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CHARLE

YAL.

Pardon, SEIGNEUR, pardon à ce pécheur Chrétien,

Qui fut homme d'honneur fans être homme de
bien ;

Et qui d'une foi morte, ou plutôt endormie,
Ne cherchoit fon falut que dans la prud'homie.

Par ta bonté, Seigneur, mon esprit éclairé
Reconnoît qu'autrement tu dois être adoré,
Et qu'une ame au plaifir par le monde emportée,
N'eft pas digne du fang dont tu l'as rachetée.

D'HAY NAULT.

N.

N.

D'HAYNAULT étoit fils d'un — Boulanger. Quelques Ouvra- D ges de Profe & de Vers lui acquirent la réputation de bel Efprit. Son Sonnet fur l'Avorton a fait beaucoup de bruit en fon tems. Une bonne preuve, felon M. de la Monnoye, du talent D'HAYNAULT pour la Poëfie, c'est que Madame des Houlieres apprit de lui les régles de ce bel Art. Comme on ne fçait pas précisément le tems de fa mort, on a crû ne pouvoir mieux faire pour l'ordre chronologique, que de placer le Maître immédiatement avant fon illuftre Eleve.

Plus on eft élevé, plus on doit craindre de tomber.

IL

I

L' part plus d'un revers des mains de la Fortune. Ma chûte quelque jour te peut être commune;

C eft un Favori difgracié qui parle.

Nul ne tombe innocent d'où l'on te voit monté a D'HAY- Ceffe donc d'animer ton Prince à mon fupplice; NAULT. Et près d'avoir befoin de toute fa bonté, Ne le fais pas ufer de toute fa juftice.

I

SONNE T.

Les douceurs de la vie privée.

S'E'LEVE qui voudra, par force ou par adreffe, Jufqu'au fommet gliffant des grandeurs de la Cour Moi je veux, fans quitter mon aimable féjour, Eoin du monde & du bruit rechercher la fageffe.

Là, fans crainte des Grands, fans fafte & fans
tristeffe,

Mes
yeux après la nuit verront naître le jour :
Je verrai les faifons fe fuivre tour à tour,
Et dans un doux repos j'attendrai la vieillesse.

Ainfi lorfque la mort viendra rompre le cours
Des bienheureux momens qui compofent mes jours,
Je mourrai chargé d'ans, inconnu, folitaire.

2 Qu'un homme eft miférable à l'heure du trépas,

iCes Vers font imitez du fecond chœur du Thyefte de Séneque.

2 HAYNAULT s'eft imité lui même dans la Stance fuivante.

Lorfqu'ayant négligé le feul point nécessaire,
Il meurt connu de tous, & ne fe connoît pas !
Sur l'Avorton.

I Toi qui meurs avant que de naître,
Affemblage confus de l'être & du néant,
Trifte avorton, informe enfant,
Rebut du néant & de l'être.

Toi que l'amour fit par un crime,
Et que l'honneur défait par un crime à son tour,
Funefte ouvrage de l'amour,

De l'honneur funefte victime

Donne fin aux remords par qui tu t'es vengé ;
Ét du fond du néant où je t'ai replongé,
N'entretiens point l'horreur dont ma faute est sui-
vie.

Deux tyrans oppofez ont décidé ton fort: L'amour malgré l'honneur t'a fait donner la vie : L'honneur malgré l'amour te fait donner la mort.

Heureux eft l'inconnu qui s'eft bien fçû connoître :
Il ne voit pas de mal à mourir plus qu'à naître ;
Il s'en va comme il eft venu:

Mais hélas ! que la mort fait une horreur extréme
A qui meurt de tous trop connu,

Et trop pen connu de lui-même!

1 C'eft la mere de l'enfant qui parle.

D'HAYNAULT.

.D'HAYNAULT.

Effets contraires du chagrin & de la joye.

LA Santé mere de la Joye,

Se nourrit d'innocens plaifirs.

Tous ces ambitieux defirs

Tous ces vaftes penfers dont nous fommes la proye;
Que font-ils que rendre nos jours

Et moins fortunez & plus courts?

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