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D'ACEIL

LY.

D'un Fou de qualité.

QUE Lycidas füt mis aux petites Maifons,
On n'a pas voulu le permettre;

On a dit, pour réponse à toutes nos raisons,
C'est un trop grand fou pour l'y mettre.

Il s'inquiéte peu du jugement de la Pofterité

Je ne fuis pas inquiété
De ce que la poftérité

Jugera des fruits de ma veine:
Qu'elle en parle mal ou bien,
Pourquoi m'en mettrois-je en peine à
Je n'en fçaurai jamais rien.

Des Envieux.

TROIS ou quatre du voisinage
Sont devenus mes envieux;

Loin d'en être fâché contre eux

J'en voudrois avoir davantage.

Contre Simon.

SIMON roule en carroffe; ô l'étrange animal! Plus que fes deux chevaux ce gros homme eft che

val,

Et pourtant il n'eft pas fi roffe.

Si l'équité régnoit, les chevaux de Simon

Devroient être dans le carroffe,

Et ce gros animal devroit être au timon.

Contre Périandre.

TAUBRU, le pere des bons mots

L'éternel ennemi des fots,

Où l'on vend les chevaux difoit à Périandre:

Monfieur, fuyez l'abord de tous ces Maquignons
Affurément les compagnons

Ne manqueront pas de vous vendre.

D'un Médecin Poëte.

Roc, Médecin peu docte, & Poëte fçavant,
Fait des Epitaphes fouvent,

Où des Morts il conte l'hiftoire:

Les maux que fit un art, l'autre art les fçait guérir
Roc Poëte fait vivre au Temple de Mémoire
Ceux que Roc Médecin vient de faire mourir.
Sur un Recueil de Vers à la louange d'un Grand.
SUR le Parnaffe on affemble

D'un fameux Courtifan les éloges divers :
Et tu veux, Alcidon, fçavoir ce qu'il m'en femble.
Jamais on ne vit ensemble

Tant de menfonge en Vers.

Les beaux yeux.

CES beaux yeux, les plus beaux qu'ait formez a

Nature,

Ces aftres dont l'afpect fait nos maux & nos biens,
Ces globes animez d'une flamme fi pure,

Olympe, ces beaux yeux, ce ne font pas les tiens.

D'ACEIL

LY

D'ACEIL

LY.

D'un Sot.

Qu'il eft présomptueux l'ignorant Dorilas
Et qu'il a de vent dans la tête!
Mais il eft heureux d'être bête,

Puifqu'à force de l'être, il croit ne l'être pas.
D'un Livre férieux.

DAMON fait vendre fes ouvrages,
Qui ne font faits que pour les fages:
Tout en eft beau, tout en eft grand;
Mais je plains celui qui les vend.

A un mauvais Payeur.

Vous rendez fort foigneufement
Une vifite, un compliment

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Une grace qu'on vous a faite;

Vous rendez tout, Maître Clément,
Excepté l'argent qu'on vous prête.
Le Geometre.

L'HOMME à l'égard de foi n'est-il pas miséra;
ble?

Et fon fort n'eft-il pas un fort à déplorer ?
Il mefure le tour de la Terre habitable,
Et tout petit qu'il eft, ne peut fe mesurer.

D'un Hypocrite.

QUE fur gages & fur promeffes,
Cofme fecretement prête à gros interêt,

De

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Etienne fait fon testament.

D'un nouveau Magiftrat.

LORSQU'ON me'rapporta que fur les fleurs de lys Cléonte avoit paru pompeusement affis

Au banc des Confeillers, comme un grand perfon

nage;

Des gens qui l'affuroient je me mis à railler,

LY.

Tome II.

N

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Ayant crû bonnement qu'il falloit être fage, D'ACE IL- Ou le paroître au moins, pour être Confeiller..

LY.

Contre Martin.

MARTIN nous a donné fon ouvrage Latin,
Et nous donnons au Diable & l'ouvrage, & Mar-

tin.

Sur les mœurs du fiécle.

QUAND j'observe tout mûrement,
Je crois ne voir qu'aveuglement,
Ou violence, ou ftratagême.
Ma foi, c'eft pitié que de nous :
Ou je fuis un grand fou moi-même,
Ou les autres font de grands fous.

A l'Auteur d'un méchant Livre.

L'UNIVERS t'a fâché fans doute en quelque chofe,
Puifque tu lui donnes ta Profe;

Mais quel mal t'a fait l'Univers,
Pour t'obliger encore à lui donner tes Vers?

Chacun fe rit de fon compagnon.

Un des plus grands plaifirs qui foient en ce bas monde,

C'eft de voir qu'en fon fens chaque perfonne abonde;

Chacun de fon côté croit qu'un autre est un sot;

Gillot fe rit de Pierre, & Pierre de Gillot,

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