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Je vous en dirois davantage,

Si nous étions fous cet ombrage

Où la premiere fois nous parlâmes d'amour.
Dès la pointe du jour,

Venez-y, je vous en conjure
Par cet agréable murmure
Que font les foupirs amoureux

De deux Amans heureux :

Car je veux qu'un Vautour m'emporte,
Si ma flamme n'eft vive & forre,
Et fi l'Aigle de Jupiter
Pourroit aujourd'hui me tenter.

IMITATION DES VERS DE CATULLE,
Vivamus, mea Lesbia, atque amemus.

AIMONS-NOUS aimable Silvie,

Et laiffons murmurer l'Envie

Contre notre innocent amour :
Ces momens de vie & de joye,
Qu'on les perde, ou qu'on les employe,
Paffent fans efpoir de retour.

Ces bois qui parent nos montagnes,
Ces prez, ces jardins, ces campagnes,
Se renouvellent tous les ans :
Nous n'avons pas même avantage,
Et jamais le cours de notre âge
N'a qu'un hiver & qu'un printems.

PELISSON

PELISSON.

Le Soleil fe couche & fe leve:
Sa premiere courfe s'acheve,
Et bien-tôt une autre la fuit:
Mais quand la fiere Destinée
Finit notre courte journée,
Ce n'eft plus qu'une longue nuit.

A M. LE DUC DE S. AGNAN.

Idylle héroïque.

CELUI que les neuf Sœurs nous avoient fait
attendre,

Celui que j'efpérois & ne pouvois comprendre,
Ce Roi dont le beau nom doit remplir l'Univers,
Ce grand Roi, SAINT- AGNAN, tu le vois, tu le
fers.

Je ne fçai quel génie ou quelle folle audace,
Jeune & libre d'ennuis me guidoit au Parnasse,
Plein de nobles transports, charmé de hauts def-
feins,

Sur les

pas
moins foulez des Grecs & des Romains;
Quand une de ces Soeurs qui te fout fi connuës,
De leur antre fecret m'ouvrit les avenuës.
Antre, ou palais, ou temple, ou fonge, ou vérité;
Mais qui n'eft qu'harmonie, & lumiere, & beauté,
Où l'efprit admirant merveille fur merveille,
Ignore ce qu'il voit, & s'il dort ou s'il veille.

Ménage a traduit ces belles Stances en vers Italiens.

Là vivent fur l'airain & l'efprit & le corps,
Et les faits glorieux des Héros déja morts.

Là brillent à l'envi ces grands noms qu'on révere;
Riches originaux de Virgile & d'Homere;
Achille, Hector, Enée, & parmi tant de Rois,
Nos Charles, nos Henris, nos Louis, nos François,
Sages, pieux, vaillans, & qui firent leur gloire
De fçavoir honorer les Filles de Mémoire.
Là, ceux que l'avenir aura pour ornement,
Paroiffent lumineux quoiqu'en éloignement;
Ainfi qu'en un miroir quelque image éclatante,
Ou le flambeau du jour fous l'onde étincelante.

O Déeffe, difois-je, entre ceux que je vois,
Eft-ce le Dieu du Temple, ou le Roi de ces Rois,
Celui qui vient à nous, que la gloire environne,
Dont la brillante épée efface la couronne ;
Dont le regard humain, & la noble fierté,
Ont fçû joindre l'amour avec la majesté ?
Je vois à fon afpect s'écarter les nuages.
Que de peuples divers lui rendent leurs hommages!
L'avenir, le paffé, ce qu'on voit aujourd'hui,
Si j'en crois à mes yeux, n'ont les yeux que fur lui.
Tu le verras, dit-elle, en fes jeunes années,
Ce Roi qu'à tes François gardent les Deftinées,
Le quarorziéme en nom, le premier en grandeur,
Surprendre l'Univers de fa vive fplendeur.
Qui pourra vous compter, combats, fiéges,batailles?
Qui pourra vous dépeindre, affreufes funérailles?.

PELISSON.

n'eft

Vous l'admirez, mortels, vos yeux font éblouis
PELISSON. Attendez toutefois, ce pas tout LOUIS :
Plus grand que fes Ayeux, mais moindre que lui-
même,

Il cache la moitié de fa lumiere extrême ;
Il vous cache les foins d'un fage Potentat,
Et les profonds pensers du bien de fon Etat.
L'image de fa gloire inceffamment présente,
Sollicite & retient fon ame impatiente,
Sufpend les grands deffeins, l'oblige à confulter
Sur le moment fatal de les faire éclater.
Mais il vient ce moment; déja la Renommée
Pleine du feul Louis, du feul Louis charmée,
Au Tybre, au Nil, au Gange a pris foin d'enfeigner
Qu'après avoir fçû vaincre il commence à régner.
Ainfi le feu divin qui voloit dans la nuë,
Plus fort, plus furprenant quand fon heure eft ve-
nuë,

Tonne, éclaire, foudroye en mille & mille lieux,
Fait trembler les mortels, l'air, la terre & les
cieux..

Ah! mes chers Nourriffons, malgré vos longues

veilles,

Vos travaux ramperont auprès de fes merveilles,
Que nos propres concerts ne pourroient égaler,
Si d'une voix humaine il falloit en parler.
Courage toutefois, fuivez-le en fa carriere;
Voici de vos beaux chants la plus noble matiere.

Après un court repos je vois d'autres combats,
Et des fceptres foumis, & des trônes à bas.
Je vois les grands progrès dont l'Europe s'étonne,
Où fa brillante épée efface fa couronne :
Monts, havres, forts, citez, fleuves & régions,
S'ouvrent à fa valeur plus qu'à fes Légions.
Je vois cet autre paix, en tous biens fi féconde,
Que LOUIS conquérant doit redonner au monde.
Je le vois ce Héros fage, vaillant, auguste,
Auffi doux que févere, auffi puiffant que jufte,
Régler & fes Etats, & fes propres défirs;
Et joindre aux nobles foins les plus nobles plaifirs.
Ainfi dit la Déeffe : une douce fureur,
A ces derniers accens, maîtreffe de mon cœur,
Y grava pour jamais ces difcours incroyables.
Tu le vois SAINT AGNAN, les Dieux font véri-
tables :

Ce qu'ils avoient promis, ils ont fçû le tenit,”
Et déja le paffé répond de l'avenir.

I

1 Requête à la Poftérité.

A Noffeigneurs de la Postérité,
Juges des Rois, & tout pleins d'équité,

Il est étonnant que dans une fituation auffi trifte que celle où se trouvoit alors M PELISSON, il ait pû produire une piece auffi délicate & auffi ingénieufe que l'eft cette Requête. Il y régne d'un bout à l'autre certaiù enjoûment & je ne fçai quelle térénité d'efprit, qui n'appartient qu'à l'inno cence. La fienne fut enfin reconnue; & peu de jours avant

PELISSON.

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