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incliner le Vaiffeau fans le foulever, & que plus il réfifte à ce foulevement, moins l'inclinaison eft grande. En même tems que le Mât décrit un arc circulaire en avant, le Navire en décrit un en fens contraire. Ces deux arcs ont par raïon un centre commun, & ce centre doit être effentiellement fixe. Cela pofé, fi de ces arcs oppofés par la pointe, on pouvoit mener une ligne, elle couperoit le Mât au centre de rotation. Une chofe difficile à déterminer est la grandeur de ces arcs proportionnels à leurs raïons. Qu'il feroit à défirer qu'on y parvint! On auroit le centre fpontané de rotation, c'est-à-dire l'Hypomoclion

du Mât.

S'il étoit permis de juger des autres par foi-même, ce fentiment paroîtroit aux plus zélés Partisans de M. Bouguer un principe plus clair que le jour.

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Mais un principe a beau être clair, lorsque le préjugé domine. Difficile ment le détruit-on, quand il eft fous la protection de l'amour propre. Depuis vingt ans que l'opinion de M. Bouguer eft admife, on croit que ce Savant ne s'eft point trompé. Lors même que la Théorie de la Mâture parut, elle fut reçuë avec tant d'applaudiffemens, qu'on n'eut garde de foupçonner que fon édifice fi admiré fût appuié fur de foibles fondemens. Aujourd'hui on a de la peine à fe le perfuader,

M. Bouguer n'eft pas le feul qu'il faut défabufer; il y a encore à convertir tous ceux qui ont adopté fes fentimens. Ce n'eft pas la premiere fois, que les Savans ont fermé l'oreille aux vérités les plus fenfibles. Il eft des erreurs féduifantes & trompeuses, qui peuvent beaucoup. Nous en avons une preuve & un exemple

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bien frappant dans la Marine, pour ne pas fortir de notre fujet, & qui a quelque chofe de remarquable.

On fait, que M. Huguens fut écouté peu favorablement, lorsqu'il réfuta le principe fur lequel la Théorie de la Manoeuvre des Vaiffeaux du Chevalier Rénau eft établie, & que l'objection de ce Géomêtre à ce principe paffa pour une méprise de fa part. Il faut convenir, qu'on s'en tint à la décision du grand Bernoulli, & que l'erreur ne fubfifta que vingt ans. Depuis vingt ans, le principe que je combats est établi. Seroit-ce là le terme des méprises qui regardent la Marine?

Si un Homme auffi illuftre que M. Huguens n'a pû, ni par sa réputation, ni par la force de fes démonftrations, foumettre les efprits, que 3 n'ai-je pas à craindre, moi, qui n'ai que la vérité pour appui, en atta

quant les principes de M. Bouguer? Je fais que la vérité toute nuë perce difficilement à travers la prévention & le mérite établi ; & je reconnois en cela tout l'avantage que le célébre M. Bouguer a fur moi.

Un Lecteur attentif, qui a fuivi l'enchaînement des parties de la Marine, que j'ai dévelopées felon leur ordre naturel, a dû s'appercevoir que la question que j'agite ici est très-importante, & qu'elle eft la bafe des principes de la Théorie de la Mâture, & de celle de la conftruction des Vaiffeaux. Il a dû comprendre en même tems l'infuffifance de tout ce qu'on a écrit fur ces deux parties de la Marine, fondées fur l'ancien principe. Que les Savans auroient épargné de la peine à ceux qui oht travaillé fur ces matieres, s'ils avoient réfléchi mûrement à cette vérité: Rien n'eft plus contraire aux progrès

une

des Sciences & des Arts, qu'un aveugle déférence aux opinions auxquelles le tems a donné quelque poids!

Dans cet Ouvrage, je me fuis borné uniquement à trois chofes : 1o. A éxaminer les principes fur lefquels M. Bouguer a établi fon Traité de la Mâture, & les conféquences qu'on en tire. 2°. A faire voir que fa Réponse à mon Objection touchant l'Hypomoclion du Mât, dans le cas du Tangage, n'eft nullement fatiffaifante. 3°. A donner le Projet d'une nouvelle Théorie de la Mâture.

Avant que d'entrer dans l'examen que je me propofe, je dois faire obferver que M. Bouguer, dans le mouvement du Navire, a négligé la force d'inertie, reconnue par Kepler, appellée telle par Nevvion, & généralement reçue; qu'il a ignoré & la cause physique du Tangage & la ma

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