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LA SASLIERE.

Sans lui parler, & fans la voir;
Mon deftin te fait-il envie ?

XIX.

MON Iris, quand l'heure eft venue
Qu'il faut m'en aller de chez vous,
Por un charme puissant mon ame eft retenuë,
Et jamais je ne m'y réfous:

Plus de vingt fois en un quart d'heure

Je dis adieu, puis je demeure,

Et pour vous voir encore je cherche cent détours.
Il faut partir enfin; mais quand je me retire,
Il me femble que j'ai toujours
Quelque chofe encore à vous dire.
X X.

IRIS, de tant d'Amans qui vivent fous vos loix,
A qui donnez-vous votre voix ?
A la perruque blonde ou brune;
Au plus chéri de la fortune?
Hélas! que je ferois heureux,
Si c'étoit au plus amoureux !
X X I.

PARDONNEZ, mon Iris, à cette humeur cha
grine,

Qui me rend quelquefois déplaifant à vos yeux;
Lorfque moins on fe l'imagine,

Mille petits fujets l'excitent en tous lieux :
Quoique le plus fouvent ma crainte foit frivole,
Un regard fans deffein, une fimple parole,

Un rapport, un mal entendu,
A tout on fe laiffe furprendre;

Et quand on a l'ame un peu tendre,
Dans le moindre malheur on croit être perdu.

XXII

DE la beauté d'Iris vois le Portrait fidelle.
Elle eut une ame digne d'elle,

Un cœur tendre, un efprit charmant :
Tu peux juger de mon martyre;
Elle mourut, j'étois Amant,
C'est tout ce que je te puis dire.
XXIII.

QUE mon destin eft rigoureux!

Iris, l'aimable Iris a perdu la lumiere:
Douce, obligeante, quoique fiere,
Près d'elle je trouvois tout ce qui rend heureux :
Appuyé d'un fecours fi für & fi fidelle,

De tous fes déplaifirs mon cœur venoit à bout;
Iris me confoloit de tout,

Et rien ne me confole d'elle.
X XIV.

Ma jeune Iris n'eft plus, le Ciel me l'a ravie.

I

1 L'Iris dont il eft fait mention dans ce Madrigal & les précédens, n'eft du tout point une Iris en l'air; mais une Demoiselle de condition, qui par la délicateffe de fes fentimens autant que par fa beauté avoit fçû fixer le cœur de M. DE LA SABLIERE. Il étoit fur le point de l'époufer, lorfqu'elle fut attaquée de la petite vérole, dont elle mou rut quelque tems après.

LA SA

BLIERE.

LA SABLIERE.

Ce digne objet de mes amours,
Ce que je voyois tous les jours,
Je ne le verrai de ma vie :

Elle occupoit tous mes defirs;

Je n'avois point d'autres plaisirs ;

Tous mes foins se bornoient à fervir cette belle.
Que ferai-je, grands Dieux! que dois-je devenir?
Hélas! n'aurai-je plus de commerce avec elle

Que par un trifte souvenir ?

GILBERT.

ABRIEL GILBERT, Parifien, Secretaire des Commande- GILBERT. mens de la Reine de Suede,

& fon Réfident en France,

a eu quelque réputation dans le dix-sep-
tiéme fiécle. Outre fes Poëfies diverfes
imprimées en 1661. il a fait trois Piéces
de Théâtre, dont la plus confidérable eft
Hyppolite, où il y a d'affez beaux endroits.
Le célébre Racine n'a pas même dédai-
gné d'en faire paffer quelques-uns dans
fa belle Tragédie de Phédre, & entre au-
tres cet hémistiche fi connu, c'est toi qui
l'as nommé. Moliere en ufoit de même à
l'égard de Cyrano. Cela m'appartient de
droit, difoit-il plaifamment, quand il
trouvoit dans le Pédant joué de cet Au-
teur une Scene ou quelques bons mots
à être enchaffez dans fes Comé-
propres
dies., GILBERT étoit Proteftant, & il a

traduit quelques Pfeaumes fur les mêmes GILBERT, mefures que ceux de Marot. Quoiqu'il eût eu des Emplois affez confidérables, il auroit paffé tristement les dernieres années de fa vie, fi M. d'Hervart, mateur des Gens de Lettres, ne lui eût donné un azile favorable dans fon Hôtel, où il mourut en l'année 168c.

JE

Contre la vaine gloires

E fais peu de cas de la gloire
Qui nous fuit dans la tombe noire:
Le moindre crieur d'Almanachs,
Qui fçait le beau fecret de vivre,
Vaut mieux que cent Héros de cuivre
Faits de la main de Phidias.

A la Reine de Suede, après fon abdication.

EN fervant cette Reine égale aux Amazones
Je n'aurai pas perdu fix ans :

Cat qui fçait donner des couronnes,
Sçait bien faire d'autres préfens.

Souhait généreux.

Je voudrois poffeder une grande richesse,

Les tréfors de l'efprit & ceux de la fanté,

Faire

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