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ELECTRE.

Qui font ces inconnus, quel sujet les ameine p

ORESTE.

Degrace apprenez-nous où peut être la Reine.
A qui nous adreffer pour lui faire fçavoir,
Que de Phocide ici nous venons pour la voir ?
ELECTRE.

De Phocide, qu'entends-je !

OREST E.

Oui, d'un recit fidelle,

Nous venons confirmer l'agréable nouvelle.

ELECTR E.

Ah! c'eft la mort d'Orefte, il n'en faut plus douter.

OREST E.

Orefte déformais n'eft plus à redouter.

Helas!

ELECTRE.

ORESTE.

Non, c'en eft fait, ne craignez plus Orefte, Cette Urne de ce Prince, enferme ce qui reste.

ELECTR E.

Cette Urné, Ciel que vois-je; impitoïables Dieux?

ORESTE.

Oui, fa cendre en cette Urne eft cachée à vos yeux.

ELECTRE.

Je devois donc ainfi jouïr de fa prefence!
Reftes vains & confus d'une aveugle efperance,
Qui malgré ma raifon flattiez encor mon cœur,
Evanouie. Enfine je cede à ma douleur

Ah! du moins permettez à l'amour le plus tendre,
D'embraffer, de baifer, cette urne, cette cendre,
De l'échauffer encore en la baignant de pleurs
Et de gemir fur elle en nos communs malheurs.

ORESTE, à Pilade.

Qu'entend-je! eft-ce ma Sœur, ô deftin trop con

traire !

ELECTR E.

Trifte objet, fûr témoin de la mort de mon Frere,
Urne qui dans ton fein le cachant à mes yeux,
Renfermes le feul bien qui me fût précieux,
O mon unique efpoir! Orefte, cher Orefte,
De toi donc déformais, c'eft-là tout ce qui refte!
Lorfqu'heureux & vainqueur j'attendois ton retour,
O combien different te revois-je en ce jour.
Voilà donc tout le fruit de ma longue efperance,
Fatal retour, helas! triste reconnoiffance !
Plût au Ciel, que la mort eût obfcurci mes yeux,
Avant que t'arracher de ces funeftes lieux;
Que ne t'abandonnai-je aux fureurs de ta Mere!
Du moins mêlant ton fang dans le fang de ton Pere;
Et fur un feul bûcher enfemble confumez,

La même Urne tous trois nous auroit renfermez,

Mais exilé, profcrit, pour comble de mifere;
Arrofant de ton fang une terre étrangere.
Un autre Ciel t'a vu, fans ta Seeur expirant,
Je n'ai fçû te ferrer ni t'embraffer mourant
Et te fermant les yeux d'une main attentive,
Recueillir dans mon sein ton ame fugitive.
Quelque main ennemie, avare en ta faveur,
T'a rendu ces devoirs, fans pitié, fans douleur?
Oh! Prince malheureux, quelle eft ta destinée,
Oh! déplorable Electre, Electre infortunée,
Tu vois ton Frere mort, tu le tiens dans tes bras,
Tule tiens infenfible, & tu n'expires pas.

ORESTE, à Pylade.

Jufte Ciel! penetré de douleur, de tendresse,
C'en eft fait,je fuccombe au tranfport qui me preffe,
C'eft feindre trop long-tems,je vais me découvrir.

PYLADE.

Que faites-vous, ô Ciel! gardez de vous trahir.
Avant que d'avoir vu le Tyran & la Reine,

Si vous vous découvrez, vôtre vangeance est vai

ne:

L'Oracle ainfi l'ordonne, ah! fongez-y Seigneur.

OREST E..

O contrainte cruelle, ordre plein de rigueur ! Etes-vous cette Electre, en tous lieux renommée ?

ELECTR E..

'Ah! dites dans les maux cette Electre abîmée ;

ORESTE.

Délorable Princeffe, & comble de douleur

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ELECTRE.

Eh ! que diriez-vous donc fi vous voyez mon cœur.

ORESTE.

Qui vous a pú creufer ce gouffre de mifere ?

ELECTRE.

Les rigueurs d'un Tyran, & de ma propre Mere:

ORESTE.

Ciel! combien de malheurs ont troublé vos beau

jours,

Vous les avez paffez fans douceur, fans fecours!

ELECTRE.

Et pour comble, le feul dont j'en ofois attendre,
Dans cette Urne enfermé n'eft plus qu'un peu de

cendre ;

Pourquoi, me regardant, répandez-vous des pleurs

ORESTE.

Quel barbare ennemi ne plaindroit vos malheurs ?
Qui vous eût reconnu dans cet état funeste !

ELECTR E.

Les yeux feuls, ou plûtôt le cœur du triste Orefte.
ORESTE.

Trop malheureux Orefte voyant ainfi ta Sœur,
Helas! quel coup mortel auroit percé ton cœur !

ELECTR E.

Il devoit prendre part à ma difgrace extrême ;
Je l'aimois tendrement.

ORESTE.

Il vous aimoit de même.

ELECTRE.

Vous l'avez donc connu?

ORESTE.

Croyez-en ma douleur.

ELECTRE.

Et vous a-t-il parlé quelquefois de fa Sœur ?

ORESTE.

Au bonheur de vous voir, il afpiroit fans ceffe.

ELECTRE.

Efperance trompeufe, inutile tendresse ?
Mais qui donc êtes-vous à ce noble maintien ? .

ORESTE.

Je fuis, je viens, helas! ne me demandez rien.

(ELECTR E.

Vous vous troublez !

ORESTE.

Grands Dieux !

EDECTRE.

Quelles raifons funeftes,

Avez-vous à mes yeux de cacher qui vous êtes ¿

ORESTE. *

Que lui dire ....

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