CLORINE. Vous l'allez-voir paroître ; il marche fur mes pas. HORTENCE. Ah Ciel ! que n'ai-je autant de charmes que de haine? Je le veux accabler fous le poids de fa chaîne. ARAMONT. ' Mais le voici qui vient ; contenons-nous un peu. SCENE VII. ARISTE, MONROSE, ARAMONT, HORTENCE, CLORINE, Le GARDE. V ARISTE au Garde dans l'enfoncement du Théatre. Ous pouvez nous laiffer: votre ordre n'a plus (lieu : Je me charge de tout; la Cour en eft inftruite, SCENE DERNIERE. ARISTE, MONROSE, ARAMONT, JE HORTENCE, CLORINE. ARISTE à Monrofe. E viens rendre raifon de toute ma conduite. ARISTE. Il eft vrai, je le fuis; tout fuccéde à mes vœux. Monfieur, vous voulez bien que je vous félicite : Vous voyez quels tranfports votre bonheur excite. ARAMONT en lui remettant l'Ecrain & la Procuration de Monrofe. Pour qu'il n'y manque rien, Tenez, voilà leur refte: ils n'en favent que faire, Ni moi non plus... Prenez toujours; c'est votre af Madame... ARISTE. ( faire. HORTENCE avec délain. Laiffez-moi. ARAMON T.; Je fuis hors d'embarras HORTENCE. Je ne fais ce que c'eft; mais je n'ignore pas &la Procuration. Je crois que vous pourrez en être fatisfaite. HORTENCE. Quelle audace! Eft-ce à vous que je dois mon re ARISTE. Oui ; j'ai follicité cet ordre de la Cour : (tour? On ne vous perdra point, L'amour & l'hymenée HORTENCE avec indignation. C'eft dans la trahifon être bien affermi! Vous voulez que ma main couronne votre ouvrage ; Non, Madame, l'hymen vous garde un fort plus (doux. ARISTE. Cette hiftoire eft mal imaginée, Ce bruit injurieux s'eft détruit auffi-tôt. HORTENCE. Qu'entens-je ? CLORINE. Eft-il poffible? MONROSE. O Ciel ! quelle furprise ! ARISTE à Monrofe. C'eft la précaution que votre opcle avoit prife. Je suis juftifié ? ARISTE. C'est moi qui vous l'atteste. MONROSE transporté de joye. Fortune, c'eft affez ; je te quitte du reste. Mes veux font épuifés. Mon honneur m'eft rendu... à Hortence. Madame, pardonnez à mon cœur éperdu Ce tranfport exceffif.... ARISTE. Permettez, je vous prie, Il est bien jufte auffi que je me juftifie. J'ai dû jufqu'à la fin vous cacher des fecrets, Où vous auriez pu faire entrer des indifcrets. Vos amis vous flattoient, contre toute apparence. Lorfque je vous ai vu fans aucune espérance J'ai brigué pour moi-même, & j'ai tout obtenu : C'eft depuis quelques jours que j'y fuis parvenu; Mais j'avois mes raifons pour en faire un myftere : Je voulois obtenir une grace plus chere. L'effentiel manquoit à ma félicité. Après avoir longtems preffé, follicité, Ce n'eft que d'aujourd'hui, qu'à force de priere, Enfin la Cour m'a fait la faveur tout entiere. Jouiffez-en, Monfieur, fes bienfaits font à vous: Le Prince m'a permis de vous les céder tous, Et je vous les remets avec toute la joye.... Souffrez qu'en m'acquittant tout mon cœur fe dé (ploye. Il embraffe Monrofe. MONROSE. Monfieur, ce n'eft pas là tout ce que je vous dois. Mes créanciers.... ARISTE. Laiffons cet incident. MONROSE. Je vois Que c'eft à vous, Monfieur, que je fuis redevable. ARAMONT. J'ai pensé m'en douter. HORTENCE. Que je me fens coupable! ARISTE à Hortence. Madame, c'eft pour lui que je viens d'obtenir HORTENCE. J'ai des torts avec vous. ARAMONT. Bon, bon, point de rancune: Pour moi, je vous réponds que je n'en garde aucune. ARISTE. Notre premier devoir nous appelle à la Cour : MONROSE. Ah! permettez du moins que ma reconnoiffance ARISTE. En vous faisant jouir du deftin le plus doux Croyez-vous que je fois moins fortuné que vous ? MONROSE. à Hortence. Ah! Madame, fouffrez que mon cœur le partage. à Arifte. Monfieur, je ne puis rien vous offrir davantage. O fortune! je fens, & j'éprouve à préfent Qu'un ami véritable eft ton plus grand préfent. FIN. J' APPROBATION. 'Ai lû par l'ordre de Monfeigneur le Chancelier l'Ecole des Amis, Comédie, & je crois que le Public verra avec plaifir l'impreffion d'un Ouvrage qu'il a fi juftement applaudi dans les repréfentations. Fait à Paris ce 8 Mars 1737. DANCHET.. |