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ELECTR E.

L'oublier! Ciel! comment peut-il être effacé! Avec des traits de fang imprimé dans mon ame, Nuit & jour à mes yeux il eft prefent, Madame.

CLYTEMNESTRE.

Quoiqu'il en foit du moins cachez vos fentimens Je veux vous rendre heureuse & finir vos tourmens, Pour Egyfte ma Fille un peu de complaisance.

ELECTR E.

Qui moi pour un Tyran dont je me dois vangeance,
Qui du fang de mon Pere indignement fouillé
Pourfuit avec fureur mon Frere dépouillé ;
Un Tyran fur qui feul ma haine raffemblée
N'ofant fe partager en fremit redoublée ?

CLYTEMNETRE.

D

Songez qu'à mon destin attaché par les Dieux,
Cet Egyfte

ELECTR E.

Il m'en eft d'autant plus odieux Ce lâche non content de maffacrer mon Pere, Pour comble de douleur il m'a ravi ma Mere.

CLYTEMNETRE.

;

Tremblez donc, c'en eft fait & vous allez perir Vous-même le voulez & j'y dois confentir Sçachez qu'Egyfte enfin las de vôtre infolence, Eft prêt par votre mort d'affouvir fa vangeance.

ELECTRE.

Eh bien, m'affranchiffant d'un afpect odieux;
Je rejoindrai mon Pere, & fumant vers les Cieux,
Mon fang ira des Dieux reveiller la justice,
Et d'un Tyran barbare avancer le fupplice.
Mais qu'il fe hâte au moins de jouir de ma mort,
Un jufte Arrêt du Ciel précipite fon fort:
Que vous annonceroit vôtre fonge funefte!
Que la chûte d'Egyfte, & le retour d'Orefte.
Tyran, ton heure approche, & prête à t'accabler
La foudre fuit l'éclair, c'eft à toi de trembler.

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CLYTEMNESTRE.

Va ta haine en croit trop un garand infidelle,
Nôtre fort ne dépend ny du fonge, ny d'elle;
Je fçais qu'à notre perte afpirent tous tes vœux,
Que tu voudrois tombant nous écraser tous deux,
Et que ne refpirant que de vanger ton Pere,
Tu brûles d'attentes jufqu'à ta propre Mere;
Monftre que m'ont donné les Dieux dans leur fureur,
Pour me punir un jour, pour troubler mon bonheur,
Tu t'éblouis trop tôt d'une lueur si vaine,

;

Nôtre chûte eft douteufe & ta perte eft certaine
Tu gemis dans nos fers, nous regnons à tes yeux.
TonFrere eft mort peut-être,ou fuit loin de ces lieux,
Et je do is prévenant tes attentats perfides,
Dans ton fang étoufer tes fouhaits parricides. v

ELECTRE.

Ne me reprochez point de parricides vœux,
Je fuis les dures loix d'un devoir rigoureux,
Et pour comble à mes maux mon amour pour mon

Pere,

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Ne fçauroit m'empêcher de voir en vous ma Mere;

Mais j'en hais d'autant plus un lâche ufurpateur;
Et de nos maux en lui voyant toûjours l'auteur,
Sa mort fait tous mes vœux, pourvû que je la voye,
Pardonnant tout aux Dieux, j'expirerai de joye.
Je l'attends de ces Dieux par le crime irritez:
D'un fuperbe pouvoir en vain vous nous flattez,
Des plus fermes Etats renverfant les colonnes,
1ls terraffent les Rois, ils brifent les Couronnes,
Er fe faifant un jeu des plus affreux revers,

D'un clein d'œil jufqu'au centre ils troublent l'Uni

vers.

Peut-être en ce moment qu'Orefte eft crû fans vie, Les Dieux arment fon bras contre un Tyran impie.

SCENE V I.

CLYTEMNESTRE, ELECTRE, ISMENE,

NERINE.

NERINE.

N Vieillard inconnu, Madame, en ce moment
Demande à vous parler avec empreffement :

Envoyé de Phocide il apporte une lettre,
Qu'entre vos feules mains, dit-il, il peut remettre.

CLYTEMNESTRE.

Qu'il entre, je fremis: que vient-il m'annoncer

ELECTRE.

Sauvez Orefte, & Ciel! je tremble d'y penfer.

SCENE

VII.

CLYTEMNESTRE, ELECTRE, PAMENE.

PAMENE,

E Prince de Panope, Hypparque ici m'envoye Madance, confpire, combler vôtre joie à Je viens, mais puis-je au moins parler en liberté ?

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CLY TEMNESTRE.

Ileft mort, ô Ciel quelle nouvelle.

PAMENE.

Madame, croyez-en un témoin fi fidelle,
Les traits vous font connus, & ce gage certain.

CLYTEMNESTRE.

Du plus parfait ami je reconnois la main,

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HYPPARQUE, à la Reine d'Argos.

Grande Reine à vos vœux vous pouvez tout permettre,
Ne craignez plus. Orefte eft mort,

Le fidele fujet qui vous rendra ma lettre,
A où trancher fon trifte fort.

C'est un jeune guerrier qui vous a fait justice
Du plus grand de vos ennemis :

Et de cet important fervice,

Lui-mefme ira bien-tôt vous demander le prix.

Helas!

ELECTRE.

CLYTEMNESTRE.

De fon malheur für & fidele

gage; Je n'en fçaurois douter après ce témoignage; Quel murmure plaintif s'éleve dans mon cœur.

PAMEN E.

Pouvez-vous d'un tel Fils regreter le malheur,
Madame, oubliez-vous...

CLYTEMNESTRE.

Que la nature eft forte ! Sur fes droits tout puiffans il n'eft rien qui l'emporte, Et fes impreffions ne pouvant fe trahir, En faveur d'un ingrat je me fens attendrir. Quelle indigne foibleffe à mon repos contraire, Il n'étoit plus mon Fils,dois-je être encor fa Mere? L'ingrat foulant aux pieds la nature, & l'amour, N'afpiroit qu'à m'ôter la couronne & le jour; Mais lui mort, je puis vivre, & fans con

trainte,

regner

C'eft à mes ennemis qu'il faut laiffer la plainte:

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