Le cours des ans, des mois, & des jours, & des nuits, PELISSON. La fraîcheur des vallons, l'abondance des plaines, Le fouffle des zéphirs, le doux bruit des fontaines, Le filence des bois, les oifeaux, leurs chansons, Tout l'Univers entier nous crie en cent façons, Vivez & bénissez celui qui vous fait vivre. Mais nous n'en ferons rien; il vaut mieux faire un Il vaut mieux s'enrichir ; nos parens, nos neveux, reux. L'un compofe un Roman, un Poëme, une Hiftoire, Choifit vrage, mot après mot, revoit page après page; A toute heure, en tous lieux, rumine fon deffein; Le lime, le polit, en retire la main, Puis l'y met de rechef: tel que l'Aftre du monde, Tel qui fait, fans penfer à ces races futures, Au lieu de bons écrits, de groffes écritures, Qu'on achete par rôle, & tel de qui l'emploi Confifte à bien voler le public & le Roi, Ont bien plus de profit... Mais quoi, leur abon N'eft, pour en bien parler, qu'une haute indigence. pas. Ce fou voit tout à lui, tout le monde lui donne, OD E. Miféricorde de Dieu envers les pécheurs. GRAND Dieu, par quel encens & par quelles vic, times Pourrai-je détourner ton courroux que je crains? PELISSON PELISSON L'excès de tes bontez augmente mon offense, Tu me combles de biens au lieu de me punir; İl eft vrai, mon Sauveur, mes fautes font mor- Toujours ma paffion s'oppose à tes projets : Mais hélas ! fi tu perds tous ceux qui sont rebelles, En quel lieu de la Terre auras-tu des sujets ? Mes crimes, d'un côté, provoquent ta justice'; L'hyver, accompagné des vents & des orages, Par toi, l'air est serein, & la terre féconde : vers, Retourner fur fes pas la jeuneffe du monde, S'il eft ainfi, de grace, arrête le tonnerre; Tu fais un nouveau ciel, une nouvelle terre; Peux-tu pas dans mon corps former un nouveau PELISSON. cœur ? Il y va de mon bien, il y va de ta gloire : Dompte, par ton Esprit, mon efprit obstiné: Ton triomphe et le mien, je gagne en ta victoire: Quand tu feras vainqueur, je ferai couronné. DU PSEAUME XXXVII. Il n'y a de bonheur véritable que pour le Jufte, VOIS-TU ces hauts palais, ces pompeux édifices, L'herbe des champs s'éleve, & fleurit comme lui; Quel plaifir, ô mon Dieu, de voir par ta puissance Que fon frere a foufferte: En tout tems la mifére éprouve fon fecours : PELISSON. Sa fortune (bien loin que fes dons la détruifent) Toujours plus floriffante, augmente tous les jours, Comme ces fources d'eau, qui jamais ne s'épuifent. Mais vous, qui méprisez & l'amour & la haine Si d'un jufte courroux fon cœur eft enflammé, In manus tuas, Domine, commendo, &c. SEIGNEUR, qui dans mon ame as formé ton image, Daigne la recevoir en tes divines mains; Ton fang la délivra du funefte efclavage Où l'engagea l'orgueil du premier des humains. |