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ORESTE.

Un Fils peut-il fi loin étendre fa fureur?
Une Mere à fes yeux, Madame, est toûjours Mere ;
La nature aifément défarme la colere,

Et ces traits tout-puiffans font .... on l'éprouve affez,

Trop gravez dans le cœur pour en être effacez,
La nature & le fang plus forts par la presence... 3
CLYTEMNESTRE.

Je le fçai comme vous, mais quand dans la balan

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fer.

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Trifte neceffité, dur joug, fatale chaîne,
Un abîme fuit l'autre, il l'attire, il l'entraîne,
On hait dès qu'on offenfe, & de fraïeur preffé
On veut laver de fang, le fang déja versé.
Contrainte pour regner à m'affranchir du Pere,
Dès-lors la mort du Fils me devint neceffaire
Et livrée au foupçons, enfans de la terreur,
Pouvois-je dans un Fils lui laiffer un vangeur ?
D'ailleurs, un jour obscur & de confus nuages,
Je ne fçai quelle voix, quel tems, & quels préfa
ges,

Du paffé fans retour le cruel fouvenir,

La terreur du prefent, l'horreur de l'avenir,
Tant de fombres couleurs me peignoient cet Oref

te:

Tout fembloit m'annoncer que par un coup funef

te,

Sa Mere de fa main devoit un jour perig.

ORESTE.

Sa Mere, ô Ciel! peut-on l'entendre fans fremir? Sa Mere, un Fils, quel trouble, & quelle horreu extrême !

CLYTEMNESTRE.

Cette horreur m'agitoit, & dans ce moment même,
En vous parlant d'Orefte, un vif faififfement,
Le retrace à mes yeux avec fremiffement.
Mais délivrée enfin d'un Fils fi redoutable,
Je dois me r'affûrer; quelque Dieu favorable
Ne pourra-t il....

ORESTE.

Eh! quoi ?

CLYTEMNESTRE.

Ah! Madame....

M'affranchir de fa Sout

ORESTE.

CLYTEMNESTRE.

Oui, fa vûë agite encor mon cœur: Et fa douleur, fes cris, fes reproches, fes plaintes Me portent malgré moi de trop vives atteintes. Vous-même avez pû voir jufqu'où va sa fureur Lorfque vous connoiflant pour mon liberateur Ses yeux faifis, frappez d'un objet fi funefte, Ont découvert en vous le meurtrier d'Orefte. L'accablant d'un tel coup déja, cher Etranger, yous avez commencé vous-même à m'en vanger

Ah! pour m'en délivrer, s'il étoit quelque voye,

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********************** SCENE I I.

EGYSTE, CLYTEM NESTRE, ORESTE

J

EGYSTE.

E vous cherchois; que ne vous dois-je pas? Guerrier, dont la valeur affûre mes Etats Quels fervices plus doux que ceux de la vangeance? Je prétend par mes dons paffer vôtre esperance; Cependant feuls ici, nous laiffant un moment Allez, attendez-moi dans mon appartement.

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SCENE I I I.

EGYSTE, CLYTEMNESTRE,DIMA ́S,

EGYSTE.

Nfin débaraffez d'un refte de contrainte,

EMadame, ouvrons nos cours, & parlons nous

fans feinte

Oreffe ne vit plus, tout confpire à nos vœux, Nous n'aurons plus à craindre un revers dangereux. Sur un thrône éclatant affis en affûrance,

Je puis de la fortune affronter l'inconftance;

Et les Dieux même, à moins de r'animer les morts;
Tenteroient contre nous d'inutiles efforts.

J'ai redouté long-tems leur juftice & leur haine,
Vain fantôme, enfanté par une crainte vaine;
Et mon efprit troublé d'une credule erreur,
Trembloit fous un pouvoir que lui forgeoit la peur.
Mais enfin délivré d'un ennemi funefte,

Je fens que je craignois, non les Dieux, mais Oref

te.

Une foudaine joie & ces ardens transports,

Diffipent mes chagrins, furmontent mes remords. Quel plaifir de pouvoir fans craindre leur vangeance,

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Partager de ces Dieux la fuprême puifance.

CLYTEMNESTRE.

Du throne, tout mon cœur fut dès l'enfance épris,
Je l'ai trop acheté pour ignorer fon prix.
Agamemnon vainqueur plein d'une folle audace,
Revenoit couronner une efclave à ma place;
Dans le fang je lavai ma honte & fon forfait;
Pour conferver mon rang j'aurois encor plus faite
Jugez fi je connois le prix du diadême ?

Cependant, je rougis de ma foibleffe extrême;
Quand le fort pour jamais affûre mon bonheur,
Un je ne fçai quel trouble agite encor mon cœur:
Hier, j'en avois conçu quelque finiftre augure,
Mais du fang en ce jour le trouble & le murmure...

EGY STE.

Eft-ce à vous d'écouter les foibleffes du fang?
Où donc eft ce grand cœur fi digne de fon rang?
Laiffez, laiffez, Madame, aux ames ordinaires;
Le poids embaraffant de ces terreurs vulgaires.
Les Rois trop au-
u-deffus des vils engagemens,
Ne fe ravallent point à ces attachemens;
Leur grandeur étouffant un importun murmure,
Ils ne connoiffent point le fang ni la nature;
Et la foif de regner, un zele ambitieux,
Voilà nos feuls parens, nos veritables Dieux :
Vous-même en d'autres tems me le difiez fans ceffe,
D'un intrepide orgaeil rappellez la nobleffe.
Mais pour goûter fans trouble un bien fi précieux,
Délivrons-nous encor d'un objet odieux :
Me rappellant toûjours une impotune image,
Electre ici me gêne, & fon aspect m'outrage,
Eloignons-là, Madame...

CLYTEMNESTRE.

Ah! Seigneur, fongez-vous, Que libre, elle armera l'Univers contre vous.

EGY STE.

Non, en de fûres mains, je fçaurai la remettre : A fes reffentimens quoiqu'elle ofe promettre, Nous pourons la braver, Madame, impunément; Je veux pour l'accabler par un nouveau tourment La forcer de traîner sa vie & fa mifere,

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Tous les jours dans les fers du meurtrier d'un frere.
Venant à le connoître, à cet objet cruel,
Vous avez vû tantôt fon défefpoir mortel.
La douleur & la mort peintes fur le vifage,
De fes fens tout à coup elle a perdu l'ufage.

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