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LAIN.

Et la Marne & la Seine, à peine en leurs courans,
CHAPE Trouvoient un boulevard à l'abri des Tyrans.
Cent monftres à la fois, la Pefte & la Famine,
Des peuples, en tous lieux, avançoient la ruïne ;
Et la Guerre, en tous lieux, agitant son flam-
beau,

De leurs toits embrâfez compofoit leur tombeau.
Dieu dans fa gloire.

LOIN des murs flamboyans qui renferment le
Monde,

Dans le centre caché d'une clarté profonde,
Dieu repose en lui-même, & vêtu de fplendeur,
Sans bornes eft rempli de fa propre grandeur.
Une triple Perfonne en une seule Effence,
Le fuprême Pouvoir, la fuprême Science,
Et le fuprême Amour unis en trinité,
Dans fon regne éternel forment sa majesté..
Au même tribunal, où tout bon il réfide,
La fage Providence à l'Univers préfide;
Et plus bas, à fes pieds, l'infléxible Destin
Recueille les décrets du jugement divin.
De fon être incréé tout eft la créature;
Il voit rouler fous lui l'ordre de la Nature
Des élémens divers eft l'unique lien,
Le Pere de la vie, & la fource du bien.
Tranquille poffeffeur de fa béatitude,
Il n'a le fein troublé d'aucune inquiétude;

Et voyant tout fujet aux lois du changement,
Seul, ne pouvant changer, dure éternellement.

Pouvoir de la Foi.

O Merveille adorable! une foi vive & pure,
Seule peut renverfer les lois de la Nature!
Seule peut commander à tous les élémens,
Et de tout l'Univers changer les mouvemens!

CHAPE

LAIN.

N

GOMBERVILLE.

GOMBER-
VILLE.

M

ARIN LE ROI, Sieur de GoxBERVILLE, né à Paris en 1600. fut reçu à l'Académie Françoise en 1634. & mourut le 14 Juin 1674. Il compofa dans fa jeuneffe quelques Romans hiftoriques qui furent très-bien reçus; mais à l'âge d'environ quarante-cinq ans, ayant eu occafion de faire connoiffance avec de pieux Solitaires, il ne travailla plus qu'à des fujets édifians; & il tâcha même d'imiter par une vie pénitente les modeles qu'il avoit devant les yeux. Ses deux Sonnets, l'un fur le Saint-Sacrement, & l'autre fur la Solitude, font très-eftimés, auffi-bien que fon Noël qu'il n'a jamais voulu rendre public, & dont malheureusement la premiere & la troifiéme partie font demeurées imparfaites. Madame du PleffisGuénégaud difoit qu'il n'y avoit que Goм

BERVILLE qui fçût peindre en mignature, lorfqu'il compofoit des Vers; & il étoit, felon elle, le Petitot de la Poëfie Françoife & Chrétienne.

SONNET S.

POUR HENRI LE GRAND.
C'est lui qui parle.

DANs ces champs bienheureux où depuis tant

d'années,

Les lys tombez du Ciel confervent leur beauté,
J'ai calmé les fureurs d'un peuple révolté,

Et fait de cent Tyrans cent nouveaux Salmonées.

J'ai forcé les remparts des Alpes étonnées;
J'ai fufpendu le cours du Tybre épouvanté:
L'aigle craignit ma foudre, & mon bras indompté
Enchaîna le lion au pied des Pyrénées.

Enfin comblé de gloire & craint de toutes parts,
J'ai rappellé la Paix, les Lettres & les Arts,
Et porté mon empire au deffus de l'envie :

Je

Cependant j'ai fujet de me plaindre du Sore; ne méritois pas une fi belle vie,

Ou je devois avoir une plus belle mort.

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GOMBER

VILLE.

GOMBER-
VILLE.

A LOUIS XIV.

Sur la guerre de Flandre.

MON ROI, puifque ton cœur répond à ta nais-
fance,

Entre dans la carriere où t'appellent les Cieux,
Et marchant fur les pas de tes plus grands Ayeux,
Hâte-toi de paffer leur gloire & leur puiffance.

Délivre les Flamands de la longue fo uffrance,
Où les a condamnez le Sort injurieux:
Commence en leur faveur tes travaux glorieux,
Et reporte au Texel les bornes de la France.

Quand ces juftes deffeins feront exécutez,
Ne crois plus ta valeur, ni tes profpéritez.;
Mais travaille fans ceffe au repos de la Terre :

Qu'il foit l'unique objet de tes nobles fouhaits.
Si Céfar doit la gloire aux malheurs de la
guerre,
Augufte doit la fienne au bonheur de la paix.

A LA REINE-MERE DU ROI,

Sur fa Régence.

ILLUSTRE Sang des Dieux, délices de notre âge, Princeffe, dont la gloire eft l'objet de mes Vers, ANNE, fauve l'Europe, & montre à l'Univers, Qu'il n'appartient qu'à toi d'empêcher fon naufrage

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