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SCENE III.

ORESTE, PYLADE,
Perfonnage muet.

ORESTE.

ON cher Pylade, je vous regarde comme le

M plus tur & le plus affectionné de tous mes

amis vous admiriez Orefte quoique malheureux & perfécuté de cet Egyfthe, de cet infam emeurtrier de mon pere. Ignoré de tout le monde, je viens à Argos par les ordres fecrets des Dieux pour venger mon pere de ses affaffins : dans l'ombre de la nuit trompant la vigilance des tyrans de ce pays,je m'avance vers le tombeau d'Agamemnon; cette vue me fait verfer des larmes, jy offre les prémices de mes cheveux,& je l'arrofe du fang des brebis que j'y immole. Mon parri eft pris, je n'entre point dans la ville, je me tiens feulement fur les frontieres de cet Etat pour pouvoir me retirer plus aifément : je crains que quelqu'Eípion ne me reconnoiffe lorfque je m'informerai de ce qui fe paffe dans l'intérieur de nos murailles, & que je prendrai avec ma fœur les mesures convenables pour affurer ma vengeance. On dit qu'affujettie aux loix de l'Hymenée, elle habite ces lieux. L'Aurore commence à paroître, écartons-nous du chemin, nous pourrons rencontrer quelqu'un qui nous apprenne de quel côté elle demeure. J'apperçois une Efclave

*

*Ils disent cela en s'avançant toujours vers la cabane d'Electre.

qui porte fur la téte un vase plein d'eau ; tenonsnous ici, & intérogeons la fur ce qui nous touche, & ce qui fait le sujet de notre arrivée dans ce pays.

A

SCENE I V.

ELECTRE.

VANÇONS, il eft tems, entrons. Les larmes font mon feul partage. Hélas! je fuis fille d'Agamemnon: Clytemneftre cette odieufe fille de Tyndare m'a donné le jour. Mes Citoyens m'appellent la malheureufe Eleare. Que de maux ! quelle trifte vie! ô mon pere! vous êtes defcendu fur les fombres bords, égorgé de la main d'Egyfthe,& de celle de votre propre époufe. Allons, recommençons les mêmes gémiffemens, renouvelons le plaifir qu'on goûte dans les lar

mes.

Antiftrophe.

Avançons, il eft tems entrons. Les larmes font mon feul partage. Hélas! frere malheureux d'une fœur infortunée que vous laiffâtes en proye aux plus grands chagrins, quel pays habitezvous? Dans quelle maifon êtes-vous esclave? Nos malheurs bien plus que les liens du fang nous uniffent. Venez me délivrer de mes maux, abordez ici, venez venger le meurtre odieux de mon pere. Allons, mettons à terre ce vase que je porte fur ma tête, afin que je puiffe pouffer plus librement mes accens plaintifs vers mon pere.

Epode.

Ces clameurs, ces chants lugubres dont vous êtes l'objet, ô mon pere! tous les jours je les renouvelle; tous les jours je m'arrache les cheveux, & je me déchire le vifage en penfant à votre mort. Ah! malheureuse que je fuis! tous les jours je me vois réduite à vous pleurer, Pere infortuné qui vous vites affaffiner après ce bain fatal qui fut pour vous le dernier ! Tel un Cigne fur les bords d'une Onde claire appelle d'une voix lamentable fon pere qui a perdu la vie dans des filets dont il a été envéloppé. Hélas! que dont vous avez été frappé a été cruel! Que votre retour de Troye eft amer ! Ce n'eft point dans fes plus beaux ajustemens, & la tête ornée de fleurs que votre epouse vous a reçu; mais c'eft en fecondant les complots d'Egyfthe, & en fe fervant de toute fon adreffe pour les faire réuffir.

le coup

SCENE

V.

ELECTRE, LE CHOUR.

LE CHEUR.

E viens, ô fille d'Agamemnon, vous ap

ce qu'un

montagnes vient de nous annoncer. Le troifiéme jour les Argiens doivent célébrer une fête folemnelle en l'honneur de Junon, & toutes les jeunes filles doivent s'y trouver.

ELECTRE.

Ce n'eft, cheres amies, ni l'éclat de ma nail

fance, ni le trifte état où je me vois qui m'empêche d'accompagner les jeunes filles d'Argos à ces fêtes. Il n'en eft plus pour moi : Ces larmes font le feul plaifir que je goûte. Voyez ces cheveux négligés! voyez ces habits déchirés ! ́ font-ce là les ornemens d'une Princeffe,font-ce-là les habits de la fille d'Agamemnon, du vainqueur de Troye!

LE CHŒUR.

Que les Dieux font puiffans! Venez & je vous ferai préfent d'habits précieux qui releveront l'éclat de votre beauté. Croyez-vous que fans rendre aux Dieux le culte qui leur est dû, & feulement par des larmes vous pourrez vaincre vos ennemis? Ce n'eft point par des gémiffemens; mais en honorant les Dieux que vous vous les rendrez propices.

ELECTRE.

Non, cheres amies, non; les Dieux font devenus infenfibles aux maux d'Electre; ils font fourds aux cris du fang d'Agamemnon. Tout concourt à m'accabler : le pere mort que je pleure, & le frere qui me refte encore. Malheureux Orefte! Tu erres dans des climats étrangers, où le terme de tes erreurs eft peut-être l'esclavage, tandis que chaffée de la maison paternelle, condamnée à vivre dans une cabanne fur ces triftes rochers, je féche de douleur à la vue d'une mere qui jouit tranquillement du fruit de fon crime dans le lit de l'époux qu'elle a maffacré.

LE CHEUR.

Que de maux, Helene ne vous a-t-elle pas caufés, auffi-bien qu'à toute la Grece ?

Fin du premier Acte.

ACTE

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ACTE I I.

SCENE PREMIERE.

ELECTRE, ORESTE, PYLADE, LE CHOUR.

Ca

ELECTR E.

ESSONS, cheres amies, nos gémiffemens,; j'apperçois auprès de ma cabane des étrangers qui femblent fortir d'une embuscade. Vous autres (aux femmes du Chœur,) gagnez le chemin, pour moi je vais me retirer le plus vite qu'il me fera poffible dans ma maifon, afin det les éviter.

ORESTE.

Reffez, où courez-vous? Que craignez-vous?

ELECTRE.

O, Apollon, fauve-moi de ce danger.

ORESTE..

Qu'avez-vous? Viens-je comme un ennemi ?...

B

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