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ŒUVRES

DE

THÉÂTRE

DE

DE LAUNAY.

NOUVELLE ÉDITION,
revue & corrigée.

A PARIS,
Chez la Veuve DUCHESNE, Libraire, rue
Saint-Jacques, au-deffous de la fontaine
Saint-Benoît, au Temple du Goût.

M. DCC LXVI.

Avec Approbation & Privilège du Roi.

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PRÉFACE.

E Théâtre eft peu volumineux, & l'on regrette qu'il ne le foit pas davantage. L'Auteur eut le germe du talent; il pouvoit en réfulter des fruits plus abondans. A l'égard des circonftances de fa vie, il nous en refte peu de détails. Il remplaça Palaprat dans la place de Secrétaire des commandemens de M. de Vendôme, Grand - Prieur, dont la maison. étoit l'afyle des talens. Il étoit né à Paris en 1695, & il y eft mort en 1751.

La premiere Pièce que préfente ce recueil, fut auffi le coup d'effai de l'Auteur. C'eft une. Comédie épifodique en un Acte, & ayant pour titre la Vérité fabulifte. Elle fut repréfentée. au Théâtre Italien en 173 1. Elle y eut du fuccès, & en méritoit à beaucoup d'égards. On y remarque d'heureux détails, des peintures vraies, de l'aifance dans le dialogue; mais en niême tems on y defireroit une correction de ftyle un peu peu plus foutenue, & un rapport plus direct entre le fond de certaines fables, & l'application qu'en fait la Vérité. Une des meilleures de cette Pièce eft celle que la Vérité adreffe au Fastueux : elle offre en même tems quelques peintures analogues aux mœurs des grands & des riches de ce fiècle.

Le Complaifant, Comédie en cinq Actes,en profe,eft une Pièce reflée au Théâtre; les caractères y font bien contraftés. M. Orgon eft un plaideur inquiet, trifle, & qu'un procès prêt à être

jugé, une fille à pourvoir, occupent douloureufement. Madame Orgon eft une extravagante qui rit de tout, & ne s'occupe de rien, finon des fêtes que le mariage de fa fille Angelique doit occafionner. Le complaifant Damis plie fon humeur à celles de ces deux perfonnages, & leur plait à tous deux.

Le Pareffeux, Comédie en trois Actes & en vers, qui fut repréfentée au Théâtre François en 1733. Elle eft précédée d'un Prologue entre deux interlocuteurs qui peignent ces maifons où l'on tient Bureau d'efprit. Le fond de cette Pièce eft très fimple; mais le défaut réel qui s'y trouve, c'est l'inaction attachée au caractère du principal perfonnage. Elle jette néceffairement de la langueur fur l'intrigue entiere. A cela près, l'Auteur a mis fon Pareffeux dans des fituations, auffi favorables que le fujet peut le comporter. L'ouvrage eft écrit avec un naturel qui n'exclut point l'agrément. Le dialogue en eft facile & la diction très-pure. Chaque perfonnage y parle d'après fon caractère; & l'on croit entendre jufqu'au ton que prendroit le Pareffeux pour débiter les vers de fon rôle. Peut-être ne faudroit-il pas qu'il finît par époufer fa maitreffe: il vaudroit mieux fans doute que fon indolence la lui fît perdre, ou même qu'elle l'empêchât de faire une démarche capable de la lui rendre. Le dénouement feroit plus théâtral; mais, à tout prendre, ce caractere en lui-même ne le fera jamais.

Ces trois Pièces forment feules tout le Théâtre de feu M. de Launay ; & une feule des trois reparoît encore fur la scene. Elle est faite pour s'y montrer dans tous les tems avec fuccès. Il eft fâcheux que trois ou quatre hommes du

monde fe la difputent, ou du moins qu'on la leur attribue. Quoi qu'il en foit,les autres même honoreront toujours la mémoire de cet Auteur. On remarque dans toutes, l'empreinte de l'efprit & du talent. M. de Launay avoit étudié les vrais principes de fon art; il ne perdoit point de vue les grands modèles ; & il eft à croire qu'un plus grand nombre de productions dramatiques eût complété fa réputation dans ce genre.

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