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T. VI.P.371

Benedictine de L'adoration perpetuelle du Sacrement en habit ordinaire

dans la maison

DICTINES
L'ADO-

RATION

La Providence Divine aïant fait tomber entre fes mains RELIGIEU la Formule des vœux du premier Ordre de faint François, SES BENE elle en fut fi charmée, qu'elle ne manquoit point de les réï- DE terer tous les jours, & même plufieurs fois, n'aïant rien con- PERPETUFLnu jufqu'alors de plus digne de Dieu ni qui exprimât mieux LE DU S. fes fentimens, & elle avoit un fi grand attrait pour l'oraifon, MENT que rien ne l'en pouvoit détourner.

Le recit des effroïables facrileges commis par les Heretiques contre le faint Sacrement de l'Autel, dans les guerres commencées en Allemagne en 1619. la toucha fi fenfiblement, qu'animée d'un zele ardent pour venger les interêts de cet augufte Myftere, elle s'offrit à Dieu pour en être la victime:ce qui étoit un préfage des deffeins que fa divine Majefté avoit déja formés fur elle; mais qui ne furent executés que plufieurs années après. Elle ne fongeoit qu'à la retraite & à fe renfermer dans un Cloître ; mais elle y trouva de grandes oppofitions de la part de fes parens, qui la voïant jeune, & recherchée en mariage par des perfonnes de diftinction,ne fongeoient qu'à l'établir dans le monde,la priant de ne pas s'opposer à leur volonté, & de ne leur pas donner le chagrin de les quitter: ce qu'ils faifoient avec une tendreffe capable d'ébranler un coeur moins pénétré de l'amour de Dieu que le fien. Mais elle voïoit couler leurs larmes fans en être émuë, & fans alterer la tranquillité de fon ame; & autant que le monde avoit de chagrin de la quitter,autant elle témoignoit de joïe de s'en voir féparée.

Sa conftance & fa fermeté lui aïant fait obtenir à la fin le confentement de fes parens, elle alla en diligence au Monaftere le plus proche, qui étoit celui des Annonciades des dix Vertus, au bourg de Bruyeres. C'étoit au mois de Novembre 1631. elle étoit pour lors dans la dix-feptiéme année de fon âge. Avant que de prendre l'habit, elle s'y difpofa quelques mois par la pratique de toutes les vertus. Elle le en 1632. avec le nom de Sœur de faint Jean l'Evangeliste. Pour lors elle secrut dans une nouvelle obligation d'être plus parfaitement unie à Dieu, & on vit en elle une augmentation de ferveur & de fidelité à son service.

reçut

Le tems de la profeffion approchant, elle s'y prépara par une retraite de quarante jours ; & après avoir prononcé ses vœux,elle en fit une autre de dix jours (que l'on appelle le

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DACRE

BI NEDICTINES

PERPETUIL

SACRE

MENT.

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RELIGIEU- filence nuptial, & que toutes les nouvelles Profeffes font obligées de faire en cet Ordre ) pendant laquelle il n'eft pas DE L'ADO- même permis de parler à fa Superieure : la nuit qui fuivit RATION. immédiatement l'engagement qu'elle avoit contracté avec LE DU S. Dieu par la profeffion Religieufe,pendant fon fommeil,l'anneau qu'elle avoit au doit, & qui lui avoit été donné le jour précedent ( felon la pratique du même Ordre ) s'étant rompu de lui même fans aucun effort, elle en fut fi fenfiblement touchée, appréhendant que le divin Epoux au nom duquel elle l'avoit reçu,n'eût point agréé fes vœux, qu'e le fut trouver en filence la Superieure,lui préfentant cet anneau rompu en lui faifant figne qu'il n'y avoit point de fa faute. La Superieure,qui étoit une Religieufe d'une grande pieté,la confola, & lui prédit en foûpirant qu'elle ne finiroit point ses jours dans l'Ordre, que cet anneau ouvert en étoit un pronoftique: ce qui étoit d'autant plus évident,qu'il se referma en fes mains, quand elle le lui eut présenté.

Comme cette Superieure étoit Profeffe d'une autre Monaftere, & qu'elle n'avoit été envoïée dans celui de Bruyeres que pour le gouverner: les années de fa Superiorité étant firle nies, elle pria les Superieurs de lui permettre de retourner dans fon Monaftere : ce qui lui aïant été accordé, une autre Religieufe fut mise en fa place ; mais elle ne fucceda ni à sa conduite ni à fon experience: ce qui fut caufe qu'elle exerça beaucoup la patience de la Mere de faint Jean. Cette Superieure mourut de la pefte peu de tems après, & fut affiftée dans cette fâcheufe maladie par celle qu'elle avoit tant fait fouffrir, qui fut établie Superieure par Commiffion, quoiqu'e le ne fût âgée que de 20. à 21. an.

Au mois de Mai de l'an 1635. la Lorraine étant affligée du fleau de la guerre, elle fut obligée de fortir de fon Monastere avec fes Filles pour éviter la fureur des Soldats, qui après fa fortie le pillerent, auffi-bien que le bourg de Bruyeres, où il étoit fitué. Elle refta au milieu des perfonnes Séculieres pendant l'espace de trois ans, ne trouvant aucun Monastere qui lui voulût donner retraite, tant étoit grande la mifere dans la Lorraine, qui fe trouvoit en même tems affligée de guerre,de pefte & de famine. Comme elle n'étoit Superieure que par Commiffion, le tems des élections étant arrivé, le fort tomba fur elle ; & pendant le tems de fa Superiorité, la

SES BENE

plupart de fes Religieufes moururent du mal contagieux. RELIGIEUS Au milieu de toutes ces peines,elle augmentoit fes aufterités, & y en ajoutoit même de nouvelles, afin d'attirer la prote- DE L'ADOction de Dieu fur elle & fur fon troupeau.

DICTINES

RATION

PERPETUEL

SACRE

Dans le même tems on lui confeilla de quitter fon Ordre LE DU S. pour se mettre dans une Maison réformée. Elle ne rejetta MENT point ce confeil, mais elle y trouvoit beaucoup d'obstacles & de difficultés ; ce qui fit qu'elle redoubla fes prieres, afin qu'il plût à Dieu de lui manifefter fes volontés en lui faisant connoître le lieu où elle devoit fe retirer. La mifere & la pauvreté où elle étoit reduite à Commerci, qui étoit pour lors le lieu de fon féjour, obligerent fes Superieurs de lui envoïer une o édience l'an 1637. pour aller chez fon pere à faint Dié où elle conduifit aufli fes Religieufes. Ce fut pendant le féjour qu'elle y fit qu'elle entendit parler avantageufement des Religieufes Benedictines de Rambervilliers La Prieure de ce Monastere aïant eu connoissance du merite de la Mere de faint Jean, lui fit offre de fa maison, tant pour elle que pour fes Religieufes, ce qu'elle accepta d'autant plus volontiers, qu'elle foupiroit depuis long tems après la folitude. Elle y fit pratiquer à toutes fes Religieufes leurs Obfervances avec la même régularité que fi elles avoient été dans leur propre maison. Un an fe paffa de la forte pendant lequel la Mere de faint Jean redoubla ses instances auprès de Dieu pour lui faire connoître fes volontés. Depuis fon féjour en ce Monaftere, où l'on obfervoit la Regle de faint Benoît fans aucune mitigation, elle conçut tant d'eftime pour cet Ordre qu'elle réfolut de l'embraffer; mais elle ne voulut rien faire fans avoir auparavant confulté des perfonnes pieuses & éclairées à qui elle expofa les raisons qu'elle avoit de faire ce changement, & après avoir reçu leurs avis & obtenu les permiffions neceffaires, elle prit l'habit de l'Ordre de faint Benoît dans le Monaftere de Rambervilliers, le 2. Juillet 1639. fon nom fut changé en celui de Methilde du faint Sacrement, & elle fit profeffion le 11. Juillet de l'année suivante.

Elle avoit cru en fe retirant dans ce Monaftere qu'elle y feroit comme dans un port affuré où elle pourroit gouter les plaifirs de la folitude qu'elle cheriffoit fi fort; mais les guerres qui défoloient encore la Lorraine & qui avoient déja

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