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Eh bien reviendra-t-il ce Frere vous vanger
Le Ciel jufte, doit-il toûjours vous proteger?
Vôtre haine eft trompée, & n'a plus d'efperance,
Pleurez en liberté, pleurez fon impuiffance;
Et nous, entrons : venez, étranger, fuivez-moi,
De ce qu'ont vû vos yeux vous rendrez compte au
Roi.

I

SCENE

VIII..

ELECTRE, ISMENE.

ELECTRE.

Left mort! c'en eft fait, une main meurtriere
A fes yeux innocens a ravi la lumiere ;

Ce Prince,ton efpoir, ton amour, ton fupport,
C'en eft fait, qu'attend-tu malheureuse, il eft mort!
Infideles defirs, trop flatteufe efperance,

Vains projets, vœux trahis,noble ardeur de vangeance, Il eft mort, & pour moi tout eft mort aujourd'hui, Je vivois pour lui feul, & je meurs avec lui.

ISMEN E..

Madame, en vos malheurs dont je fens les atteintes Je ne puis que mêler mes larmes à vos plaintes.

ELECTR E..

Je ne le verrai plus, je le pers pour jamais,
Un barbare attentat l'enleve à mes fouhaits,
Cette vivante image où refpiroit mon Pere,
Orefte, Orefte eft mort, & je n'ai plus de Frere

Où font, où font ces Dieux; & leurs foudres van

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geurs, Peuvent-ils d'un tel crime approuver les horreurs. Que du moins le forfait soit suivi du fupplice Mais puis-je de ces Dieux implorer la justice, Leur patience trempe en de tels attentats, Et qui les a permis ne les punira pas. Quoi je n'ai plus de frere, Orefte, cher Orefte, Ma voix t'appelle en vain, un abîme funefte T'engloutit pour jamais & t'arrache à ta Sœur, Mon Pere n'a donc plus de Fils ni de vangeur. Quel coup lorfque ton ame aux enfers defcendue, S'eft foudain prefentée à fon ombre éperduë! Tu pleures malheureufe, & ton Frere égorgé, Vient de fuivre ton Pere & ne l'a pas vangé: Du fang de tous les tiens la terre eft abreuvée : Et tu verfes des pleurs à ces maux refervée Ils font morts, & tu vis, ah ! brife tes liens, Lâche, verse ton fang, cours te réjoindre aux tiens.

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ELECTRE.

Helas! dans ma douleur vainement je m'agite :

Chaque inftant l'envenime, & chaque objet l'irrite,
L'horreur en eft égale à mon reffentiment ;
J'aurois déja fini ma vie & mon tourment,
Si par un foible efpoir l'amour de la vangeance,
Ne retardoit encor ma vive impatience;
Ma Sœur peut remplir feule un projet glorieux,
Et pour l'y disposer je la cherche en tous lieux :
O vous tendres objets de ma douleur funeste,
Ombre d'Agamemnon, triftes mânes d'Orefte,
Qui plaintifs en ces lieux, errez autour de moi,
Ceffez de m'appeller par vos cris pleins d'effroi.
Aux enfers en ce jour je jure de defcendre,
Dès que j'aurai de fang arrofé vôtre cendre,
Par une prompte mort dégageant mes fermens,
J'irai m'offrir contente à vos embraffemens.

ISMENE.

Ah! Madame, quittez un deffein fi funefte,
Sauvez d'un fi beau fang le plus précieux reste,

Vivez pour ranimer le grand Agamemnon, Qui voit renaître en vous fes vertus & fon nom.

ELECTRE..

Que je vive grands Dieux ! que je tarde à les fuivre; Que j'ofe à tous les miens, à moi-même survivre, Et pourquoi! pour traîner un deftein plein d'horreur, Dans un abime affreux d'opprobre & de douleur ! Pour voir de leur forfait le Ciel toujours complice, De mes perfecuteurs couronner l'injustice;

Moi qui ne pourrois même en un fort plus heureux; Partager fans regret la lumiere avec eux.

Non, non, la mort me flatte, & ma douleur mor

telle....

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SCENE I I.

ELECTRE, CHRYSOTHEMIS, ISMENE.

AH!!

CHRYSO THEMIS.

!ma Sœur apprenez une heureuse nouvelle.

Helas! ;

ELECTR E.

CHRYSOTHEMIS.

Laiffez enfin les regrets, & les pleurs:

Je viens vous annoncer la fin de nos malheurs ;

ELECTRE.

La fin de nos malheurs ! ils n'ont plus de remede.

CHRYSOTHEMIS.

Oui, ma joïc eft au comble, à mes tranfports je cede,

L'auriez-vous crû, ma Sceur, & bonheur précieur! Orefte eft de retour, Orefte eft en ces lieux.

ELECTRE.

Eft-ce pour m'infulter en un fort fi contraire.
CHRYSOTHEMIS.

Il va changer ma Sœur, nous allons voir monFrere.

ELECTRE.

D'où vous vient, malheureuse, un tel aveuglement Quel fol efpoir vous guide à cet égarement?

CHRYSOTHEMIS.

J'en dois croire mes yeux; & fur leur affurance,
Vous-même jugez-en, j'ai repris l'efperance.
Au tombeau de mon Pere en vous quittant má Sœur,
J'ai porté ce matin mes pas avec ardeur

Ceint de feftons, de fleurs, & paré de guirlandes,
Je l'ai trouvé couvert de parfums, & d'offrandes,
Mais fur tout mes regards font furpris & frappez,
D'y voir des cheveux blonds nouvellement coupez,
Soudain à mon efprit vivement retracée,
L'image de mon Frere a rempli ma pensée
D'un mouvement.fecret la flateufe douceur,
A défillé mes yeux & penetré mon cœur ;

Saifie avec tranfport d'un espoir plein de charmes,
J'ai treffailli; mes yeux fe font remplis de larmes,
Et je n'ai plus douté qu'un Prince malheureux,
Ne fût venu payer ce tribut douloureux.
Ne l'attendiez-vous pas? & quel autre qu'Orefte
Auroit ofé braver un peril manifefte ?
Ce n'eft ni moi, ni vous, captive dans ces lieux.
Tous les Grecs menacez d'un pouvoir odieux
Graignent trop d'un Tyran l'implacable colere,

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