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FRONTIN.

Allons, Coufin, fauvons-nous.

LISETTE.

Non, reftez; c'eft la mere d'Ange lique, elle vous verroit fuir, il vaut mieux que vous demeuriez.

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LISETTE, FRONTIN, ERASTE, Me. ARGANTE.

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Me. ARGANTE.

U eft donc ma fille, Lifette?

LISET TE.

Apparemment qu'elle eft dans fa cham

bre, Madame.

Me. AR GANT E..

Qui eft ce garçon-là ?

FRONT IN..

Madame, c'est un garçon de condition, comme vous voyez, qui m'est venu voir, & à qui je m'intéreffe, parce que nous fommes fils des deux freres ; il n'eft pas content de fon Maître, ils fe font brouillés enfemble, & il vient me demander fi je ne fçais pas quelque maison

dont il pût s'accommoder.

Me ARGANTE.

Sa phyfionomie eft affez bonne. Chez qui avez-vous fervi, mon enfant ? ERAST E.

Chez un Officier du Régiment du Roi, Madame.

Me. AR GANTE.

Eh bien! je parlerai de vous à Monfieur Damis, qui pourra vous donner à ma fille; demeurez ici jufqu'à ce foir, & laiffez-nous. Reftez, Lifette.

SCENE

IV.

Madame ARGANTE, LISETTE.

Me.

ARGANTE.

A fille vous dit affez volontiers

Mfes fentimens, Lifette; dans quelle

difpofition d'efprit eft-elle pour le mariage que nous allons conclure? Elle ne m'a marqué du moins aucune répugnance.

LISETT E.

Ah! Madame, elle n'oferoit vous en marquer, quand elle en auroit ; c'est une jeune & timide perfonne,, à qui

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jufqu'ici fon éducation n'a rien appris qu'à

obéir.

Madame ARGANT E.

C'eft, je penfe, ce qu'elle pouvoit ap prendre de mieux à fon âge.

LISETT E.

Je ne dis pas le contraire.

Madame ARGANT E.
Mais enfin; vous paroît-elle contente?
LISETTE.

Y peut-on rien connoître? Vous fçavez qu'à peine ofe-t-elle lever les yeux, tant elle a peur de fortir de cette modeftie fevere que vous voulez qu'elle ait : tout ce que j'en fçais, c'eft qu'elle eft trifte.

Madame ARGANTE.

Oh! je le crois, c'eft une marque qu'elle a le cœur bon; elle va fe ma rier, elle me quitte, elle m'aime, & notre féparation eft douloureuse.

LISETTE.

Eh! eh! ordinairement pourtant une fille qui va fe marier eft affez gaye.

Madame ARGANT E.

Oui, une fille diffipée, élevée dans un monde coquet, qui a plus entendu parler d'amour que de vertu, & que

mille jeunes étourdis ont eu l'imperti nente liberté d'entretenir de cajoleries;: mais une fille retirée, qui vit fous les yeux de fa mere, & dont rien n'a gâté ni le cœur ni l'efprit, ne laiffe pas que d'être allarmée quand elle change d'état. Je connois Angelique, & la fimplicité de fes mœurs; elle n'aime pas le monde, & je fuis sûre qu'elle ne me quitteroit ja mais, fi je l'en laiffois la maîtreffe.

LISETT E.

Cela eft fingulier.

Madame AR GANT E. Oh! j'en suis sûre. A l'égard du mari que je lui donne, je ne doute pas qu'elle n'approuve mon choix; c'est un homme très-riche, très-raisonnable.

LISET TE.

Pour raifonnable, il a eu le tems de

le devenir.

Madame ARGANT E.

Oui, un peu vieux, à la vérité, mais doux, mais complaifant, attentif,aimable.. LISETTE.

Aimable! Prenez donc garde, Madame; il a foixante ans, cet homme.. Madame A R. GAN TE..

Il est bien queftion de l'âge d'un mari avec une fille élevée comme la mienne !

LISETTE.

Oh! s'il n'en eft pas queftion avec Mademoiselle votre fille, il n'y aura guere eu de prodige de cette force-là ! Madame ARGANT E.

Qu'entendez-vous avec votre prodige?

LISETTE.

J'entends qu'il faut, le plus qu'on peut, mettre la vertu des gens à fon aife, & que celle d'Angelique ne fera. pas fans fatigue..

Madame AR GANT E..

Vous avez de fottes idées, Lifette les infpirez-vous à ma fille ?

LISET TE.

Oh! que non, Madame; elle les trou vera bien fans que je m'en mêle.. Madame AR GANT E.

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Eh! pourquoi, de l'humeur dont elle eft, ne feroit-elle pas heureuse?

LISETT E.

C'est qu'elle ne fera point de l'humeur dont vous dites; cette humeur-là n'est nulle part.

Madame ARGANT E.

Il faudroit qu'elle l'eût bien difficile, fi elle ne s'accommodoit pas d'un homme. qui l'adorera.

LISET TE..

On adore mal à fon âge..

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