle demeura veuve à l'âge de 22. ans;mais à peine eut-elle paffé trois ans dans le monde,qu'elle y renonça généreufement, & foulant aux pieds toutes fes pompes & les vanités, elle voulut imiter la pauvreté de Jefus-Chrift, en quittant tous les biens & toutes les grandeurs de la terre pour fe retirer dans le Monaftere des Feuillantines de Toulouse, nouvellement inftituées, aïant préferé cet Ordre aux autres, comme étant alors le plus auftere. Elle furmonta toutes les difficultés qui s'oppoferent à fon deffein, & reçut l'habit de Religion, fous le nom d'Antoinette de fainte Scholaftique, le premier Novembre 1399. L'Evêque de Paris, Henri de Gondi son beau-frere, alla à Toulouse pour tâcher de la faire fortir de fon Monaftere ; mais aïant reconnu par fes réponses que fa vocation venoit de Dieu, bien loin de lui perfuader de le quitter, il la fortifia au con

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Religieuse de Notre Dame

du Calvaire en habit de Choeur

SES DE LA

traire dans fes bons deffeins, & elle fit profeffion le 6. Jan- RELIGIENvier 1601. Nous avons déja parlé ailleurs de l'ordre qu'elle CONGREreçut du Pape Clement VIII. pour aller à Fontevraud. Ce GATION fut là qu'elle connut le Pere Jofeph Capucin, qui eft aussi reconnu par les Religieufes du Calvaire pour leur Inftitu

teur.

Il nâquit à Paris le 4. Novembre 1577. Son pere fe nonmoit Jean le Clerc, Seigneur du Tremblay, feul Préfident aux Requêtes du Palais à Paris, Ambassadeur à Venife, & Chancelier de François Duc d'Alençon, quatriéme fils du Roi Henri II. & fa mere étoit Marie de la Fayette,qui avoit été élevée dans la Religion de Calvin, de laquelle connoiffant dans la fuite la faufferé, elle en fit abjuration, & fit paroître après fa converfion de fi grands exemples de pieté & de vertu,que cela ne fervit pas peu à gagner à Jefus-Chrift celui qu'elle avoit mis au monde. Lorfqu'il fut en âge d'étudier, fon pere lui donna un Précepteur habile, fous lequel il fit de fi grands progrès dans les Langues Grecque & Latine, qu'il fut bien-tôt regardé comme un prodige. Il demanda en grace à fon pere qu'il pût fortir de fa maifon, de peur d'être détourné dans fes études par les careffes de fa mere, qu'il aimoit avec tendreffe, & dont il étoit aimé de même, & par une infinité d'honnêtes gens amis de la maifon,qui prenoient plaifir à l'entendre raifonner. On le mit au College de Boncourt à Paris, fous la difcipline de Gallandius, qui en étoit le Principal, & beaucoup eftimé par fa probité & fon érudition. Le progrès qu'il fit dans toutes fortes de fciences, donna beaucoup de joïe à fon pere, qui en conçut de grandes efperances; mais qu'il ne put voir accomplies, la mort l'aïant ravi à fon fils, qui n'avoit encore que dix ans.

Les guerres civiles qui arriverent en France quelque tems après obligerent Madame du Tremblay fa veuve de fe retirer avec fon fils au château du Tremblay près de Montfort-l'Amaury,à quatre lieuës de Versailles. Mais comme ce château n'étoit pas affez fort pour le défendre des infultes des Soldats,elle trouva une retraite plus affeurée dans celui de Menu qui n'étoit éloigné du Tremblay que d'une lieuë. Ce féjour à la campagne ne fut point une occafion au Baron de Maflée (c'eft ainfi qu'on appella le jeune du Tremblay) de se relâcher dans fes études. Il entroit dans fa quatorziéme an

DU

CALVAIRE.

DE LA

CONGRI

RELIGIEU- née, lorfqu'il étudia fous le célébre Muret, fameux JurifSES DRL confulte, qui après lui avoir fait faire au Tremblay fon SATION DU Cours de Philofophie, lui donna une idée générale du Droit CALYAIRE. Civil & Canonique, autant qu'il en faut à un homme de condition pour en parler dans le monde.

Le Baron de Maflée étoit le Chef de fa famille depuis la mort de fon pere. Il étoit obligé de faire les honneurs de la maison auprès d'une mere qui aimoit le monde & en étoit aimée. Mais pour lui il en conçut dès lors du dégout; & quoiqu'il n'eût que feize ans,il fongea à fe retirer chez les Capucins. Il n'executa pas pour lors fon deffein, quelques Religieux aufquels il le communiqua, lui aïant confeillé, pour éprouver la vocation de ne point quitter le monde & de s'armer de conftance & de courage contre fes furprises. Les guerres civiles étant finies, & Paris aïant été foumis à l'obéïffance d'Henri IV. le Baron de Maflée y retourna & apprit en peu de tems plufieurs Langues comme l'Italien, l'Alleman, l'Efpagnol & l'Anglois. Il fit une étude particuliere de l'Hebreu fous le fçavant Muret Profeffeur Roïal. A la conoiffance des Langues il fit fucceder l'étude des Mathematiques & les exercices qui conviennent à un Gentilhomme. Comme il étoit encore jeune pour prendre un parti, sa mere confentit qu'il fît le voïage d'Italie & d'Allemagne. Il avoit dix-neuf ans lorfqu'il partit de Paris. A fon retour en France il fit une campagne fous le Connêtable de Montmorenci fon parent. Il fe diftingua au fiége d'Amiens & dans toutes les occafions où il fut commandé, & donna par tout des marques de fon courage & de fa valeur, en forte que la fortune lui tendoit les bras & lui donnoit tout fujet d'efperer qu'il pouvoit parvenir à de grands honneurs: mais ce jeune Baron infenfible à des avantages fi periffables n'étoit occupé que de la pensée & du defir de la retraite à laquelle il fut encore plus excité par la mort d'un de fe amis. Îl auroit quitté le monde dés ce tems-là, s'il n'avoit pas été obligé de fuivre M. de Merle de Berzeau fon parent, qui alloit en Angleterre en qualité d'Ambassadeur Extraordinaire auprès dela Reine Elifabeth. Mais à peine fut-il de retour de ce voïage qu'il quitta le château du Tremblai pour aller à Paris chez les Capucins de la ruë faint Honoré qui lui donnerent obédience pour aller prendre l'habit de leur Ordre à Or

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