Le Compas reffentit un amour fans pareil, La connoiffant alors Il vit naître l'espoir d'acquérir sa maîtresse, Roulant en fon efprit la divine promeffe. Plein d'une belle audace il lui tient ce difcours : Le même Dieu du jour m'a promis vos amours. Quoi, dit-elle en riant, je ferois la conquête D'un amant qui n'auroit que les pieds & la tête è Mon pere voudroit-il m'impofer cette loi? Aurois-je pour époux un tel monftre que toi? Va préfenter ailleurs tes impuiffantes flammes, Trop difforme galand four pouvoir plaire aux
Toutefois nos amours, repliqua le Compas, Produiront des enfans qui vaincront le trépas: De nous deux fortira la belle Architecture, Et mille nobles arts pour polir la Nature. Ne penfe pas, dit-elle, ébranler mon repos ; Ou pour autorifer tes fabuleux propos, Tâche à charmer mes yeux par quelques gentil- leffes;
Et montre tes effets pareils à tes promeffes.
Le Compas auffi-tôt fur un pied fe dreffa, Et de l'autre en tournant un grand cercle traça. La Régle en fut ravie, & foudain se vint mettre Dans le milieu du cercle, & fit le diametre. Son amant l'embraffa l'ayant à sa merci, Tantôt s'élargiffant, & tantôt racourci
Et l'on vit naître alors par leurs juftes mesures, Triangles & carrez & mille autres figures. RICHELIEU, c'eft affez; j'abufe de ton téms; Reprends le fil laiffé de tes foins importans. France, fon cher fouci, pardon fi je l'amufe Des contes enfantez d'une riante Muse.
Il invite les hommes à chanter les louanges du Seigneur. Appareil du dernier avenement de JesusCHRIST. Folles espérances des Gentils dans leurs
MORTELS, qui de la Terre habitez les campa
Et vous qui cultivez ces fertiles montagnes, Que l'on voit s'élever au vaste sein des mers; Peuples, Princes & Rois, qu'aux aftres on en- voye
Des Cantiques de joye,
Sçachant que le Seigneur régne fur l'Univers.
Les feux du firmament lui couronnent la tête ; Les nuages épais, la grêle, la tempête, L'orage & les frimats l'arment de tous côtez La juftice, à fes pieds, eft la bafe durable Du trône épouvantable,
D'où partent les arrêts des hommes redoutez.
Un affreux tourbillon de devorantes flammes, Pour jetter la terreur dans les fuperbes ames, Trace une large voye au devant de ses pas; Et les cœurs forcenez qui s'opposent fans crainte A fa Majesté fainte,
Par ces horribles feux reçoivent le trépas.
On a vû les éclairs meffagers de la foudre, Et la Terre ayant peur d'être réduite en poudre, Auffi-tôt en trembla jufqu'en fes fondemens: Le Soleil, effrayé, retarda fa carriere, Croyant que fa lumiere
Alloit être détruite avec les élémens.
Devant l'ire de Dieu les monts s'humilierent, Et leurs chefs orgueilleux de crainte se plierent Jufques à s'abaiffer au creux de leurs vallons: Les rivages des mers fe cacherent fous l'onde Devant l'Auteur du Monde,
Comme font les rofeaux devant les aquilons.
O vous, dont l'ame fimple, à l'erreur affervie, Adore follement des Déitez fans vie,
Qu'un mortel artisan a faites de ses mains ;
Soyez confus, Gentils, qui par des vœux frivoles Réclamez des idoles,
Qui n'ont pas le pouvoir du moindre des humains.
EXTRAIT DU CLOVIS, POEME HE'ROIQUE,
Progrès de la Religion Chrétienne.
1 QUE devient mon pouvoir ? à quel coin reculé Se doit borner enfin mon régne désolé ? Ce puiffant Créateur de la Terre & de l'Onde, M'ayant chaffé du Ciel, me veut chaffer du Monde. Autrefois réveillant mes vœux ambitieux, Ne pouvant être Dieu, j'inventai mille Dieux; J'ufurpois fes honneurs, en lui faifant la guerre, Et content de fon Ciel, il me laiffoit la Terre. Mais depuis que ce Fils, dans la crêche enfanté, Caché fous l'indigence & fous l'humilité, Sappa les fondemens de mon fuperbe Empire, A ma honte ici-bas toute chose conspire : Son Eglife s'accroît de tout ce que je perds. N'aurai-je pour azile enfin que les Enfers? Rome, jadis mon trône, où de tant de victimes, Le fang fumoit pour moi dans les Temples fubli
Qui vit de ma faveur des effets fi puissans, Quand de tout l'Univers je payai fon encens; L'ingrate fuit la Croix, m'abandonne & me chaffe!
En vain j'ai fuscité l'Illyrie & la Thrace,
C'eft le démon qui parle. Si tout le Clovis étoit à peu près auffi travaillé que ce morceau, M. Defpréaux n'auroit eu garde de le trouver fi fort ennuyeux.
Et les plus froids climats fi féconds en Guerriers, DESMA Par qui je l'ai détruite, & brûlé ses lauriers : Mon fecours me trahit; & le Barbare même, Soûmettant tout à foi, fe foûmet au Baptême!
QUE ne peut la vertu ? Que ne peut le courage? J'ai dompté pour jamais l'Héréfie en fon fort. Du Tage Impérieux j'ai fait trembler le bord, Er du Rhin jufqu'à l'Ebre accru mon héritage.
J'ai tiré par mon bras l'Europe d'efclavage; Et fi tant de travaux n'euffent hâté mon fort, J'euffe attaqué l'Afie, & d'un pieux effort, J'euffe du Saint Tombeau vengé le long fervage."
ARMAND, ce grand génie, ame de mes exploits, Porta de toutes parts mes armes. & mes lois, Et rehauffa l'éclat des rayons de ma gloire.
Enfin il m'éleva ce pompeux monument, Où pour rendre à fon nom mémoire pour mémoire,
Je veux qu'avec le mien il vive inceffamment.
1 Ce Sonnet eft au bas du cheval de Bronze de la Place Royale.
2 Ce mot a vieilli. On ne fçauroit dire la même chofe des fix Vers qui le fuivent & qui renferment un éloge bien capable de flatter l'ambition d'un grand Miniftre.
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