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CHRYSO THEMIS

A vous faire perir le Tyran engagé...

ELECT R E.

Periffons, periffons, fi mon Pere eft vangé.

CHRYS OT HEMI S.

Vous ne le vangez point en vous perdant vous-mê

me.

ELECTRE.

Du moins, mon sang versé fera voir fi je l'aime

CHRYSOTHEM IS.

Songez-y, vous voudrez trop tard vous garentir, Trop de zele eft souvent fuivi de repentir, Gependant fçavez-vous le trouble de la Reine.

ELECTR E.

Quel trouble? juftes Dieux.

CHRYSOTHEMIS.

Vous le croirez à peine,

D'un fonge affreux, dit-on, fon efprit agité,
Cede au fecret effroi dont il eft tourmenté ;
Et pour calmer du Ciel l'implacable juftice,
Au tombeau de mon Pere offrant un facrifice,
Demain lorfque le jour....

ELECTR E.

Oh! difcours plein d'horreur,
Vous m'entendez ma

Au tombeau d'un Epoux
Seeur.

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Oui, je dois de fa part confacrant des guirlandes,

Par des libations, des vœux, & des offrandes,
Effayer de fléchir les deftins rigoureux,

Je vais tout préparer pour répondre à fes vœux. Ma Sœur, au nom des Dieux, forcez-vous au filence,

Et ne vous perdez pas du moins par imprudence.

ELECTRE.

Et moi, je vous conjure au nom des mêmes Dieux, De ne point accomplir un deffe in odieux.

Voulez-vous, peu fenfible aux droits de la nature D'un Pere infortuné fouiller la fepulture ?

Dans ce tombeau repofe un grand Roi maffacré,
Gardez de violer cet azile facre.

Que dis-je ? le faint Temple interdit aux prophanes
Confacré par fa cendre, habité par fes Mânes,
Pourroit-il d'une main qui lui perça le flanc,
Recevoir fans horreur des dons teints de fon fang.
Quoi troublant fon repos jufqu'au roïaume fom-
bre,
Vous-même fans fremir invoquerez fon ombre ?
Elle viendra vers vous, & lorfqu'avec plaifir,
De vos embraffements elle croira joüir,
Som amour abufé par un revers finiftre,
D'un facrifice affreux vous verra le miniftre ?
Et quels vœux pour la Reine, ô Dieux formeriez-

vous ?

....

Allez-vous demander pour elle à cet Epoux.
Déja vous fremiffez, & vos levres pâliffent,
Déja fur vôtre front vos cheveux fe heriffent,

Jettez, jettez au vent des dons qui

reur:

font hor

Au lieu de ces objets de haine, & de douleur,
De mes voîles prenez le déplorable reste,
Infortuné débris de ma douleur funefte,

Dons non pas arrofez, mais baignez de mes pleurs, C'est tout ce que du fort m'ont laiffé les ri gueurs.

CHRYSO THEM IS.
Oui, je fçaurai remplir une fi jufte envie,
Mais du moins le fecret, il y va de ma vie,
Si Clytemnestre....

ELECTR E.

Allez, ne craignez rien, les Dieux7

Doivent un autre prix à des foins fi pieux.

L

SCENE I V.

ELECTRE, feule.

'Auriez-vous envoyé, grands Dieux! ce fonge
horrible?

Eft-il de vos arrefts l'avant-coureur terrible?
De la mort du Tyran pourois-je enfin joüir?

စာ

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Adame j'obfervois qu'on ne vous put ouïr,

MLorfqu'un jeune étranger à la faveur de l'ombre,

Qu'en ces lieux a déja répandu la nuit fombre,
Ifmene, m'a-t-il dit, m'abordant en fecret,
Rendez à la Princeffe un important billet.
Porté depuis un mois ou caché dans Mycene,
Tout fembloit s'oppofer au deffein qui m'ameine
Adieu, tout m'est suspect en ces lieux ennemis,
Là fuïant, ce billet en mes mains il a mis.

ELECTR E.

Ah! c'eft d'Orefte; donne, ouvrons, c'eft de mon

Frere,

O traits facréz pour moi! ô vûë aimable & chere.
L'amour, l'efpoir, la joïe, & tous mes fens faifis...,
Lifons, helas! mes yeux de pleurs font obfcurcis ;
Sauvé des pieges qu'on me dreffe,
J'irai bien-tôt fecher vos pleurs,

Le Ciel avec la terre à l'envi s'interesse,
Avanger nos communs malheurs ;

Que les moindres délais font longs à ma tendresse ?
J'attends le jour fatal marqué pour mon bonheur
Quel plaifir dans les maux dont la rigueur me presse i
De reconnoître enfin, de retrouver ma Sœur.

Ofateule promeffe! agréable efperance,
Il reviendroit enfin accomplir ma vangeance.
Si l'effet fuit mes vœux, connois-tu bien alors,
Iẩmene, connois-tu quels feront mes transports.
Et quoi! je le verrois brisant en fin mes chaînes,
Reconquerir Argos, & regner dans Mycenes!
Je verrois fes vertus rehauffant fa grandeur,
D'un fang fi glorieux ranimer la fplendeur
Et pour ton coup d'effai je te verrois cher Frere,
Vanger fur mon Tyran le meurtre de ton Pere!
Ifmene, je ne fçai quel efpoir enchanteur,
Adoucit tous mes maux par fon charme flatteur :
Un vif raïon de joïe, au milieu de l'orage,
De ma fombre douleur perce enfin le nuage :
Daignent combler les Dieux, cet efpoir imparfait !
Viens, allons les preffer d'en avancer l'effet,

Sas eux, fans leurs fecours, que pourroient chere
Ifmene,

Les fiers & vains efforts de la foibleffe humaine.

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