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PELISSON.

Réponse du Roitelet.

CETTE caufeufe de Chouette,
Cette plieufe de toilette,

Vous en a donc de moi depuis peu bien conté!
Hé quoi! pour avoir écouté

Une Allouette jeune & belle,

Qui chantoit en montant au ciel à tire d'aîle;
Eft-ce de quoi vous allarmer?

Ne fçauroit-on la voir ni l'oüir fans l'aimer ?
O Dieux, la plaifante querelle!

C'est bien à vous de me blâmer,

Vous qui tous les matins au lever de l'Aurore,

Pendant le Fauvet & moi dormons encore, que

Chantez deffus le cicomore

Pour attirer tous les oifeaux paffans,
Avec des tons légers & languiffans;
Dont vous enchantez tous leurs fens.
Un Linot depuis peu charmé de votre note,
A fait divorce avecque fa Linote;

Et vous avez déja trois fois entretenu
Un Roffignol nouveau venu.

Un folâtre Verdier l'autre jour plus d'une heure
Avecque vous becqueta dans une même meure:
J'étois caché dans un laurier,

Et vous voyois fur un meurier.
Enfin je ne fçaurois m'en taire,
Quand cela devroir vous déplaire,

Il n'eft pas jufqu'à des moineaux,
Qui ne vous difent mots nouveaux
Soir & matin dans les ormeaux :
par votre brufque menace,

Mais

Je vois bien encor qu'un autre a pris ma place,

Et que le Roitelet de votre cœur s'efface:

Car quand on menace si haut,
Je fuis perfuadé qu'il faut
Qu'on foit prêt à faire le faut,
Si la chofe n'eft déja faite :

C'eft pourquoi, légere Fauvette,

Je m'en vais déformais fonger à ma retraite.

Réponse à la feconde Lettre du Roitelet.

J'AIME des Roffignols, des Verdiers, des Pinfons,
Je chante pour leur plaire, & j'en prends des leçons,
Mille & mille moineaux vivent fous mon empire,
Et d'un petit Linot j'écoute le martyre.

Vous deviez dire au moins que j'en veux au Phénix,
Et que j'adore encor l'Oifeau de Paradis ;
Parler des Pélicans, des Alcions, des Cygnes,
Qui par leurs chants, ou par leur nom,
Pourroient fans doute être fort dignes

De changer en coucous tous les Paons de Junon..
Mais pour plaire à votre Allouette,

Vous me traitez en infâme coquette;

Vous !... Cependant je ne puis vous haïr,

Après cela, cruel, pourrez-vous me trahir ?

PELISSON

PELISSON.

Et cette injufte jalousie

Qui vous vient du rapport d'une méchante Pie,
Pourra-t'elle effacer d'un efprit amoureux

Tant d'innocens plaisirs, tant de momens heureux?
Revenez, revenez, quittez votre Alloüette,
Qui ne vaut pas votre chere Fauvette.

Reprenons nos amours; reprenons nos chansons,
Et chantant tous les jours de buiffons en buissons,
Surpaffons, s'il fe peut les tendres Tourterelles,
Dont les flammes font éternelles :
Car enfin le dépit doit céder

Au plaifir de fe raccommoder.
Cette maxime eft des plus belles,
Et vous la trouverez dans les chansons nouvelles,

Réponse du Roitelet à la feconde Lettre de la
Fauvette.

QUE vous fert il de me nier
Que vous êtes une infidelle?
Vous pensez-vous juftifier
En me faifant une querelle ?
En venant me calomnier,
Paffer pour une Tourterelle

Vous quittez avecque raifon
De nos forêts la nuit profonde,
Pour vous percher fur la maison
De cette Sapho fans feconde,

Dont

Dont l'efprit fans comparaison
De tant de lumieres abonde.

Mais ce lieut n'eft pas un séjour
Où l'on faffe eftime des bêtes;
On ne voit rien dans cette Cour

Qui foit propre aux petites têtes:
Un Roitelet brûlant d'amour
Eft plus digne de vos conquêtes.

Il eft vrai que je fuis rousseau,
Mais, Fauvette, vous êtes fauve :
Revenez, j'ai près d'un ruiffeau
Un nid pour vous, ou Dieu me fauve,
Au creux d'un petit arbriffeau,
Qui pourra vous fervir d'alcove.

Mais je vous preffe vainement,
Toute coquette eft incurable;
Si j'étois un nouvel Amant,
Vous feriez moins inexorable:
Vous changerez à tout moment
Je ferai toujours miférable.

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PELISSON,

PELISSON.

Derniere réponse de la Fauvette.

Je viens d'un aimable verger,

Où bien souvent je rêve & je soupire:
J'ai vû des vers gravez fur un jeune oranger,
Qui difent juftement tout ce que je veux dire
Recevez-les, cher Roitelet,

Et n'oubliez jamais cet amoureux couplet.
Qu'une flamme mal éteinte
Eft facile à rallumer,

Et qu'avec peu de contrainte
On recommence d'aimer !

Hélas! jé le connois par mon expérience,
Et je ne fçaurois f lus fupporter votre absence.
Quittez, quittez cet arbre mort,
Faites revivre votre flamme;
Confeffez que vous avez tort,
Et vous régnerez dans mon ame.
J'appris autrefois d'un Amant
De la fçavante Philomele,
Que pour s'aimer plus tendrement
Il faut avoir une querelle :

Et quand je vis votre courroux,

D'un fi charmant efpoir mon ame fut saisie,

Que je trouvai je ne fçai quoi de doux

Dans votre injufte jalousie.

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