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LE

DEVOI R.

ODE

A U

ROI

UI, Grand Roi, je cede à mon zéle;

C'est à lui de me foûtenir :

J'ofe encor plus hardi qu'Apelle

Peindre LOUIS à l'avenir,
J'ai cru que les Mufes laffées,
Şur tes vertus tant retracées,
N'avoient plus rien à nous dicter 5
Mais celle qu'aujourd'hui j'écoute,
Me montre une nouvelle route,
Où mon ardeur va m'emporter.

Qu'au bruit de tes Armes terribles
D'autres étonnent l'Univers;

Tes faits guerriers, tes foins paifibles,
Ne font point l'objet de mes vers.

Je peins cette ame plus qu'humaine,
Sur qui la Raifon fouveraine

Exerça toujours fon pouvoir;

Et d'un cœur qu'instruit la Prudence,
Cette héroïque Indifférence,
Que détermine le Devoir,

On a vu d'heureux Téméraires
Affronter les fureurs de Mars;
On a vu des Rois débonnaires
Protéger Thémis & les Arts:
Le Devoir étoit-il leur guide
D'un fang pareffeux ou rapide,
Ils fuivoient les impreffions;

Et malgré l'erreur où nous fommes »
Souvent les vertus des Grands-hommer

Nont été que des paffions.

1

L'ardeur d'une gloire frivole, Quelquefois enflâme un grand coeur, Alors la paffion s'immole

Au vain phantôme de l'Honneur
Yvres d'une douce fumée,

Notre amour pour la Renominée,
Nous arrache plus d'un effort:
La foif de l'Eftime future,
Peut même, malgré la Nature
Prêter des charmes à la Mort

Ce n'eft pas là l'impure fource De tes vertus, ni de tes faits; Vanté du Midi jufqu'à l'Ourse, Ce bruit ne t'occupa jamais : Tu ne fuis l'orgueil, ni la haine, Comme ces vains Héros * qu'Hélene Attira fur le Simois;

Et l'avenir le plus févere,

Dans ce que LOUIS a dû faire,

Verra l'hiftoire de LOUIS..

Achille & Agamemnon

En vain Rivale de Bellone,

La Paix t'étale fes appas ;
Si-tôt que le Devoir l'ordonne,
La France enfante des foldats.
Pallas te prête fon Egide:

Tu fçais fage autant qu'intrépide,
Combattre & protéger les Rois;
Sans témérité, fans allarmes,
Tu comptes pour prendre les armes,
Non tes ennemis, mais tes droits,

Mais au mépris de la victoire,
Et malgré fes dons prodigués,
A peine du fein de ta gloire,
Vois-tu tes fujets fatigués ;
De l'Olive tu ceins leurs têtes,
Tu rachetes de tes conquêtes,

L'amour de l'ennemi domté :

Tandis que ton Peuple moins fage, Privé du prix de ton courage> Murmure contre ta bonté.

Pourfuis, fais les plus grands prodiges, Par un principe encor plus grand; Puifle marcher fur tes veftiges, Tout Roi paifible ou conquérant. Aux cœurs que leur penchant domine,

Fais aimer cette loi divine,

Que les Rois doivent respecter;
Et négligeant jufqu'à l'eftime,
Que ton exemple magnanime
Les inftruife à la mériter.

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