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Clytemneftre, ai-je oü:, tu dors, evet le to,

Je te fuis des long-tems, tourne tes yeux fur mot ; Voi ce Hambeau terrible, & cette main linglance, L'heure approche.... ces mots m'intpirant

pouvante,

Une horrible furie a frappé mes regards.
Sur la tête fifioient mille ferpens epars,
J'ai voulu fuir, arrète & porte ici là vue,
Arrête, il faut fubir la peine qui t'est Cile;
A la fombre lueur du terrible dambeas,
J'ai vu d'Agamemnon parcite le tombeau,
De fang & d'offemers la terre etoit couver.e,
Le marbre a treffailli, la tombe s'elt ouverte,
Ce grand Rolfoutenant la tète lentement,
Et le debarratlant du fatal vêtement,

Sangiant, pale, abbattu, mais les regards terr

bles,

Lançant pour tout difcours d'afleux regards fr

moi,

Jufqu'au fond de mon ame il a jené l'etoi,
Enfa, tout a tremble d'un eclat de tonnerie,
Le Palais et tombé, j'ai vû s'ouvrir la terre,
Une invincible main m'a traver e le fanc,
Et tout a difparu fous des rustleaux de fàng.

EGYSTE.

Un forge n'eft fouvent qu'une menace vaine; Mais le trite prefage à mille autres s'enchaîne, Depuis Oracle effieux que Delphes m'a rendu, Je lens cruellement mon efprit fufpendu:

Tant qu'Orefte vivra nous avons tout à craindre, Sa v.e eft notre mort, que ferviroir de teindre, Le Prince de Panope, Hypparque fur l'Autel, M'a juré d'immoler cet ennemi mortel,

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Clytemneftre, ai-je oüi, tu dors, éveille toi,

Je te fuis dés long-tems, tourne tes yeux fur moi;
Voi ce flambeau terrible, & cette main fanglante,
L'heure approche.... ces mots m'infpirant l'é-
pouvante,

Une horrible furie a frappé mes regards.
Sur la tête fifloient mille ferpens épars,
J'ai voulu fuir; arrête & porte ici la vûë,
Arrête, il faut fubir la peine qui t'est dûe ;
A la fombre lueur du terrible flambeau,
J'ai vu d'Agamemnon paroître le tombeau,
De fang & d'offemens la terre étoit couverte,
Le marbre a tréffailli, la tombe s'eft ouverte,
Ce grand Roi foûtenant fa tête lenteinent,
Et fe débarraffant du fatal vêtement,

Sanglant, pále, abbattu, mais les regards terribles,

Lançant pour tout difcours d'affieux regards fur

moi

Jufqu'au fond de mon ame il a jetté l'effioi,
Enfin, tout a tremblé d'un éclat de tonnerre,
Le Palais est tombé, j'ai vû s'ouvrir la terre,
Une invincible main m'a traversé le fanc,
Et tout a difparu fous des ruiffeaux de fang.

EGYSTE.

Un fonge n'eft fouvent qu'une menace vaine; Mais le trifte préfage à mille autres s'enchaîne, Depuis l'Oracle affreux que Delphes m'a rendu, Je fens cruellement mon efprit fufpendu:

Tant qu'Orefte vivra nous avons tout à craindre, Sa vie eft nôtre mort, que ferviroit de feindre, Le Prince de Panope, Hypparque fur l'Autel, M'a juré d'immoler cet ennemi mortel,

Mais qu'il tarde à remplir mes vœux & fa promeffe Qu'Electre, Electre enfin, m'embaraffe & me blef

Le;

Quoi qu'en ces lieux captive, ardente à tout tenter
Plus qu'Orefte lui-même elle eft à redouter:
Je crains, je l'avouerai, ce courage indomptable,
De fa mâle vertu la force inébranlable,

Son amour pour fon Pere, & l'heroïque ardeur,
Qui triomphe de nous & du fort en fureur.
Madame, voyez-la : Tentez par des promeffes,
De gagner fon efprit, féduit pas vos careffes
Fléchiffez, s'il fe peut, ce courage hautain.

CLYTEMNESTRE.

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Je l'attens en ces lieux, Seigneur, à ce deffein
Mais je n'efpere pas d'amolir fon courage,
Je connois trop l'ardeur de fa vertu fauvage:
Cet efprit trop altier ne fçauroit fe ployer.
Elle vient, ,laiffez-nous , je vais tout employer.

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V

CLYTEMNESTRE.

Ous changez de couleur, approchez-vous Prin-
ceffe;

Vôtre orgueil ne fçauroit étouffer ma tendreffe;
J'ai voulu feule encor vous parler en ces lieux
Diffipez l'embarras que je vois en vos yeux.

C

ELECTR E.

Madame, pardonnez mon trouble à ma furprise;
Ce rare accés d'honneur me trouble & l'authorise.

CLYTEMNESTR E.

En vain vous m'animez, ma Fille, à vous haïr.
Que le fang a de force! il ne peut se trahir:
Vos perils en ce jour défarment ma colere,
Malgré vous, malgré moi, je fens que je fuis Mere,
ELECTRE.

Mere, grands Dieux !

CLYTEM NESTRE.

Toujours livrée à vos douleurs,

Ne vous laffez-vous point de former vos malheurs, Un cœur doit-il nourrir une haine immortelle ?

ELECTR E.

Ah! comment renoncer à ma douleur cruelle, En des malheurs fi grands.. mais vous les connoiffez,

Vous en faites partie, & les avez causez.

CLYTEMNESTRE.

L'entreprise étoit jufte, & le Ciel l'a foufferte ;
J'ai vangé vôtre Sœur, j'ai prévenu ma perte,
Le fang doit, & peut feul laver la trahifon:
Mais que fais-je ! eft-ce à moi de vous rendre raison,
Les Peres, & les Rois, innocens ou coupables,
De leur pouvoir facré ne font jamais comptables:
Oublions, oublions,croyez moi, le paffé?

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