ORESTE. Un Fils peut-il fi loin étendre fa fureur? Et ces traits tout-puiffans font .... on l'éprouve affez, Trop gravez dans le cœur pour en être effacez, Je le fçai comme vous, mais quand dans la balan fer. Trifte neceffité, dur joug, fatale chaîne, Du paffé fans retour le cruel fouvenir, La terreur du prefent, l'horreur de l'avenir, te: Tout fembloit m'annoncer que par un coup funef te, Sa Mere de fa main devoit un jour perig. ORESTE. Sa Mere, ô Ciel! peut-on l'entendre fans fremir? Sa Mere, un Fils, quel trouble, & quelle horreu extrême ! CLYTEMNESTRE. Cette horreur m'agitoit, & dans ce moment même, ORESTE. Eh! quoi ? CLYTEMNESTRE. Ah! Madame.... M'affranchir de fa Sout ORESTE. CLYTEMNESTRE. Oui, fa vûë agite encor mon cœur: Et fa douleur, fes cris, fes reproches, fes plaintes Me portent malgré moi de trop vives atteintes. Vous-même avez pû voir jufqu'où va sa fureur Lorfque vous connoiflant pour mon liberateur Ses yeux faifis, frappez d'un objet fi funefte, Ont découvert en vous le meurtrier d'Orefte. L'accablant d'un tel coup déja, cher Etranger, yous avez commencé vous-même à m'en vanger Ah! pour m'en délivrer, s'il étoit quelque voye, ********************** ********************** SCENE I I. EGYSTE, CLYTEM NESTRE, ORESTE J EGYSTE. E vous cherchois; que ne vous dois-je pas? Guerrier, dont la valeur affûre mes Etats Quels fervices plus doux que ceux de la vangeance? Je prétend par mes dons paffer vôtre esperance; Cependant feuls ici, nous laiffant un moment Allez, attendez-moi dans mon appartement. 3 SCENE I I I. EGYSTE, CLYTEMNESTRE,DIMA ́S, EGYSTE. Nfin débaraffez d'un refte de contrainte, EMadame, ouvrons nos cours, & parlons nous fans feinte Oreffe ne vit plus, tout confpire à nos vœux, Nous n'aurons plus à craindre un revers dangereux. Sur un thrône éclatant affis en affûrance, Je puis de la fortune affronter l'inconftance; Et les Dieux même, à moins de r'animer les morts; J'ai redouté long-tems leur juftice & leur haine, Je fens que je craignois, non les Dieux, mais Oref te. Une foudaine joie & ces ardens transports, Diffipent mes chagrins, furmontent mes remords. Quel plaifir de pouvoir fans craindre leur vangeance, Partager de ces Dieux la fuprême puifance. CLYTEMNESTRE. Du throne, tout mon cœur fut dès l'enfance épris, Cependant, je rougis de ma foibleffe extrême; EGY STE. Eft-ce à vous d'écouter les foibleffes du fang? CLYTEMNESTRE. Ah! Seigneur, fongez-vous, Que libre, elle armera l'Univers contre vous. EGY STE. Non, en de fûres mains, je fçaurai la remettre : A fes reffentimens quoiqu'elle ofe promettre, Nous pourons la braver, Madame, impunément; Je veux pour l'accabler par un nouveau tourment La forcer de traîner sa vie & fa mifere, Tous les jours dans les fers du meurtrier d'un frere. |