M. DA MI S. Je te payerai bien. Arrêtez donc, Monfieur, ces débutslà m'attendriffent toujours. M. DAM I S. Voilà ma bourse. FRONTIN. Quel embonpoint féduifant! Qu'il a l'air vainqueur! M. DA MI S. Elle eft à toi, fi tu veux me confier ce que tu fçais fur le chapitre d'Angelique. Je viens adroitement de lui faire avouer qu'elle a un Amant ; & obfervée comme elle eft par fa Mere elle ne peut ni l'avoir vu, ni avoir de fes nouvelles que par le moyen des domestiques tu t'en es peut-être mêlé toi-même, ou tu fçais qui s'en mêle, & je voudrois écarter cet homme-là; Quel eftil? Où fe font-ils vus ? Je té garderai le fecret. FRONTIN, prenant la bourse. Je réfisterois à ce que vous me dites; mais ce que vous tenez m'entraîne, & je me rends. M. DA MIS. Parle. FRONT IN. Vous me demandez un détail que j'ignore; il n'y a que Lifette qui foit parfaitement inftruite dans cette intrigue-là. M. DA MI S. La fourbe! FRONT IN. Prenez garde, vous ne fçauriez la condamner, fans me faire mon procès. Je viens de céder à un trait d'éloquence qu'on aura peut-être employé contre elle; au refte, je ne connois le jeune homme en queftion que depuis une heure; il eft actuellement dans ma chambre : Lifette en a fait mon parent &, dans quelques momens, elle doit l'introduire ici même où je fuis chargé d'éteindre les bougies & où elle doit arriver avec Angelique pour y traiter ensemble des moyens de rompre votre mariage. M. DA MIS. Il ne tiendra donc qu'à toi que je fois pleinement inftruit de tout? FRONTIN. Comment ? M. DA MI S. Tu n'a qu'à fouffrir que je me cache ici; on ne m'y verra pas, puifque tu vas en ôter les lumieres, & j'écouterai tout ce qu'ils diront. FRONTIN. Vous avez raison: Attendez, quelques amis de la maison qui font là-haut & qui veulent fe déguiser après fouper pour se divertir ont fait des apporter Dominos qu'on a mis dans le petit cabinet à côté de la falle; voulez-vous que je vous en donne un ? SCENE XIV. M. DAMIS, FRONTIN. M. DA MIS, un moment seul. J Ene mil et qu'e Pion. Stjeprous E ne fçaurois mieux m'y prendre pour que l'amour d'Angélique aille à un certain point, il ne s'agit plus de mariage; cependant je tremble. Qu'on eft malheureux d'aimer à mon âge! FRONTIN revient. Tenez, Monfieur, voilà tout votre attirail, jufqu'à un mafque; c'eft un vifage qui ne vous donnera que dix-huit ans, vous ne perdrez rien au change; ajuftezvous vite bon, mettez-vous là, & ne remuez pas; voilà les lumieres éteintes, bon foir. : M. DA MI S. Écoute le jeune homme va venir, & je rêve à une chofe ; quand Lifette & Angélique feront entrées, dis à la mere de ma part, que je la prie de fe rendre ici fans bruit : cela ne te compromet point, & tu y gagneras. Tome IV. L FRONT IN. Mais vous prenez donc cette commiffion-là à crédit? M. DA MI S. Va, ne t'embarrasse point. FRONT IN. Soit. Je fors.... J'ai de la peine à trouver mon chemin ; mais j'entends quelqu'un.... LISETTE, ERASTE, FRONTIN, Lifette eft à la porte avec Erafte pour entrer. FRONT IN. EST-CE toi, Lifette? LISETTE. Oui. A qui parles-tu donc là ? A la nuit, qui m'empêchoit de retrouver la porte. Avec qui es-tu, toi? LISETT E. : Parle bas avec Erafte que je fais entrer dans la falle. M. DA MIS, à part. Erafte? FRONTIN. Bon! où eft-il? (Il appelle.) La Ramée! |