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STANCES CHOISIES

De la Profe des Morts, attribuée au Pape Sylveftre.

O jour du Dieu vengeur, où, pour punir les crimes •

Un déluge brûlant fortira des abîmes,

Où le Ciel s'armera de foudres & d'éclairs!

Quel trouble en tous les cœurs, quand ce Juge fé

vere,

Lançant de toutes parts les traits de fa colere,
Sur un trône de feu paroîtra dans les airs!

Aux antres les plus fourds la trompette entenduë,

Ranimant la pouffiére en cent lieux répanduë,
Tous les Morts fortiront de l'horreur des tom-
beaux ;

Et dans l'effroi commun du corps de la Nature,
Aux pieds du Créateur, la pâle créature

Attendra pour jamais ou les biens ou les maux.

Dieu, découvrant des cœurs la nuft la plus pro

fonde,

Fera lire en ce Livre ouvert à tout le monde
L'adorable équité de fes arrêts divers :

Il fera voir à nud les noirs replis des ames;
Et produifant au jour tous leurs crimes infàmes,
Confondra leur malice aux yeux de l'Univers.

DE SACY,

Que répondrai-je, hélas ! à ce Juge terrible? DE SACY. Qui fléchira pour moi fa juftice infléxible, Quand les Juftes craindront ce grand Roi que je

crains?

O CHRIST! oppose en moi ta grace à ta colere, Toi, qui fais dans nos cœurs tout ce qui te peut plaire,

Et couronnes tes dons en couronnant tes Saints.

Souviens-toi qu'étant Dieu d'immortelle nature,
Tuvins, par tes travaux, guérir notre blessure;
Tu vins, homme & mortel, fauver l'homme per-
du :

Tu voulus te laffer cherchant mon ame errante;
Ton amour pour ma vie offrit ta mort sanglante;
Qu'en vain le Sang d'un Dieu ne foit pas répandu.

Toi, qui rends Madelaine à tes Anges femblable, Qui fais un faint Martyr d'un brigand détestable, Tu veux qu'un humble efpoir refte aux plus crimi

nels:

J'ai donc recours à toi, tes bontés font mes armes;
Préviens ma jufte peine, & par l'eau de mes larmes
Ercins l'embrafement de ces feux éternels,

EXTRAIT DU POEME DE S. PROSPER,

CONTRE LES INGRATS.

Dieu fait tout ce qu'il veut, & tout ce qu'il veut
eft juste.

LE fuprême Artifan, d'une main qui fe jouë,
Fait cent vafes divers pris de la même bouë;
Et comme Créateur, par de fecrets refforts,
Régle les qualités des ames & des corps.
Mille états différens, dans une même effence,
Partagent des mortels l'inégale naiffance.
L'un fur un trône d'or, régne dans l'Univers;
L'autre fouffre, gémit fous le poids de fes fers:

L'un eft beau, plein d'ardeur, & fort dans fa vieil-
leffe;

L'autre eft difforme, foible, & vieux dans fa jeu

neffe.

L'un pénétre les arts par un feu vif & pur,
L'autre, lent & ftupide, y trouve tout obfcur.

Ainfi les traits divers d'une forme semblable
Diftinguent les tableaux de ce Peintre adorable,
Qui pourroit, cependant, accufer fes deffeins,
Dans l'inégalité des œuvres de ses mains?
Tous fçavent qu'il eft Dieu, que fou pouvoir au-
gufte
Faifant tout ce qu'il veut, ne fait rien que de jufte
Et que dans fes décrets, fa haute majesté

Peut bien chocquer nos fens, mais non pas l'équité.

DE SACY

DE SACY,

SONNE T.

Sur le tonnerre qui tomba près du Roi LOUIS XIII.

Voix errante du monde, invifible courriere,
Illuftre renommée, amour des demi-Dieux;
Toi par qui les vainqueurs triomphent en tous lieux,
Du grand nom de Louis va remplir ta carriere.

De l'heureux fiécle d'or l'innocence premiere
A repris dans fon cœur fon trône glorieux;
Il eft craint de la Terre, il eft chéri des Cieux;
C'est l'aftre dont l'Europe adore la lumiere.

Le Nord & le Midi, les Alpes & les Mers,
Ont reçû de fa main ou la mort, ou les fers;
Il régit les mortels, & ne craint point les Parques;

Il eft le jufte effroi des injuftes guerriers :
Sa foudre fait trembler les plus puiffans Monarques,
Et la foudre du Ciel révere fes lauriers.

N**,

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Et nos jeunes Héros à l'ombre de leurs palmes,
Prêts à chercher l'honneur où l'on peut le trouver
Ne font plus de combats qu'on ne puisse approu-

ver.

La valeur eft plus noble, & la gloire plus pure;
La Justice prévient, ou répare l'injure;
Les cœurs ne brûlent plus d'un indigne courroux;
Louis régne, le fiécle eft devenu plus doux.

Ce Démon furieux, dont la funefte haleine
Inspiroit aux François la colere & la haine,
Sous cent chaînes de fer qu'il ne rompra jamais,'
Souffre le châtiment des meurtres qu'il a faits.
Nos champs ne fument plus du fang de ses victi-

mes:

N***.

1 Ce Poëme, imprimé en 1670. eft d'un Anonyme dont on n'a jamais pû découvrir le nom. M. de la Monnoye qui en a fait un très-beau fur le même fujet (on le verra à fon article) n'auroit pas défavoué celui ci.

Tome II,

A a

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