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ACTE IL

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SCENE PREMIERE.

ORESTE, PILADE.

OREST E.

E Paméne en ces lieux attendons le retour Son zele cher Cleon a devancé le jour ; La nuit, en déployant fes voiles le plus fombres, A caché nos deffeins &, nos pas fous fes ombres, Et nous a dans Mycêne heureusement conduit, Jufques dans le Palais fans obftacle introduit. A peine le foleil fortant du fein de l'Onde, Par fes raïons naiffans rend la lumiere au monde : Le fommeil regne encor dans ce vaste Palais, Et libre, fans témoins, tout flatte nos fouhaits; N'eft-ce point un tranfport de mon ame égarée ? Me revois-je en effet dans le Palais d'Atrée ? Le Palais de mon Pere, & fuis-je dans les lieux Où s'ouvrit ma paupiere à la clarté des Cieux, Exilé, de ces lieux dés ma plus tendre enfance, J'effaye à rappeller ma foible connoiffance; Mais il me fuffiroit de mon faififfement, Je dois le reconnoître à ce fremiffement,

Dont la fecrette voix, & la force foudaine,
Agitent tous mes fens, courent de veine en veine.
Chaque pas, chaque objet, reveille dans mon cœur,
Des mouvemens confus de joye & de douleur,
Et je fens qu'attendri par je ne fçai quels charmes,
J'ai peine en ce moment à retenir mes larmes.
Lieux, qui me rappelles mon Pere & mon de voir!
Vous-mêmes paroiffez fremir à me revoir,
Oma chere Patrie! ô mes Dieux domestiques!
Palais, facré féjour de mes ayeux antiques!

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yeux,

O Mânes de mon Pere! Ombre errante en ces lieux
Me voici parmi vous tournez vers moi les
Apollon guide ici mes pas & ma vangeance,
Et par vous rendre hommage, il veut que je com

mence.

Recevez cet hommage, & rempliffez mes vœux,
Je reviens vous laver d'un opprobre honteux,
Je viens d'Agamemnon vanger la mort funefte
Reconnoiffez fon fils,
& protegez Orefte.

PY LADE,

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N'en doutez point, Seigneur, les Dieux feront pour

vous;

Punir les attentats, c'eft fervir leur courroux,
Apollon vous l'affure, & ce Dieu tutelaire,
Jufqu'à vos moindres pas, vous guide, & vous éclai-

re.

En vain depuis douze ans, Egyfte fous fa loi
Tient un empire acquis par le fang de fon Roi,.
Le tems auprés des Dieux ne prefcrit point les cri-

mes,

Leur bras fçait tôt ou tard atteindre ses victimes,
Ce bras fur le coupable eft toûjours étendu,
Et va fraper un coup fi long-tems attendu;

Oui les Dieux contre un traître armant vôtre cou

rage,

Sur les yeux obfcurcis répandront un nuage;
Voyez déja pour vous ce que fait leur faveur,
Du-Tyran de Panope ils ont changé le cœur,
Ce digne & feul ami qu'Egyfte pût prétendre ........
OREST E.

Il eft vrai, fur P'efpoir de m'obtenir pour gendre
Tel que tous les Tyrans, fans honneur & fans foi,
Il confent à trahir fes alliez pour moi ;

Et pour mieux m'en convaincre & m'ôter tout ombrage,

Entre nos mains livré fon fils nous fert d'ôtage:
Ses lettres, de Pamene appuyant le rapport,

Répandront en ces lieux le faux bruit de ma mort,
Et d'un nom fuppofé la trompeufe affûrance,
Va m'ouvrir un chemin, & remplir ma vangeance.
J'en chercherai du moins le peril & l'honneur,
Enfin, Pylade, enfin, je reverai ma fœur,
Cette Sœur, cette Electre à mes defirs fi chere,
Qui me fauva la vie, & me fervit de mere ;
Quoique dés nôtre enfance, éloignez, agitez,
Inconnus l'un à l'autre, & toûjours écartez,
Tu fçais trop de nos cœurs jufqu'où va la tendres-

fe,

Tu fçais qu'en mon exil la regrettant fans ceffe, Tous mes vœux n'afpiroient qu'à ces heureux mo

mens,

Que vont m'offrir fa vûë & fes embraffemens :
Que mon amour s'en forme une image touchante !
Ofurprife & tranfport !ô vûë attendriffante!
Quel plaifir cher Pilade, aprés tant de malheurs
En nous reconnoiffant de confondre nos pleurs.

Tout

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Tout mon cœur s'en émeut, j'en fremis par avan

ce,

De la force du fang telle eft la violence,

Loi vive, traits profonds, caracteres facrez,
Par la nature empreints, dans nos cœurs penetrez,
Combien furpaffez-vous ces ardeurs étrangeres,
Qu'allument au hazard des flâmes paffageres;
Pour vous, nœuds tout puiflans, on ne vous rompt
jamais,

Et l'on n'efface point d'ineffaçables traits.

PY LADE.

Si déja le plaifir flate vôtre tendreffe,

Quels feront les tranfports, Seigneur, de la Princefle ?

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D'un retour imprévû l'inefperé bonheur.....

ORESTE.

Helas! fans amertume il n'eft point de douceur !
Par le bruit de ma mort comme un autre trompée,
De quel coup accablant va-t-elle être frapée :

Trifte épreuve ! où m'expofe un ordre exprés des
Cieux.

L'Oracle qui me guide, & m'ameine en ces lieux,
Avant que d'avoir vû, celle qui m'a fait naître,
Me défend à ma Sœur de me faire connoître.
J'en ignore la cause, en vain nos foibles yeux,
Chercheroient à percer dans les fecrets des Dieux,
Trop élevez pour nous, mais toujours équitables,
On ne doit point fonder leurs arrêts redoutables.
Ainfi donc chere Electre abusant ton amour
Je te cache à regret mes deffeins, mon retour,
Quels feront tes tranfports lorfqu'un bruit in delle,
De ma mort jufqu'à toi portera la nouvelle ?

B

ال

Que ferai-je moi-même en rentrant dans ces lieux, Si le fort préfentoit ta douleur à mes yeux:

Pour fauver de ce coup ma trep foible conftance, J'éviterai ta vûë & fuirai ta prefence ;

Témoin de tes tourmens fans m'ofer découvrir Mon cœur, mon trifte cœur auroit trop à fouffrir.

*********************ede **********************

SCENE I I.

ORESTE, PILADE, PAMENE.

PAMENE.

Signeur, j'ai vu Cleon, & lui cachant le refte,
J'ai preffenti fon cœur fur le retour d'Orefte.
Tous, portant à regret des fers injurieux,
Pour l'affranchir du joug d'un Tyran odieux,
Attendent ardemment leur veritable maître;
Et fi j'en crois fa foi, vous n'avez qu'à paroître ;
Mais la prudence humaine aveugle rant de fois,
Doit fe taire; Les Dieux vous font ouir leur voix:
Comme la fraude feule exécuta le crime,

Ils veulent qu'elle feule immole la victime,
Ils vous l'ont ordonnés, foit, pour montrer à tous,
Que leur bras feul conduit & porte de tels coups,
Pour mettre en plus grand jour l'éclat de leur jufti-

ce,

Et fraper tous les yeux par le choix du fupplice;
Enfin vous revoyez ces lieux fi fouhaitez,
Leur afpect feul, troublant tous vos fens agitez,

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